Chefs traditionnels et reines mères d’Agou, de Danyi, de Kpélé et de Kloto se sont retrouvés vendredi à Kpalimé (120 Km à l’ouest de Lomé) pour repréciser leurs rôles et responsabilités dans la gestion des affaires communautaires, a constaté le correspondant de l’Agence Savoir News.
Initiée par l’ONG ALAFIA, cette rencontre d’échange qui a reçu l’appui de l’Union européenne à travers le Programme de Consolidation de l’Etat et du Monde Associatif (Pro-CEMA), s’inscrit dans l’exécution du projet « émergence du pouvoir politique de la femme » à l’endroit des chefs traditionnels hommes et femmes du grand Kloto.
L’objectif est de contribuer au renforcement du pouvoir des cheffes traditionnelles du grand Kloto, en amenant les chefs traditionnels à proposer des actions qui permettront de renforcer le pouvoir de leurs collègues femmes. Cet atelier, permettra également aux uns et aux autres de recentrer le débat pour le meilleur devenir des reines mères.
A l’issue de la rencontre, une déclaration a été signée par les deux parties pour préciser leurs rôles et responsabilités dans la gestion des affaires communautaires.
– Les Mama, une autorité qui se fragilise –
La particularité du Grand Kloto est la nomination des reines-mères – cheffes traditionnelles encore appelées Mama — garantes des us et coutumes et de la perpétuité des traditions, en tant que premières concernées par l’éducation et la socialisation des jeunes.
Nommées au même titre que les chefs traditionnels hommes, elles jouissent d’une autonomie politique qui leur confère une Cour et un cahier de charge bien défini. Elles sont également censées participer au règlement des litiges et aux activités coutumières et rituelles de leurs localités en genre avec les chefs traditionnels hommes.
Cependant on constate que leur influence et autorités tendent progressivement à se réduire pour des raisons multiples : manque de formation sur les rôles et responsabilités à l’intronisation, réticence dans l’exercice de leur pouvoir une tentative de récupération et la pression de leurs collègues hommes. Par ailleurs la modernité constitue un facteur qui fragilise le statut de la chefferie féminine.
Pourtant les Mama ont rôle à jouer pour la paix sociale, le développement de leurs communautés, elles peuvent être des portes voix pour les femmes, au niveau local et encourager la participation politique des femmes aux instances de prises de décisions.
M. Assan Koku Bertin (préfet de Kloto) a appelé les participants à discerner leurs rôles respectives et à travailler ensemble dans la complémentarité, pour le développement de leur localité.
« Il y a une petite différence entre les reines mères et les chefs traditionnels, dans la mesure où les deux structures bénéficient de rituels différents. Il faut la femme et l’homme pour faire le développement. Lorsqu’on parle de reine mère, on parle de collaboratrice en matière de genre. La reine-mère ne peut pas connaitre toutes les affaires du village ou du canton. Mais elle peut connaitre des affaires relatives aux femmes, de même il y a certaines affaires des femmes que les chefs hommes aussi ne peuvent pas traiter ».
Mme Atakouma Akpédzé (présidente du conseil d’administration de l’ONG ALAFIA), la démarche d’amélioration du statut sociale des femmes portée par l’ONG ALAFIA, s’inscrit dans la dynamique des efforts sans cesse renouvelés du gouvernement togolais à garantir l’équité et l’égalité entre les hommes et les femmes.
Elle a rassuré les chefs traditionnels que l’ONG ALAFIA n’est pas dans une logique d’effacement de leur rôle, mais c’est de les inviter à redonner la place aux reines-mères afin que les affaires publiques des communautés soient gérées en genre. Elle a renouvelé ses remerciements aux partenaires notamment Pro-CEMA, qui ont accepté les accompagner dans cette lutte.
Le chef projet Pro-CEMA, M. Moussa Ba, a précisé l’objectif du programme est d’accorder une importance au dialogue, à la concertation et ils sont dans cette dynamique aujourd’hui en accordant également une importance à l’égalité de genre.
Le maire de la commune de Kloto 1, M. Winny Yawo Dogbatsè, a salué cette initiative de l’ONG ALAFIA.
Pour lui, la thématique abordée est d’une importance capitale, qui a entend permettre le renforcement du pouvoir politique des chefs traditionnels qui sont des acteurs clés du développement local. FIN
Bolassi ATCHINAKLE