Mali : Les militaires au pouvoir annoncent des élections dans un « délai raisonnable »

Les militaires qui ont pris le pouvoir au Mali et poussé à la démission le président Ibrahim Boubacar Keïta ont affirmé dans la nuit de mardi à mercredi vouloir mettre en place une «transition politique civile».

Ibrahim Boubacar Keita et son Premier ministre, Boubou Cissé, sont détenus sur la base militaire de Kati.

«Nous ne tenons pas au pouvoir, mais nous tenons à la stabilité du pays, qui nous permettra d’organiser dans des délais raisonnables des élections générales pour permettre au Mali de se doter d’institutions fortes», ont expliqué dans la nuit les militaires qui ont pris le pouvoir au Mali et poussé à la démission le président Ibrahim Boubacar Keïta.

Plus de trois heures après l’annonce par le président Keïta de sa «décision de quitter toutes (ses) fonctions», à l’issue d’une journée de mutinerie qui s’est transformée en coup d’Etat militaire, des hommes en uniformes sont apparus sur la chaîne publique ORTM. Il était alors 03 h 40 du matin (GMT et locales).

Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta et son Premier ministre Boubou Cissé avaient été arrêtés à leur domicile dans l’après-midi de mardi puis conduits par les militaires révoltés dans des véhicules blindés à Kati , où se trouve le camp Soundiata Keïta, à une quinzaine de kilomètres de Bamako.

Conflit salarial

La rumeur selon laquelle les soldats auraient arrêté le président avait alors poussé des centaines de personnes à se rendre sur la place de l’Indépendance, épicentre d’un mouvement de protestations lancé en juin, pour demander la démission du président.

Le Premier ministre Boubou Cissé avait demandé dans la journée aux soldats de se retirer et a appelé au dialogue pour résoudre la situation. La mutinerie «reflète une certaine frustration qui pourrait avoir des causes légitimes», a-t-il déclaré dans un communiqué, demandant au nom du gouvernement malien «à tous les auteurs de ces actes de se retirer».

En 2012, une mutinerie sur cette même base de Kati avait conduit à un coup d’Etat et renversé le président de l’époque, Amadou Toumani Touré, et contribué à la chute du nord du Mali aux mains des djihadistes qui continuent à opérer dans le nord et le centre du pays.

Un diplomate européen a déclaré qu’un nombre relativement faible de membres de la Garde nationale, apparemment en colère à cause d’un conflit salarial, s’était emparé d’un dépôt de munitions mais aurait ensuite été encerclé par d’autres services d’ordre gouvernementaux.

Des manifestations depuis juin

Les ambassades de France et de Norvège à Bamako ont exhorté leurs citoyens à rester chez eux, l’UE a condamné la « tentative de coup d’Etat » et le conseil de sécurité de l’ONU se réunira en urgence, mercredi.

Emmanuel Macron, de son côté, a condamné en début de soirée cette tentative de mutinerie. Le président français s’est entretenu avec son homologue malien, Ibrahim Boubacar Keita, ainsi qu’avec Alassane Ouattara, le président de la Côte d’Ivoire, le président sénégalais Macky Sall et le président nigérien Mahamadou Issoufoun, a précisé l’Elysée. Il a exprimé son soutien aux efforts de médiations en cours de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Le Mali connaît depuis juin des manifestations d’envergure contre le président Ibrahim Boubacar Keita, jugé par ses opposants incapables de rétablir la sécurité dans le pays et de remédier à la corruption.

SOURCE : AFP