Souaibou Cissé, le grand imam de Djibo, importante ville du nord du Burkina Faso, en proie à des attaques jihadistes de plus en plus récurrentes, a été « enlevé par des individus non identifiés », mardi, a-t-on appris de source sécuritaires et locales.
Le grand imam « a été enlevé par un groupe d’individus armés, qui ont intercepté le car dans lequel il regagnait Djibo après un séjour à Ouagadougou », a déclaré à l’AFP une source sécuritaire.
« Ils ont arrêté le car et procédé à une fouille et un contrôle d’identité avant de repartir avec le grand imam. Ils ont laissé les autres occupants du car poursuivre leur trajet », selon cette source, citant des témoignages de voyageurs.
« Toute la communauté est attristée et sans nouvelle du grand imam depuis cet après-midi », a indiqué un habitant de Djibo, précisant que le rapt s’est déroulé « entre Namsiguia et Gaskindé, sur l’axe Kongoussi – Djibo ».
Président de la communauté musulmane de Djibo, présenté comme un « leader religieux modéré, qui prônait la tolérance » Souaibou Cissé « était de ceux qui avaient refusé de quitter la ville malgré les menaces », selon la même source.
« La ville est de plus en plus menacée. Depuis quelques semaines, les terroristes ont imposé un blocus. Tous les cars qui quittent ou arrivent à Djibo sont systématiquement arrêtés et fouillés », a témoigné un fonctionnaire de la localité, sous le couvert de l’anonymat.
« Le risque est réel tant pour les différents leaders que pour les populations », a-t-il estimé, rappelant l’enlèvement d’un chef traditionnel sur le même axe fin-juillet.
Lors d’une visite surprise en mi-juin à Djibo, le président burkinabé Roch Marc Christian Kaboré avait promis le retour des forces de sécurité dans cette ville en proie à des attaques terroristes.
Le Burkina Faso est le théâtre d’attaques jihadistes depuis cinq ans.
Le nord et l’est sont les régions les plus touchées dans ce pays par les exactions jihadistes qui ont fait près de 1.100 morts et plus d’un million de déplacés depuis 2015.
Sous-équipées et mal entraînées, les forces de l’ordre du Burkina, un pays pauvre d’Afrique de l’ouest, n’arrivent pas à enrayer la spirale des violences jihadistes, malgré l’aide de troupes étrangères, notamment des militaires français, au nombre de 5.100, présents dans le Sahel dans le cadre de l’opération antijihadiste Barkhane.
SOURCE : AFP