Le Programme de recherche sur les filières agricoles prioritaires (PReFAP) est arrivé à terme. D’un montant de 1,5 milliard de F.CFA, ce programme est mise en œuvre par le Conseil ouest et centre africain pour la recherche et le développement agricoles (CORAF) grâce à un accord signé avec l’Union économique monétaire ouest-africain (UEMOA) en 2014.
L’objectif était de contribuer à la réalisation de la sécurité alimentaire à travers un accroissement des productions agricoles. Il s’agissait notamment, de rendre les secteurs du coton, du maïs et de l’élevage plus compétitifs en Afrique de l’Ouest, de contribuer à renforcer leur résilience et à réduire la pauvreté.
Selon le rapport issu de la mise en œuvre du PReFAP, les secteurs du coton, du maïs, de l’élevage, de l’aquaculture et de la volaille en Afrique de l’Ouest sont plus compétitifs et offrent aux petits exploitants agricoles, des revenus plus élevés aujourd’hui qu’il y a quelques années.
Ces filières sont regroupées au sein de trois grands projets mis en œuvre par PReFAP : Amélioration de l’accès au financement pour les acteurs du maillon de commercialisation de la filière maïs (AMAFINE), Valorisation des ressources génétiques animales et aquacoles locales (PROGEVAL) et Valorisation des tiges du cotonnier en panneaux de particules (VATICOPP).
– Les acquis du PReFAP –
Au total, 8.546 ménages ont bénéficié directement du projet, dont 23% sont des femmes, indique le rapport. La plupart des technologies générées tout au long du PReFAP ont été diffusées par le biais de plateformes d’innovation. Il s’agit de lieux d’échange, d’apprentissage, de partage et d’adoption informels de technologies, d’innovations et de meilleures pratiques agricoles entre les principaux acteurs de la chaîne alimentaire d’une communauté donnée. 15 plateformes d’innovations ont été créées et fonctionnent dans les huit pays de l’UEMOA et environ 5.500 personnes ont interagi sur ces plateformes, ce qui représente 27 % des femmes.
Outre l’amélioration des revenus, ce rapport –rendu public lors d’une conférence de presse virtuelle organisée par l’Uemoa et le Coraf– indique que l’un des impacts indirects les plus importants du projet, a fini par être le renforcement des liens sociaux entre des tribus auparavant antagonistes.
Le projet a également contribué à préparer la future génération de scientifiques en Afrique de l’Ouest. Au total, 25 étudiants dont 36 % sont des femmes, ont obtenu des masters et des doctorats grâce au projet.
Les résultats des recherches menées dans le cadre du volet «élevage» du projet, ont contribué à l’augmentation des revenus et des moyens de subsistance des pisciculteurs de la région et en particulier de la Côte d’Ivoire. Klodan Sanogo (54 ans, Ivoirien) a été l’un des bénéficiaires de la technologie de pisciculture : « La pisciculture a sauvé ma vie et celle de ma famille. Depuis que j’ai reçu de nouveaux aliments et des alevins, ma
production a considérablement augmenté », a expliqué M. Sanogo.
« Pour nous, ces résultats répondent de manière significative à nos attentes », a déclaré Abdallah Boureima (Président de la Commission de l’UEMOA).
Pour Dr. Abdou Tenkouano (Directeur Exécutif du CORAF), « cet investissement a considérablement renforcé la résilience et les moyens de subsistance des bénéficiaires dans la communauté de l’UEMOA ».
« Notre Afrique et en particulier notre région dispose d’un potentiel énorme, non seulement pour nourrir la population, éradiquer la faim et l’insécurité alimentaire, mais aussi pour être une actrice majeure sur le marché mondial des produits alimentaires. Ce potentiel réside dans ses ressources humaines », a-t-il souligné.
Dr. Ângela Maria P. B. da Veiga MORENO (Présidente du Conseil d’Administration du CORAF) a noté que le PreFAB a « mobilisé les intelligences des acteurs des chaines de valeur ajoutées concernant le maïs, le coton, le bétail-viande, l’aviculture et l’aquaculture avec comme mots clés : intégration régionale, partenariat, coalition, inclusion, mutualisation des efforts, avec en ligne de mire l’amélioration durable des conditions de vie des populations de l’UEMOA« .
Jonas Gbian (commissaire en charge du département de l’agriculture, des ressources en eau et de l’environnement de la commission de l’Uemoa) a de son côté, souligné que l’agriculture occupe une place importante dans l’économie de nos Etats et la réalisation de la sécurité alimentaire sera fonction de l’accroissement de la production agricole.
– Le Togo, bénéficiaire du VATICOPP –
Le projet de valorisation des tiges de cotonniers dans la fabrication de panneaux de particule (VATICOPP) a été financé à plus de 180 millions dans trois pays membres de l’UEMOA : le Bénin, le Mali et le Togo qui a bénéficié d’environ 50 millions FCFA.
Plus de 1,33 million de tonnes de tiges sont produits par les trois pays bénéficiaires du VATICOPP, dont 260 000 tonnes/an au Togo, selon les chiffres du Coraf. Les producteurs de coton se départissent de ces tiges, soit comme combustibles, soit par enfouissement ou par incinération, des actions qui sont néfastes pour l’environnement.
Au Togo, le projet VATICOPP a permis de diffuser les technologies de fabrication des panneaux de particules à base de tiges de cotonniers et de renforcer les capacités des acteurs. Depuis quelques années, l’incinération a été déconseillée et les cotonculteurs encouragés au recyclage : les tiges de cotonniers collectées après la récolte sont désormais broyées. Le broyat est ensuite lié et compressé (suivant des techniques données) sous forme de panneaux compacts, qui seront utilisés en menuiserie.
Selon Bassarou Ayeva (Coordonnateur du projet au Togo), la valorisation des tiges de coton constitue une valeur ajoutée aux revenus des cotonculteurs.
« Les producteurs vendent non seulement le coton-grain, mais aussi les tiges, ce qui pour eux, est très important car, il y a des moments où le rendement est faible. Et c’est en ces périodes-là qu’on a de grosses tiges de coton. Et grâce à ce projet, ils pourront valoriser ces tiges et en tirer profit. La technologie est prête au Togo. Les paramètres ont été définis et des panneaux de différentes épaisseurs réalisés : 9mm, 12mm, 18mm. A partir des tiges de coton, on peut faire des portes différents types de meubles, la technologie est là ».
« Les tiges du cotonnier vont désormais être valorisées en Afrique de l’Ouest », a annoncé le Coraf. FIN
Ambroisine MEMEDE
©images : Coraf