« Chaque jour, des centaines de milliers de filles à travers le monde subissent des préjudices physiques ou psychologiques- ou les deux », dévoile le Rapport sur l’état de la population mondiale/2020 publié par le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA).
Les familles, les amis et les communautés de ces filles « le savent et y consentent. Sans l’adoption de mesures d’urgence, il est probable que la situation s’aggrave », avertit le rapport rendu public le 30 juin 2020.
Le rapport n’a pas manqué de chercher l’origine et l’étendue des pratiques néfastes dans le monde, ainsi que les actions à mettre en œuvre pour les éliminer.
Au total 19 pratiques néfastes constituant des violations des droits de la personne, sont identifiées.
Un accent particulier est mis sur trois de ces pratiques dont l’application est répandue et persistante, malgré leur condamnation presque universelle : les mutilations génitales féminines (MGF), le mariage d’enfants et la préférence pour les garçons.
Des chiffres qui font froid au dos
En 2020, environ 4,1 millions de filles subiront des mutilations génitales féminines et 33.000 filles de moins de 18 ans seront forcées de se marier, généralement avec des hommes beaucoup plus âgés qu’elles, selon le rapport.
En outre, une préférence extrême pour les garçons plutôt que pour les filles dans certains pays a entraîné une négligence extrême fondée sur le sexe.
La préférence pour les fils, lorsqu’elle se manifeste par la sélection prénatale en fonction du sexe, contrôle également la fécondité des femmes en imposant à ces dernières les préférences de la société et de la famille.
Le mariage d’enfants, les MGF et la préférence pour les fils sont pratiquées partout dans le monde, dénonce le rapport publié par l’UNFPA.
Le rapport présente par exemple des données sur le mariage d’enfants aux États-Unis, sur les MGF en Colombie, en Indonésie et en Tanzanie, et sur la préférence pour les fils en Azerbaïdjan et en Inde.
De façon générale, le nombre de filles et de femmes affectées par ces pratiques est vertigineux, et dans certains cas, il est même en augmentation.
Cette année, 4,1 millions de filles risquent de subir des MGF.
Un mariage sur cinq est aujourd’hui celui d’une épouse- enfant. La préférence pour les fils a provoqué un déficit de femmes de près de 140 millions.
Des efforts faits par le Togo
Au Togo, la prévalence des mutilations génitales féminines a connu une régression significative passant de 12,3% en 1998 à 6,9% en 2006. En 2017, cette prévalence était de 3,5 % selon la 6ème enquête MICS.
Concernant les mariages des enfants (promises, données, troquées, vendues), en 2014, 13 % des filles contre 0,6 % de garçons de 15-19 ans étaient déjà en union.
L’enquête réalisée en 2017 dans le cadre du 6è cycle des enquêtes MICS relève que 6,4% des femmes âgées de 20-24 ont été contraintes au mariage avant d’atteindre l’âge de 15 ans et 24% des femmes âgées de 20-24 ans ont été mariées avant leur dix-huitième anniversaire.
« Les pratiques néfastes contre les filles provoquent un traumatisme profond et durable, les privant de leur droit de réaliser leur plein potentiel », a souligné Dr.Natalia Kanem (Directrice Exécutive de UNFPA).
Selon le rapport, il est possible de mettre fin au mariage des enfants et aux mutilations génitales féminines dans le monde entier d’ici 10 ans en intensifiant les efforts pour maintenir les filles à l’école plus longtemps et leur enseigner les compétences de la vie quotidienne et pour engager les hommes et les garçons dans le changement social.
Environ 3,4 milliards de dollars par an jusqu’en 2030 seraient nécessaires pour mettre fin à ces deux pratiques néfastes et mettraient fin aux souffrances d’environ 84 millions de filles, indique le rapport.
Bien que des progrès aient été accomplis pour mettre fin à certaines pratiques néfastes dans le monde, la pandémie de Covid-19 menace d’annuler ces résultats, alerte l’UNFPA.
Une analyse récente a révélé que si les services et programmes restaient suspendus pendant six mois, 13 millions de filles supplémentaires pourraient être forcées de se marier et 2 millions de filles supplémentaires pourraient être soumises à des mutilations génitales féminines d’ici 2030. FIN
Edem Etonam EKUE