Les acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux impliqués dans la thématique (membres du Comité interministériel Migration et développement et du Comité National pour les droits de l’Enfant, acteurs sociaux, journalistes, magistrats, officiers de police judiciaires et des parlementaires, ordre des avocats) ont démarré mardi à Kpalimé (environ 120 km au nord de Lomé) un atelier de formation de quatre jours, a constaté le correspondant de l’Agence Savoir News.
Il s’agit d’une « formation des formateurs » sur la lutte contre la traite des personnes. La rencontre est initiée par l’Organisation Internationale des Migrations (OIM) avec le soutien financier des États-Unis d’Amérique.
La cérémonie d’ouverture s’est déroulée en présence de la présidente du comité interministériel de la migration et du développement Mme Victorine Badohoun Womitso.
Cette rencontre permettra aux participants d’améliorer leurs connaissances, afin qu’ils soient outillés, pour mieux former à leur tour leurs collègues sur la thématique. Elle s’inscrit dans la mise en œuvre du programme régional sur la migration en Afrique.
La formation est axée autour des axes et thèmes principaux portant sur la définition des concepts de traite des personnes, le trafic illicite de migrants et d’exploitation ainsi que le processus de la traite, le cadre légal, la protection des victimes et témoins et sur les techniques d’organisation de formation (préparation, conception, techniques).
Il y aura aussi des séances de travaux de groupes sur l’organisation d’une formation ciblée et de cas pratiques suivis de la présentation en plénière des résultats des travaux des différents groupes, tels que le groupe de la chaîne pénale, le groupe des acteurs sociaux et le groupe des médias.
En effet pour des raisons culturelles, économiques, environnementales, pour fuir des situations de conflits ou pour chercher des conditions de vie meilleures, la mobilité en Afrique de l’Ouest et du Centre est devenue un phénomène prépondérant.
Cependant, le manque d’accès aux services de base, la marginalisation, la proximité avec des réseaux illicites de passeurs et de traite, la barrière linguistique et le manque de cadre légal adapté sont autant de facteurs qui rendent ces mouvements irréguliers périlleux.
Les enfants et surtout les enfants séparés ou non-accompagnés, sont particulièrement exposés à tous les risques liés à cette migration irrégulière. Malheureusement, un nombre considérable de ces enfants tombent dans des dynamiques d’exploitation à des fins de travail ou sexuelle.
Le Togo, est l’un des cinq pays situés le long du corridor Abidjan-Lagos, intéressés par les mouvements de milliers d’enfants en quête d’opportunités d’éducation et d’emploi.
Selon le Rapport 2018 sur la traite des personnes (JTIP), davantage de victimes de traite ont été identifiées au cours de la période considérée, y compris des adultes.
Kondoh Kandalé (directeur général de la protection de l’Enfance) a exprimé sa reconnaissance aux différents acteurs de protection de l’enfant et à l’OIM pour son soutien régulier aux efforts du gouvernement en matière de lutte contre la mobilité.
« Comme dans nombreux pays en Afrique de l’ouest, le Togo fait face à un mal qui, s’il n’est pas nouveau, a cependant pris de l’ampleur ces dernières années pour devenir un fléau », a-t-il souligné.
Il s’agit, a-t-il relevé, de la traite des personnes qui constitue aujourd’hui un véritable défi lancé par ses auteurs aux autorités des Etats.
Face à cette situation, la lutte est devenue une préoccupation mondiale, nécessitant pour chaque pays, des envergures et des positionnements spécifiques en termes de politique et d’actions, a-t-il poursuivi.
Mme Traoré Nana (chargée de projets à l’OIM) a tout d’abord rappelé le contexte de la rencontre et fait le constat amer de la situation de la traite des personnes sur le terrain, malgré les efforts des différents acteurs.
Elle a relevé que l’un des objectifs de l’OIM est de faire de la migration régulière, un atout pour le bien être du migrant et de sa famille à travers la minimisation des risques liés à la migration irrégulière et à la maximisation de ses avantages pour le développement personnel des individus et de sa communauté.
Pour elle, le continent africain est affecté et resté marqué par la plus grande traite des personnes, précisant que si cette pratique est connue de tous à travers l’histoire, elle demeure encore réelle aujourd’hui et prend d’ampleur malgré les efforts déployés par les États pour y mettre fin.
Face à l’insuffisance des actions de sensibilisations pour un changement de comportement au niveau des familles et des communautés, devant la recrudescence du phénomène, Mme Traoré a souhaité que ces actions soient soutenues par le renforcement des poursuites judiciaires et autres interventions connexes en vue d’y mettre fin.
Rappelons que cette formation se tient dans le strict respect des mesures barrières relatives à la COVID-19, à savoir le port de masques par tous les participants, la mise à disposition des désinfectants pour permettre aux participants de se désinfecter et le respect des mesures de distanciation physique dans la salle de réunion. FIN
De Kpalimé, Bolassi ATCHINAKLE