Le poivrier ou poivre noir est une liane de la famille des pipéracées originaire de la côte de Malabar. Cette plante est cultivée dans la zone tropicale pour ses baies qui donnent une épice recherchée, le poivre.
Pour sa culture, le poivrier a besoin d’arbre comme support. C’est ainsi qu’on peut le cultiver aussi pour protéger les arbres d’ombrage surtout dans les champs de cacaoyers et aussi pour ses fruits.
Pour le directeur de l’Unité Technique des filières Café et Cacao (UTCC) Batocfétou Madjoulba, l’utilisation des poivriers pour protéger les arbres d’ombrage est intervenue suite à un constat.
En effet lors de l’accompagnement des producteurs pour la mise en place des plantations des cacaoyers et de caféiers, il est remarqué que très souvent les producteurs pour des problèmes d’argent coupent les arbres d’ombrage dans les plantations, pour faire des planches afin de se procurer de l’argent pour leurs besoins essentiels alors que ces plantes d’ombrage sont nécessaires pour la protection des plantations de cacao ou de café.
Après réflexion, les techniciens de l’UTCC ont décidé de l’élaboration de stratégies afin de ralentir ce phénomène ou l’arrêter carrément.
Aussi ont-ils pensé aux poivriers qui réussissent aussi dans la même écologie que le café et le cacao.
Pour M. Batocfétou, si le producteur plante le poivrier au pied de l’arbre d’ombrage, le poivrier étant une liane, celui-ci va utiliser l’arbre d’ombrage comme un support. Ainsi le poivrier à maturité pourra être d’abord une source de revenus complémentaires pour le producteur, ensuite lorsque le producteur voudra couper l’arbre en voyant les lianes du poivrier sur l’arbre avec ses fruits, il va réfléchir plusieurs fois avant de couper. Ce qui certainement, permettra de ralentir ce phénomène et de protéger les plantations de café et de cacao contre la chaleur.
Il a ainsi lancé un appel à tous les producteurs de café et cacao de planter dans leurs champs auprès des arbres, des poivriers afin de protéger ces arbres et aussi de gagner des revenus pour les besoins de la famille.
M. Batocfétou a aussi assuré qu’il va falloir vulgariser cette pratique dans toutes les zones de production de café et de cacao.
Djidzonou Koami Amétépé (propriétaire d’une plantation pilote de cacao de 2,5 hectares à Kpélé-Avého dans la préfecture de Kpélé, qui a planté des poivriers dans son champ), donne des explications et les avantages de cette méthode de culture : « J’ai commencé par faire la production de café et cacao depuis 2009 et pendant ce temps, je suis souvent tenté de couper les arbres d’ombrage de mon champ qui sont arrivés à maturité. Mais depuis que les techniciens formateurs et les conseillers agricoles de l’ICAT et de l’UTCC m’ont interpelé sur le danger que cela entraînerait dans ma plantation si jamais je coupe les plantes d’ombrage, je me suis ressaisis ».
« C’est ainsi qu’ils m’ont recommandé de mettre les plants de poivriers dans mon champ autour des arbres d’ombrage pour préserver et protéger ces arbres qui sont en même temps des arbres de fertilisation dans le champ. Après deux années d’expérience au cours de laquelle j’ai planté 320 poivriers (250 pendant la première année et 70 à la deuxième année dans ma plantation), j’ai, non seulement, récolté des poivres pour la vente, mais aussi je protège ma plantation », a-t-il souligné.
Notons qu’en médecine traditionnelle, le poivre noir est utilisé depuis très longtemps pour ses vertus stimulantes et antiseptiques sur les systèmes digestif et circulatoire. Il est également diurétique et décongestionnant des sinus en cas de rhume. Il est aussi utilisé en cuisine en tant qu’épice. FIN
De Kpalimé, Bolassi ATCHINAKLE