Le Togo va pour l’instant continuer l’utilisation de la chloroquine, a précisé ce mercredi le Médecin-Colonel Djibril Mohaman (Coordinateur du comité de riposte contre la Covid-19), qualifiant de « biaisée » la conclusion de l’étude publiée par la revue médicale The Lancet.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé lundi avoir suspendu « temporairement » les essais cliniques avec l’hydroxychloroquine qu’elle mène avec ses partenaires dans plusieurs pays, par mesure de précaution.
Cette décision prise samedi, fait suite à la publication d’une étude la veille dans la revue médicale The Lancet jugeant inefficace, voire néfaste, le recours à la chloroquine ou à ses dérivés, comme l’hydroxychloroquine, contre le nouveau coronavirus.
Selon les conclusions de cette étude publiées par The Lancet, ni la chloroquine ni son dérivé l’hydroxychloroquine ne se montrent efficaces contre la Covid-19 chez les malades hospitalisés, et ces molécules augmentent même le risque de décès et d’arythmie cardiaque.
L’étude a analysé des données d’environ 96.000 patients infectés par le virus SRAS-CoV-2 admis dans 671 hôpitaux entre le 20 décembre 2019 et le 14 avril 2020, sortis ou décédés depuis.
Environ 15.000 d’entre eux ont reçu l’une des quatre combinaisons (chloroquine seule ou associée à l’antibiotique, hydroxychloroquine seule ou associée à ce même antibiotique), puis ces quatre groupes ont été comparés aux 81.000 malades du groupe témoin n’ayant pas reçu ce traitement.
« Quand on analyse la publication faite par la revue médicale The Lancet et quand on regarde les patients qui ont survécu et ceux qui sont décédés, on constate dans cette étude, que la surmortalité a été attribuée à la chloroquine seulement, alors qu’il y a d’autres facteurs: des facteurs confondants », a souligné le Médecin-Colonel Djibril Mohaman.
« Si vous avez lu cette publication », a-t-il poursuivi, le tableau 1 permet de mettre en évidence que les cas qui n’ont pas survécu avaient significativement un rapport avec des antécédents: des maladies cardiaques élevées, un état métabolique notamment le diabète et les problèmes lipidiques élevés, la consommation de tabac beaucoup plus élevée, l’obésité etc…
« Il serait paradoxal d’attribuer uniquement le décès de ces patients à la chloroquine seulement », a-t-il précisé.
« En plus, selon le professeur Raoult, il faut mettre la chloroquine très tôt. Donc en prenant tous ces éléments, on se dit que la conclusion a été biaisée », a-t-il conclu.
« Chez nous, ce n’est pas maintenant que nous prenons la chloroquine. Tout le monde l’a prise ici et nous connaissons ses effets secondaires.
« Dans cette situation où il n’y a pas autre solution et que nous n’avons pas des cas qui empêchent d’utiliser la chloroquine, nous n’avons rien à perdre en utilisant la chloroquine. Pour l’instant, nous continuons l’utilisation de la chloroquine chez nous », a martelé le Médecin-Colonel Djibril Mohaman.
Notons que le Togo compte déjà 395 cas dont 13 décès, selon les chiffres officiels publiés mercredi à 19H20. 183 patients sont guéris et 199 autres sont sous traitement. FIN
Junior AUREL