Le journaliste d’investigation béninois Ignace Sossou a été condamné mardi à une peine de 12 mois de prison dont six mois ferme par la cour d’appel de Cotonou, pour « harcèlement » sur les réseaux sociaux, a annoncé son avocate. « Il a été condamné à six mois ferme et 6 mois de sursis avec une am
ende de 500.000francs CFA (environ 762 euros) », a déclaré à l’AFP son avocate, Me Prisca Ogoubi, regrettant que la cour d’appel n’ait « pas requalifié les faits » reprochés à son client, condamné pour « harcèlement par le biais de communications électroniques ».
« La cour a confirmé la décision de première instance sauf sur le quantum qui passe de 18 mois à 12 mois dont six assortis de sursis », a-t-elle ajouté.
Il devrait donc être libéré le 24 juin, a précisé Me Ogoubi.
Ignace Sossou avait été interpellé le 19 décembre à son domicile par des éléments de l’Office central de répression de la cybercriminalité, avant d’être placé sous mandat de dépôt fin décembre.
La veille de son arrestation, le journaliste avait posté sur ses pages Facebook et Twitter des propos attribués au procureur de la République Mario Metonou, intervenant lors d’une conférence organisée à Cotonou par l’agence française de développement média (CFI) pour débattre des « fake news ».
Les propos relayés semblaient plutôt critiques de l’attitude du pouvoir béninois vis-à-vis de la liberté d’expression. « La coupure d’Internet le jour du scrutin (législatif) du 28 avril est un aveu de faiblesse des gouvernants », aurait notamment déclaré le procureur, qui n’a pas publié de démenti par la suite.
Le journaliste travaille pour le média en ligne Bénin web TV, et collabore avec plusieurs collectifs comme le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) et le Réseau 3i (Initiative, Impact, Investigation).
Il a déjà fait l’objet d’une condamnation récente par un tribunal béninois à une peine de prison avec sursis pour « publication de fausses nouvelles » après des révélations sur des comptes offshore et des sociétés écran visant des hommes d’affaires béninois et français.
Le président Patrice Talon, élu en avril 2016, est régulièrement accusé d’avoir opéré un virage autoritaire dans ce pays habituellement salué pour le dynamisme de sa démocratie.
La quasi-totalité de ses principaux opposants vivent actuellement à l’étranger, visés par des affaires de justice au Bénin.
L’ONG Amnesty international a dénoncé mardi « un mauvais signal pour les libertés d’expression et de presse au Bénin », affirmant que « la place d’un journaliste n’est pas en détention ».
SOURCE : AFP