« Les ressources budgétaires risquent de passer de 578,4 milliards à 348,4 milliards de F.CFA » au Togo, suite à la pandémie du nouveau coronavirus, a affirmé vendredi Sani Yaya (ministre de l’économie et des finances).
Ce dernier a présidé une réunion du comité technique du cadre de concertation gouvernement/secteur privé, rencontre ayant connu la participation d’autres ministre du gouvernement.
« Comme vous le savez déjà, j’allais dire comme vous le vivez déjà, la pandémie est une véritable crise sanitaire et humanitaire mondiale aux conséquences sociales, économiques et financières désastreuses sur la vie socioéconomique », a déclaré M.Yaya.
D’après la dernière révision du cadre macro-budgétaire, le taux de croissance du PIB pourrait être de 1,3% et même connaitre une contraction de 1,5% en 2020 dans l’hypothèse la plus pessimiste contre une prévision initiale de 5,5%, a-t-il souligné.
Subséquemment et en liaison avec toutes les mesures fiscales prises par le gouvernement pour soutenir les entreprises, a poursuivi le ministre, « les ressources budgétaires risquent de passer de 578,4 milliards à 348,4 milliards de F.CFA, avec une baisse des recettes fiscales d’environ 198 milliards, aggravée par une baisse des recettes non fiscales et de services de 32 milliards, dans un contexte de hausse des dépenses de santé et sociales ».
Des mesures visant à maintenir l’activité économique
Depuis le déclenchement de la crise en mars au Togo, le gouvernement a adopté toute une série de mesures visant à maintenir l’activité économique par un soutien à la consommation des ménages et aux besoins des entreprises du secteur privé durant la crise.
Ces entreprises, a rappelé le ministre, bénéficient des dispositions particulières pour les aider à surmonter cette épreuve, notamment sur le plan fiscal : « les autorités feront tout pour protéger le tissu des PMI/PME comme d’ailleurs le secteur informel. La mobilisation a été engagée dès le début de la crise sanitaire ».
Pour Sani Yaya, « cette crise sera sans doute l’occasion de repenser notre modèle économique pour le rendre moins dépendant de l’extérieur et donc plus résilient face aux chocs externes’. Cette nouvelle orientation de la politique économique amènera sans doute le Togo à réviser et à actualiser son plan national de développement pour lequel le secteur privé est appelé à jouer un rôle ».
Il a surtout rassuré le secteur privé moteur de la croissance et s’est dit satisfait de cette rencontre : « Je note que le secteur privé a présenté une série de doléances qui est issue de leur analyse des impacts du Covid ».
Des chiffres qui inquiètent
Selon les résultats d’un rapport rendus public le 7 mai par la Chambre de Commerce et d’Industrie du Togo (CCIT), le chiffre d’affaires de plus de 92% des entreprises a connu une baisse entre février et mars 2020.
« Plus de 34% des entreprises du secteur privé togolais ont vu leur chiffre d’affaire baisser de plus de 75%. Près de 62% des entreprises ont enregistré une baisse de plus de 50% et la majeure partie des entreprises ont opté pour le travail à temps partiel. Une proportion de 24,6% des entreprises ont préféré arrêter temporairement leurs activités : 25,3% pour mise au chômage technique de leurs employés et 13,3 pour une baisse de leur production… », avait indiqué Germain Meba (président de la CCIT).
Au nombre des difficultés liées à la situation actuelle des entreprises, le rapport évoque une baisse des ventes, difficultés d’accès au financement, une baisse de la production, des problèmes d’approvisionnement…
Plusieurs recommandations ont été formulées par la CCIT pour un allègement de la situation financière des entreprises du secteur privé.
« Le report sans frais des remboursements de prêts par les établissements de crédit, la subvention de mesures de protection des employés et des clients contre la pandémie », indique le rapport.
Comme mesures d’atténuation des risques liés au Covid19, le rapport recommande également au gouvernement, d’offrir aux grandes entreprises du secteur privé, une ligne de crédit spéciale sous forme de prêt, ainsi que des allègements fixés.
« Le soutien de petites et moyennes entreprises du secteur privé par une garantie d’accès au financement, l’octroi de subventions et de prêts, l’exonération du payement de l’IRPP et de l’IS pour une période donnée et l’octroi d’une subvention d’au moins le SMIG pendant la crise, à chaque employé », souligne le texte. FIN
Junior AUREL