L’ancien Premier ministre Agbéyomé Kodjo a été arrêté de force mardi, suite à son attitude visant à « bafouer systématique de la loi et sa volonté manifeste de défier l’autorité de l’État et la justice », a dénoncé Gilbert Bawara (ministre de la fonction publique).
L’opposant a été arrêté de force et conduit devant le Service central de recherches et d’investigations criminelles (SCRIC) de la gendarmerie. Il n’avait pu se présenter aux deux premières convocations les 1er et 9 avril, pour des raisons de « santé », selon ses avocats.
Lundi, ses conseils avaient évoqué les mêmes motifs, pour justifier l’absence de leur client à la gendarmerie ce mardi (pour la troisième convocation).
Selon Gilbert Bawara, l’ancien Premier ministre « se livrait quotidiennement à des agissements et propos outranciers, incendiaires démontrant qu’il n’était pas malade ».
« Ce sont des faits que les togolais ont vus. Il procédait à des nominations, disait des mots orduriers à l’endroit de l’État : un bafouement systématique de la loi, une volonté manifeste de défier l’autorité de l’État et la justice », a dénoncé le ministre sur radio Kanal Fm.
« Quand on dresse des barricades et on crée une situation où la collaboration pacifique et ordinaire avec la justice n’est plus possible, il est évident que l’interpellation ne pouvait intervenir que de la manière dont elle est intervenue », a souligné M.Bawara.
Les forces de l’ordre avaient défoncé le portail et les portes du domicile de l’opposant, avant de l’interpeller.
Les Évêques du Togo ont condamné la « brutalité » des forces de l’ordre et demandé la remise en liberté de l’ancien Premier ministre.
« Nous sommes dans un État laïc et je ne pense pas que les togolais accepteront qu’un groupe de chefs coutumiers ou de pasteurs donnent des ordres et injonctions à l’État et à la justice comme les Évêques veulent le faire », a précisé le ministre.
Mardi soir, le procureur de la République a dénoncé l’ »attitude » de M.Kodjo visant à « mépriser » l’autorité judiciaire et ses auxiliaires.
« L’enquête judiciaire en cours se déroule dans le strict respect du principe de la présomption d’innocence et des règles procédurales en vigueur dans notre pays », avait martelé Essolissam Poyodi, dans un communiqué abondamment relayé sur les réseaux sociaux.
Rappelons que le 16 mars, l’Assemblée nationale a levé l’immunité parlementaire de M.Kodjo, à la demande du procureur de la République pour « troubles aggravés à l’ordre public, diffusion de fausses nouvelles, dénonciation calomnieuse et d’atteinte à la sécurité intérieure de l’État ».
Arrivé en deuxième position avec 19,46% des suffrages exprimés contre 70,78% pour Faure Gnassingbé lors de la présidentielle du 22 février, Agbéyomé Kodjo conteste toujours les résultats dénonçant de « graves irrégularités ».
Ce dernier s’était auto-proclamé président de la République, peu avant la publication des résultats provisoires de l’élection. FIN
Junior AUREL