Présidentielle au Togo : Terminus, tout le monde descend (PAPIER D’ANGLE)

Le président sortant Faure Gnassingbé est réélu avec 72,36% des voix contre 18,37% pour l’ancien Premier ministre et opposant Agbéyomé Kodjo, selon les résultats provisoires de la présidentielle de samedi, publiés de la Commission électorale nationale indépendante (Céni).

Faure entamera ainsi dans quelques jours, son quatrième mandat de 5 ans, car les résultats définitifs de la Cour constitutionnelle n’auront pas d’incidence sur les chiffres publiés par la commission électorale.

Les appels à la mobilisation et à la résistance lancés depuis dimanche par M.Kodjo et ses proches ont fait un flop. L’opposant a contesté avec vigueur les résultats et s’est autoproclamé.

« Je suis le président démocratiquement élu, et je m’engage à former un gouvernement inclusif dans les prochains jours », avait-il lancé, invitant le président Faure Gnassingbé à « un sursaut patriotique pour un transfert pacifique du pouvoir ».

Visiblement, les carottes sont cuites : les togolais vaquent librement à leurs occupations, les activités ont repris normalement depuis lundi à Lomé et dans les autres villes, aucun début de manifestation enregistré.

« Les togolais sont fatigués d’entendre le même refrain. Nos opposants ont intérêt à se ressaisir, car nous les avons tous observés ces derniers temps. Dans le contexte actuel, aucun jeune n’ira se faire tuer gratuitement pour ces opposants qui nous ont tellement déçus», a commenté Paul Ganfimè, employé dans une station-service à Lomé.

« La page de cette présidentielle est tournée, c’est fini. Le reste n’est que de la comédie », a renchéri Sofiath, revendeuse de chaussures au marché Hedzranawoé.

Lundi, le ministre de la sécurité, le général Yark Damehame a invité la jeunesse togolaise « à la vigilance et à la prudence pour ne pas tomber dans le jeu d’un faux perdant ».

« La population ne doit pas s’inquiéter. Les forces de défense et de sécurité sont là pour assurer la sécurité de tout le monde, même pour assurer la sécurité de celui conteste les résultats », a-t-il rassuré.

« Contexte global apaisé »

Plus fort, les différentes missions d’observations internationales ont salué lundi, la bonne tenue de ce scrutin présidentiel et appelé les candidats au respect des résultats.

Cette présidentielle s’est déroulée dans un « contexte global apaisé », a noté lundi la mission d’observation électorale de l’Union africaine (UA), conduite par l’ancien président malgache Hery Rajaonarimampianina.

Cette mission a « exhorté le peuple, le gouvernement, les acteurs politiques et l’ensemble des parties prenantes à continuer d’œuvrer pour préserver la paix, la stabilité, afin de consolider la démocratie et l’Etat de droit ».

De son côté, la mission d’observation de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) a invité les candidats à « respecter les résultats issus des urnes et proclamés par les institutions et organes chargées de élections ».

La Cédéao a « encouragé les électeurs à maintenir leur comportement exemplaires jusqu’à ce que les résultats provisoires soient validés par les autorités compétentes ».

Même son de cloche du côté de la mission d’observation du groupe des observateurs de la communauté des Etats Sahélo-Sahariens (CEN-SAD) pour qui, la présidentielle du 22 février d’est déroulée «dans les conditions optimales de transparence, d’inclusivité, de crédibilité et de régularité ».

Au total 280 observateurs internationaux ont été déployés sur l’ensemble du pays, le jour du scrutin.

Une opposition victime de sa division

L’opposition togolaise a une fois encore étalé ses querelles à la face du monde : six candidats face à Faure Gnassingbé.

« On dirait que nos opposants sont maudits. A l’approche des élections présidentielles, ils sont encore plus divisés et se donnent des coups dans tous les sens, laissant carrément l’adversaire en face. C’est malheureux », regrette Koffi Tingbévi, conducteur de taxi-moto.

La coalition de l’opposition (C14) qui a fait trembler le pouvoir entre 2017 et 2018 s’est totalement effritée au file des mois, minée des dissensions internes. Ce regroupement de 14 partis politiques de l’opposition a été totalement enterré la veille de la présidentielle où le +reliquat+ (les cinq partis qui gardaient toujours la maison) s’est volé en éclat, certains dont la Convention Démocratique des Peuples Africains (CDPA) de Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson ayant apporté ouvertement leur soutien à Agbéyomé Kodjo.

« L’opposition s’est effondrée. Il faut inventer une nouvelle façon de faire de la politique. Les populations togolaises nous ont envoyés un message », affirmé lundi lors d’une conférence de presse Gerry Taama, président du Nouvel Engagement Togolais (NET).

« On ne peut plus continuer à faire les choses comme avant. Il faut changer les personnes qui animent la vie de l’opposition au Togo. Il faut changer de paradigme, d’approche politique. Et je pense qu’aujourd’hui, beaucoup nous inspirent et seront l’avenir de l’opposition dans les années à venir », a-t-il précisé.

 

Junior AUREL