Un nouveau massacre a été perpétré samedi au Burkina dans un marché du village de Silgadji (nord) où des hommes ont été « exécutés » après avoir été séparés des femmes, ont indiqué mardi des sources locales, dans une région régulièrement ciblée par des attaques jihadistes.
Le bilan de cette attaque est impossible à établir dans l’immédiat mais plusieurs témoignages évoquent « près de cinquante morts ».
Une source sécuritaire a évoqué de son côté une « attaque jihadiste » qui a fait « 10 à 30 morts » soulignant que le bilan des victimes « est difficile à établir car ce sont des chiffres avancés par des personnes ayant fui la localité ».
« Selon les habitants (de Silgadji) qui sont arrivés (dimanche), les attaques ont eu lieu depuis le samedi. Les terroristes ont encerclé les populations au marché du village, avant de les séparer en deux groupes. Les hommes ont été exécutés et les femmes sommées de quitter le village », a déclaré lundi à l’AFP par téléphone un habitant de Bourzanga, ville où sont arrivés des gens fuyant Silgadji.
« Les terroristes, selon les habitants, ne sont pas partis. Les groupes armés sont toujours dans les environs de Silgadji et Naguèré. Hier lundi, ils étaient encore dans Silgadji et ses environs où ils ont vandalisé des installations téléphoniques », poursuit cette source locale.
« Les éléments de sécurité tentent de se rendre sur les lieux mais les accès au village ont vraisemblablement été piégés avec des mines artisanales donc il faut procéder avec prudence », a précisé cette source.
Ce massacre intervient moins d’une semaine après l’attaque des villages de Nagraogo et Alamo un peu plus au sud dans la province de Sanmatenga. Les assaillants avaient tiré dans le marché tuant 36 personnes, tous des civils.
Le Burkina Faso, frontalier du Mali et du Niger, est confronté à des attaques jihadistes qui ont fait près de 800 morts depuis 2015.
– Crise humanitaire –
Sous-équipées et mal entraînées, les forces de l’ordre burkinabè n’arrivent pas à enrayer la spirale de violences malgré l’aide de forces étrangères notamment de la France, présente avec 4.500 hommes dans le cadre de l’opération antijihadste Barkhane dans le Sahel.
Selon l’ONU, les attaques jihadistes au Mali, au Niger et au Burkina ont fait 4.000 morts en 2019.
Ces attaques ont provoqué une crise humanitaire sans précédent avec des centaines de milliers de déplacés et réfugiés qui fuient les violences.
« C’est la crise humanitaire qui grossit la plus vite au monde. En févier 2019, il y avait 60.000 déplacés au Burkina. Il doit y en avoir plus de 600.000 aujourd’hui. Les gens ont peur », a souligné lundi Jan Egeland, secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) en visitant Barsalogho, petite ville du nord du Burkina Faso qui accueille 10.000 déplacés et refugiés.
« Ce chiffre devrait atteindre 900.000 personnes d’ici avril de cette année, alors que les violences continuent de contraindre des familles à quitter leur foyer », a estimé M. Egeland, ancien secrétaire général adjoint des Nations unies chargé des affaires humanitaires.
SOURCE : AFP