L’expérience du partenariat avec la Fondation Brazzaville, dans la lutte contre le trafic des faux médicaments ou produits médicaux de qualité inférieurs et falsifiés, « est inédite et produit des effets », a affirmé le président Faure Gnassingbé dans une interview accordée à trois médias dont l’Agence Savoir News.
Sept pays africains (Ouganda, Niger, Sénégal, Ghana, Gambie, Togo, Congo-Brazzaville) ont lancé samedi dans la capitale togolaise l’initiative de Lomé, appuyée par la Fondation Brazzaville, une organisation indépendante à but non lucratif, basée au Royaume-Uni et enregistrée auprès de la Charity Commission.
Cette initiative doit déboucher les mois à venir sur la signature d’un « accord-cadre légalement contraignant » visant à lutter efficacement contre le trafic des faux médicaments.
« Si nous avions tenu cette rencontre dans le cadre d’un sommet de l’Union africaine (UA), je ne suis pas sûr que nous aurions eu la même couverture médiatique. L’UA n’est pas du tout exclue, nous aurons besoin de l’UA. La prochaine réunion devrait — nous l’espérons — réunir l’ensemble des pays africains », a souligné le président togolais.
« La Fondation Brazzaville a, en son sein, des personnalités d’expérience et de qualité. Donc, nous comptons sur l’expertise et l’expérience de cette Fondation pour assurer que les décisions qui sont prises seront suivies d’effet ».
« Le trafic des produits médicaux de qualité inférieurs et falsifiés est un problème complexe. Six pays ne seront pas suffisants pour le régler. Il faut des mesures législatives, il faut certaines bonnes pratiques notamment la traçabilité des médicaments. Il faut aussi essayer d’attirer certaines organisations spécialisées comme l’OMS (qui nous soutient), l’UNICEF et pourquoi pas l’ONU. Mais, nous devons montrer que nous-mêmes, nous faisons le minimum, au moins adapter nos législations et montrer notre volonté politique de résoudre ce problème », a précisé Faure Gnassingbé.
Le trafic des produits médicaux de qualité inférieurs et falsifiés, participent au financement de la criminalité transnationale organisée, qui finance notamment le terrorisme et cela constitue une grave menace sécuritaire.
« Tout ce qui renforce des réseaux terroristes notamment par les moyens financiers (trafic d’armes, trafic de drogue …) affaiblit nos Etats et menace notre sécurité. Avant, nous connaissions surtout les trafics de drogue, d’armes, aujourd’hui le trafic des produits médicaux de qualité inférieurs et falsifiés qui est beaucoup plus puissant en termes financier, vient s’ajouter et nous compliquer davantage la tâche. Plus les terroristes se renforcent, plus dure est la lutte pour les États », a relevé Faure Gnassingbé.
De 75 milliards de dollars US en 2010, le chiffre d’affaires du trafic des produits médicaux falsifiés est évalué à 200 milliards de dollars en 2014, presque le triple en quatre ans. Les bénéfices tirés de ce trafic sont supérieurs à celui de la drogue ou des armes.
Et dans le même temps, ce trafic fait des ravages au sein des populations. En 2015, 122.000 enfants de moins de 5ans seraient morts à cause d’antipaludiques de mauvaise qualité en Afrique subsaharienne. On estime que 128 pays dans le monde sont touchés par les médicaments falsifiés.
Environ 42% de tous les médicaments falsifiés découverts, depuis 2013, l’ont été en Afrique. Dans certains pays africains, on estime que les médicaments falsifiés représentent 30 à 60% de tous les produits médicaux.
Notons que le Togo est l’un des pays pionniers à avoir modifié son code pénal dès 2015. La peine encourue par les trafiquants y est désormais de 20 ans de prison et de 50 millions de francs CFA d’amende (76.200 d’euros).
En juillet, 67,8 tonnes de produits pharmaceutiques contrefaits, saisis entre juin 2018 et juin 2019, ont été brûlés à Lomé. Une saisie record de 200 tonnes de faux médicaments a été réalisée mi-novembre à Abidjan par la gendarmerie ivoirienne et quatre suspects, dont un ressortissant Chinois, ont été arrêtés. FIN
NB: D’autres sujets ont été abordés avec le président Faure Gnassingbé notamment le terrorisme, les récentes réformes CFA/ECO et la dernière sortie des pays anglophones sur ces réformes.
Junior AUREL