Le gouvernement guinéen a adressé une vigoureuse mise en garde à l’opposition qui appelle à une mobilisation massive à partir de lundi pour faire barrage au projet prêté au président Alpha Condé de briguer un troisième mandat fin 2020. La contestation, plusieurs fois durement réprimée, a causé depuis mi-octobre la mort d’au moins vingt civils et un gendarme.
Le Front national de défense de la Constitution (FNDC), le collectif de partis, de syndicats et de membres de la société civile qui mène la protestation, a appelé à partir de lundi à une mobilisation « massive » et « illimitée » qui fait craindre de nouvelles violences.
Le FNDC proclame le caractère pacifique de son action. Mais dans un communiqué publié dans la nuit de samedi à dimanche, le gouvernement accuse une partie des leaders de l’opposition de chercher à « plonger la Guinée dans le désordre ».
« La puissance publique s’exercera dans toute sa rigueur envers ceux qui veulent troubler l’ordre public et nier aux autres Guinéens le libre exercice de leurs droits fondamentaux », assure-t-il en invoquant en particulier le risque de perturbations de l’activité économique.
Le gouvernement avait déjà invoqué le trouble à l’ordre public et l’absence de permis de manifester pour réprimer durement les premiers rassemblements à partir d’octobre. Il avait ensuite autorisé les manifestations sous conditions, sans que les violences cessent complètement.
Depuis mi-octobre, le FNDC a fait descendre dans la rue à plusieurs reprises des dizaines ou des centaines de milliers de Guinéens dans ce petit pays de 13 millions d’habitants.
L’opposition est convaincue que le chef de l’Etat, élu en 2010 et réélu en 2015, entend se représenter fin 2020 alors que la Constitution limite à deux le nombre de mandats présidentiels.
Elle a été confortée dans ses craintes en décembre quand M. Condé, 81 ans, a indiqué qu’il comptait soumettre aux Guinéens un projet de nouvelle Constitution, même s’il ne s’est pas exprimé sur ses intentions personnelles.
Les défenseurs des droits humains dénoncent l’usage excessif de la force, des arrestations arbitraires et l’impunité des forces de sécurité.
A l’aube d’une année chargée, avec des législatives prévues en février, une présidentielle et peut-être un référendum, la communauté internationale redoute l’escalade dans un pays à l’histoire tourmentée, coutumier des manifestations et des répressions brutales.
Les tensions ont encore été accrues en fin de semaine écoulée par une grève des enseignants pour des augmentations de salaires.
Une jeune femme de 18 ans et un homme de 21 ans ont été tués par balle jeudi lors des manifestations.
Onze syndicalistes ont été arrêtés samedi, ont indiqué un responsable syndical, Aboubacar Soumah, et l’avocat de leur syndicat, Me Salifou Béavogui.
SOURCE : AFP