Près de 534 221 personnes sont en phase sous pression et 5 946 personnes en crise alimentaire au Togo, sur la période de juin à août 2020, selon les résultats de l’atelier du Cadre Harmonisé (CH) sur l’analyse de la vulnérabilité à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle au Togo, tenu en octobre dernier à Notsé (Préfecture du Haho). Sur la période d’octobre-décembre 2019, la même analyse a révélé que 518 822 personnes sont en phase sous pression et 3 180 personnes en crise.
Au total, 37 préfectures ont été couvertes par cette analyse, essentiellement basée sur les données issues de l’évaluation de la campagne agricole, des marchés, etc. Et selon Mawuli Amewuame (Chef de la division Alerte précoce sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle), les préfectures en stress sont : Bas-Mono, Lacs, Tône et Vo. L’atelier a permis d’établir la situation de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle du pays avec l’outil nommé « Cadre Harmonisé ».
– Le Cadre Harmonisé, un outil de prise de décision –
Le Cadre Harmonisé (CH), est un outil fondamental de prise de décision. C’est un outil fédérateur, qui permet de faire une analyse pertinente consensuelle, rigoureuse et transparente de la situation alimentaire et nutritionnelle courante et projetée. Ces analyses du CH se déroulent deux fois par an et visent à informer les décideurs sur l’incidence et la sévérité de l’insécurité alimentaire dans le pays, afin de leur permettre de prendre des décisions éclairées », a expliqué M. Amewuame.
Les analyses indiquent que les personnes en crise alimentaire au Togo au cours de la période octobre-décembre 2019 sont essentiellement des victimes d’inondations. « Malgré une amélioration de la situation nutritionnelle au plan nationale, la faible diversification de l’alimentation, malgré une disponibilité satisfaisante, pourrait affecter les prévalences de la malnutrition aigüe dans certaines régions ».
– Les Analyses du Cadre Harmonisé –
Les résultats des analyses du CH révèlent que les poches de sècheresse survenues au cours des mois d’avril au Sud et de juin au Nord ont entrainé des re-semis dans la plupart des régions, ce qui a engendrée une émergence de la chenille légionnaire d’automne, une situation gérée à travers la mise en œuvre du +projet d’aide d’urgence à la lutte contre l’invasion de la chenille légionnaire d’automne au Togo.
Selon les explications de M. Amewuame, les fortes précipitations enregistrées à partir de la 2ème décade du mois de juillet 2019 ont engendré des crues et des débordements des cours d’eau dans tous les bassins, entraînant des pertes et dommages sur les cultures, le cheptel et les habitations dans les préfectures de Kpendjal, Zio, Yoto, Ogou, Vo, Lacs et Bas-mono.
« Cette situation alimentaire et nutritionnelle pourrait connaître une détérioration dans la partie septentrionale à partir du mois de juin 2020, avec la période de soudure suite à la diminution des stocks alimentaires et la hausse saisonnière des prix. Ces deux facteurs combinés vont sans nul doute impacter la consommation et les moyens d’existence des ménages très pauvres et pauvres. On peut donc s’attendre à l’amélioration de la situation dans le sud avec les prémisses de la grande saison agricole ».
– Recommandations de l’atelier du CH –
L’atelier a abouti à une série de recommandations, pour une réponse immédiate et pour le suivi. Pour une réponse immédiate, l’atelier invite le gouvernement et ses partenaires « à prendre les mesures idoines pour améliorer et renforcer leur appui technique et financier. La priorité doit être accordée aux populations vulnérables et les ménages affectés par les inondations dans le pays en période courante octobre-décembre 2019, afin de prévenir la détérioration de la sécurité alimentaire durant la saison de soudure (juin-août 2019) ».
Au nombre des actions prioritaires, l’atelier recommande l’apport d’une assistance humanitaire aux populations en +phase crise, pour prévenir la malnutrition et couvrir les déficits des moyens d’existence ; la mise en œuvre des interventions visant à améliorer la résilience des populations en phase 2, en soutenant la production de contre saison et le renforcement des moyens d’existence des populations.
Pour le suivi, l’atelier du CH recommande de renforcer les actions de résilience en faveur des populations vulnérables identifiées sous pression alimentaire ; de renforcer les capacités de production des données désagrégées par régions des systèmes d’informations sous-sectoriels; un renforcement de la veille et des capacités d’intervention contre la chenille légionnaire d’automne et la fièvre aphteuse.
L’atelier recommande la conduite d’une enquête nationale de vulnérabilité à l’insécurité alimentaire, la formalisation la Cellule Nationale d’Analyse. Dynamiser le cluster sécurité alimentaire, fait également partie des recommandations.
Notons que plusieurs actions (mis en place de tentes, dons de vivres et non vivres, assistance santé,…) ont été menées par le gouvernement et ses partenaires en vue de soulager les peines des populations victimes des dernières inondations.
Ambroisine MEMEDE