L’état-major burkinabè a adressé le 15 novembre une correspondance à l’attaché de défense français, lui demandant d’avertir de tout déplacement d’avions 48h à l’avance, sinon ils seront considérés « comme ennemis », selon un document officiel obtenu par l’AFP.
« Il ressort de façon récurrente que des aéronefs non identifiés survolent nos bases et zones d’opération (…). Désormais des instructions ont été données aux unités déployées pour que ces aéronefs soient considérées comme ennemis et traités comme tels », selon ce document, signé du chef d’état-major, le général de brigade Moïse Minindou.
« Nous vous prions de vouloir bien nous informer 48h à l’avance de tout déplacement de vos aéronefs dans ces zones », a-t-il précisé.
Cette lettre est écrite alors qu’un sentiment anti-français grandit dans le pays, en proie à des attaques jihadistes récurrentes.
Joint au téléphone depuis Abidjan, le lieutenant-colonel burkinabè Ismael Diouari a confirmé l’authenticité de la lettre en précisant qu’il s’agissait « d’une lettre adressée à tous les attachés de défense étrangers et pas seulement à la France ».
« Il n’y a aucune tension. Les relations sont bonnes. C’est une correspondance pour avertir de la nécessité d’un préavis », a-t-il conclu sans vouloir faire d’autre commentaire.
Outre la France, qui a des drones et des Mirage qui opèrent sur la zone, les Américains ont également des drones armés qui survolent également le Sahel.
L’armée française est présente au Burkina avec une base de 200 hommes des forces spéciales à Kamboinsin, en banlieue de Ouagadougou.
Quelques 4.500 militaires français sont en outre déployés dans le Sahel, dans le cadre de l’opération Barkhane et ils interviennent de plus en plus régulièrement au Burkina.
Au total, les attaques attribuées aux groupes jihadistes, certains affiliés à Al-Qaïda, d’autres au mouvement Etat islamique, ont fait près de 700 morts depuis début 2015, selon un comptage de l’AFP, et environ 500.000 déplacés internes et réfugiés, selon l’ONU.
Selon une source militaire française, la lettre montre qu’il y a une « certaine tension » entre le Burkina et la France.
« Le Burkina ne va évidemment pas tirer sur des appareils français », a-t-il toutefois relativisé.
SOURCE : AFP