Inondations/Gestion des urgences: Une forte délégation du Système des Nations Unies à la rencontre des sinistrés dans les Lacs (REPORTAGE)

Damien Mama (SNU), Josiane Yaguibou (UNFPA), Aliou Dia (PNUD) et Tevi Bénissan (Préfet des Lacs)
Damien Mama (SNU), Josiane Yaguibou (UNFPA), Aliou Dia (PNUD) et Tetevi Bénissan (Préfet des Lacs)

Une délégation des représentants résidents du Système des Nations-Unies conduite par Damien Mama (Représentant Résident du SNU) a effectué vendredi, une descente dans les Lacs, à la rencontre des populations sinistrées accueillies sur les sites d’Azimé, d’Aklakou et d’Agbanakin, a constaté une journaliste de l’Agence Savoir News.

La mission est composée de l’ensemble du système des Nations unies (PNUD, UNFPA, OMS, l’UNICEF, le HCR, le PAM) et ils se sont déplacés pour leur témoigner de la sympathie et la solidarité de toute la communauté internationale. Le directeur de l’Agence Nationale de Protection civile (ANPC), les autorités administratives et locales ont également rejoint la mission.

Suite aux pluies diluviennes survenues ces derniers jours dans les régions des Plateaux et Maritime, le bassin versant du fleuve Mono a connu une forte augmentation de quantité d’eau, entraînant le trop plein du barrage hydroélectrique de Nangbéto qui a nécessité les lâchers d’eau dudit barrage, occasionnant des inondations dans certaines localités des préfectures dont les Lacs.

Face à la rue qui mène au centre de santé d’Agbanakin

Évaluer les dégâts pour appuyer l’action du gouvernement

Pour les représentants de la communauté internationale au Togo, cette visite de terrain vise notamment à évaluer les dégâts et les pertes occasionnés par ces inondations et faire une estimation des besoins les plus urgentes, afin d’appuyer l’action du gouvernement dans la gestion des urgences post inondation dans les localités sinistrées.

Première étape de la mission : Zanvee. Mais avant, la délégation s’est arrêtée sur pont de Zébé (environ 50 km de Lomé), principale voie d’accès à toutes les localités précitées, qui a fait le choux gras des réseaux sociaux ces derniers jours.

En « route » vers le centre de santé.

Le remblai d’accès à ce pont a été déplacé par la pression des eaux, fragilisant le seul pont qui dessert quatre grandes localités. Sur place, la délégation s’est informée de la situation, des dispositions prises et de l’avancement des travaux d’aménagement, avant de se rendre sur les sites d’accueil des sinistrés.

Ils ont successivement visité les sites d’Azimé, de Zanvee, d’Agbanakin et d’Aklakou, où des tentes ont été installées.

Le site de Zanvee accueille les populations sinistrées de Togbavi, Togbagan, d’Agbanakin, soit 340 ménages d’environ 6 personnes regroupées sur le site de l’EPP.  La délégation a rencontré les populations d’azimé-Dossou, et visité le centre de santé d’Agbanakin inondé, ainsi que le palais royal (aussi inondé).

« Ce sont les effets de la nature. Et nous sommes venus pour demander aux communautés locales ce que nous pouvons faire, en dehors de ce que le gouvernement a prévu. Nous sommes là pour constater et rapidement nous concerter, afin de prendre les dispositions pour apporter le peu, dans un geste de solidarité avec les communautés »,  a déclaré Damien Mama (Coordonnateur résident du système des Nations Unies au Togo).

Entretien avec la responsable du centre de santé.

« Ce sont des situations difficiles à vivre. C’est pour cela que nous avons décidé de faire le tour des villages inondés pour écouter les populations, voir comment l’inondation a affecté leurs activités, et recueillir les contraintes majeures auxquelles elles font face, et quels sont les besoins et les appuis qu’ils souhaiteraient avoir du système des Nations Unies. Nous pourrions ainsi, en parfaite collaboration avec le gouvernement,  voir comment les aider, pour alléger leurs peines. Vous savez que ce sont les femmes qui tiennent les maisons. Elles sont la force de la famille. Et en cas de catastrophes, ce sont les femmes et les enfants qui sont les plus touchés. Nous avons donc décidé d’échanger avec les uns et les autres, afin de mieux décider », a expliqué Aliou Dia (Représentant résident du PNUD au Togo).

 

« Les moyens seront débloqués »

« Les dispositions prises sont déjà bonnes et nous allons repartir pour activer ce qu’on peut apporter d’additionnel. Il faut 70 millions de F.CFA ou plus. Nous sommes tellement préoccupés que l’UNFPA est allé puiser dans son stock pour voir ce qu’on peut donner immédiatement. C’est une situation d’urgence et on va débloquer ces moyens-là et les orienter pour l’achat des choses les plus urgentes. Nous avons également discuté rapidement de la possibilité qu’on fasse une évaluation plus approfondie, afin de faire un plan de relèvement pour ces populations qui ont perdu leurs champs, leurs bêtes, l’accès à l’école pour leurs enfants,… Il faut les aider à se relever », a souligné Damien Mama.

Sur le site d’Aklakou. Aliou Dia, prenant un bébé.

« Nous savons que dans ces situations, tous les sinistrés sont vulnérables. Mais les femmes enceintes et celles qui viennent d’accoucher, ainsi que les enfants le sont encore plus. Et l’UNFPA a mis à leur disposition, des kits de dignité pour soutenir ces dames », a de son côté, précisé Mme Josiane Yaguibou (Représentante résidente de l’UNFPA).

Au total 45 kits de dignité ont été distribués par l’UNFPA sur les sites d’Azimé et d’Aklakou.

Remise de kits par Mme Yaguibou (UNFPA)

Le Lieutenant-colonel Baka Yoma (Directeur de l’Agence nationale pour la protection civile /ANPC) a pour sa part, remercié les agences du système des Nations Unies pour leur soutien et accompagnement. Il les a également informés des dispositions prises par le gouvernement surtout en matière d’hygiène et assainissement, ainsi que les prochaines démarches prévues par le gouvernement.

« Au total 1997 ménages ont été touchés par ces dernières intempéries. 62 tentes ont déjà été installées sur différents sites d’accueil, des nattes ont également été distribuées. Les sinistrés ont été sensibilisées et bénéficié de produits pour désinfecter l’eau de boisson. Samedi, des vivres et non vivres seront distribués aux populations sinistrées ».

 

—  La peine des populations –

Pour dame Bella Amou Ani (la quarantaine, mère de 6 enfants), la tristesse a gagné les cœurs, car la perte est grande à Agbanakin.

« Notre principale activité est la transformation de poisson. Actuellement, tout est envahi par les eaux. De plus,  nous avons perdu une bonne partie de petits ruminants que nous élevons pour soutenir les activités de nos maris,… nous sommes désœuvrées et nos enfants commencent déjà par tomber malades. Nous avons été obligées de les confier à des amis. Regardez par vous-mêmes, des gens font directement leurs besoins dans l’eau et notre puits est au milieu, nous sommes dans l’obscurité,… vous avez vu notre situation, à vous de nous aider », a laissé entendre dame Amou Ani, présidente du club des mères d’Agbanakin.

Kayi Agbassou (sinistrée de Togbavi) a hésité : « Pour nous, les tentes sont des chambres trop propres, alors que la nuit, nos enfants font pipi au lit. De plus, on ne savait pas qu’on pouvait déposer nos fourneaux sur le site. Mais après les explications du directeur de l’ANPC, nous allons regagner les tentes à Zanvee ».

Pour Messan Akakpo (chef d’Azimè, en jaune), le problème c’est aussi la propriété des terres d’accueil. « Depuis que notre Azimè-dossou est inondé, nous sommes sous les tentes vers les cocoterais, mais sur des parcelles qui ne nous appartient pas. Ce sont des propriétés privées. Et les propriétaires ne sont pas très contents, donc nous ne sommes pas à l’aise. Si c’est possible de remblayer notre site ou de nous déplacer plus loin, nous serons plus tranquilles. Nous sommes une population d’environ 400 personnes », a expliqué M. Akakpo. FIN

Ambroisine MEMEDE