Démarré mardi à Accra (Ghana), l’atelier de haut niveau organisé par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) et des Nations Unies sur le partage d’expériences et de bonnes pratiques de lutte contre les violences liées aux élections en Afrique de l’ouest, s’est poursuivi ce jeudi, a constaté l’envoyé spécial de l’Agence Savoir News.
Pour prévenir et atténuer les violences liées aux élections, le partage d’expérience se poursuit : le cas du Niger.
Composée de 19 membres permanents, la CENI du Niger est indépendante de tout pouvoir, autorité ou organisation et jouit de la personnalité juridique, de l’autonomie de gestion, d’organisation et de fonctionnement.
En 2016, elle a connu des difficultés organisationnelles dues essentiellement à un phénomène nouveau au Niger, à savoir l’intolérance politique exacerbant les tensions aussi bien dans la classe politique qu’au sein de l’organe chargé des élections.
Partageant les expériences du Niger sur les « Bonnes pratiques, défis et domaines à améliorer pour prévenir et répondre aux violences liées aux élections dans la région », Nafiou Wada et Katambe Mariama, ont entretenu au cours d’un panel, les participants à l’atelier d’Accra sur les bonnes pratiques, les défis et les domaines à améliorer dans la conduite des processus électoraux.
Concernant l’aspect Bonnes pratiques, Monsieur Nafiou Nada (Rapporteur Général de la CENI-Niger) avance que certaines bonnes pratiques se trouvent dans les attributions de cette dernière.
« La CENI est chargée, d’une part du recensement électoral, de l’élaboration et de la gestion du fichier électoral biométrique, d’autre part de l’organisation, du déroulement et de la supervision des opérations électorales et référendaires. Elle veille également au respect des lois et règlements en matière électorale et prend toutes initiatives et/ou toutes dispositions concourant au bon déroulement des opérations électorales et référendaires », a souligné Nafiou Wada.
Aussi, a-t-il relevé comme participant aux bonnes pratiques, le couplage des élections (Premier tour de présidentielle et législatives) afin de minimiser les coûts des élections et la création des circonscriptions ordinaires et spéciales pour tenir compte des minorités et des réalités socio-culturelles à l’Assemblée Nationale et surtout la formation des parties prenantes en période électorale notamment les médias, les OSC sans oublier la prise en compte des personnes vivant en situation de handicap.
Pour l’orateur Nafiou Wada, il se pose aujourd’hui des défis à la CENI Niger notamment accentuer et pérenniser les formations en période électorale des médias, des Organisations de la Société Civile et Forces de Sécurité.
« Pour le scrutin de 2016, la CENI à travers sa commission défense et sécurité a formé 22500 agents pour 25792 Bureaux de Votes », a précisé Nafiou Wada.
Entre autres défis au Niger, il faut un plan logique bien détaillé qui tient compte de toutes ces spécificités si l’on considère l’immensité du territoire national avec une superficie 1.267.000 Km² dont 65 % sont désertiques, zone nomade et sédentaire.
Précisons qu’au Niger, le pouvoir de désignation des membres des bureaux de vote n’est pas donné à la CENI. Aussi ne dispose-t-elle pas de fonds suffisants pour l’organisation de tous les scrutins.
« Comme défis également, nous devons organiser les scrutins dans les délais constitutionnels prévus, tenir les élections locales dans les 266 communes dont les dernières datent de 2011 et mettre l’accent sur le volet communication avec la création possible de centres de monitoring, de centres d’alerte et vigilance, de contact périodique avec chacun des groupes d’acteurs », a rajouté Nafiou Wada. Ce dernier pense également qu’il faut « confier à la CENI la gestion des dossiers des candidatures, du pouvoir de contrôle des campagnes électorales et la subvention aux partis politiques ».
Selon Nafiou Wada, il faudra « s’assurer que les contentieux, notamment ceux ayant le potentiel d’affecter les résultats électoraux globaux, sont réglés avant la publication des résultats définitifs et accorder plus le temps à la CENI pour la proclamation des résultats globaux provisoires ».
Comme domaines à améliorer au Niger, pense Nafiou Wada, il faut « créer les conditions pour que l’opposition politique désigne ses représentants à la CENI, rétablir au maximum le climat de confiance entre les acteurs politiques pour la réussite des élections à venir, intensifier l’éducation civique des citoyens et surtout mener la médiation nécessaire pour que l’opposition politique regagne le Conseil National de Dialogue Politique (CNDP) ».
Notons que pour le cas spécifique du Niger, la CEDEAO, l’Union Africaine, l’OIF développent déjà une médiation préventive afin que les conditions pour un dialogue politique inclusif notamment convaincre l’opposition politique d’abandonner la politique de la chaise vide. FIN
Crédo TETTEH, envoyé spécial à Accra