Prévenir et atténuer les violences électorales, tels sont les objectifs d’un atelier de haut niveau ouvert ce mardi à Accra (Ghana) sur le partage d’expériences et de bonnes pratiques de lutte contre les violences liées aux élections en Afrique de l’ouest, initiative de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) et des Nations Unies.
Au premier jour de cette rencontre, une présentation de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI-Togo) portant sur la Force Sécurité Élections (FOSE).
Lokadi Komi (Membre de la Commission Électorale Nationale Indépendante /CENI) du Togo et Président de la sous-commission Sécurité) a partagé l’expérience de son pays à travers la mise en place depuis 2007, de la Force Sécurité Élections à la veille des échéances électorales.
Pour M.Lokadi, « quelques années avant 2007, les élections au Togo ont été toujours émaillées de violences avec des casses des biens publics et privés, avec destruction du matériel électoral faisant dès fois des morts et des blessés ».
« L’intervention des forces de l’ordre et de sécurité pour calmer et rétablir l’ordre public a souvent été interprétée à tort ou à raison comme un appui au régime en place. Pour parer à ces spéculations et pour sécuriser les élections de manière professionnelle, le Togo a initié depuis 2007 et à chaque échéance électorale, la mise en place d’une force spéciale aux élections, dénommée Force Sécurité Élections (FOSE) », a-t-il expliqué, développant ainsi le contexte dans lequel cette Force Sécurité Élections est née.
Il s’agit d’une force mixte composée de policiers et de gendarmes. Elle est placée sous la supervision de la CENI et sous le commandement opérationnel du Ministère en charge de la Sécurité et de la Protection Civile.
« Pour l’élection des conseillers municipaux du 30 Juin dernier, la FOSE était composée de 8.000 hommes (4.000 policiers et 4.000 gendarmes). Ils sont souvent bien formés et bien outillés pour bien accomplir leurs missions avec des moyens conventionnels reconnus au niveau international. Ils sont identifiables par un brassard porté au bras gauche », a précisé M.Lokadi, devant un auditoire accroché à la présentation.
Les interventions après le partage de cette expérience togolaise ont permis aux participants à cet atelier — composés de responsables d’Organismes de gestions des élections (OGE), des organisations de la Société civile (OSC), d’experts électoraux et médias — de comprendre les enjeux de la mise en place de cette Force Sécurité Élections dont les premières missions en 2007 portaient la griffe de l’actuel Ministre de la Sécurité et de la Protection Civile du Togo, le Général Yark Damehame.
Avec pour mission principale de « maintenir la paix, assurer la sécurité ainsi que la libre circulation des personnes et des biens sur l’ensemble du territoire national, avant, pendant et après les élections municipales de 2019 », la FOSE est également appelé à « prendre toutes les mesures pour maintenir ou rétablir l’ordre public en relation avec l’organisation des élections durant toutes les phases des processus électoraux, notamment le recensement, la campagne, les opérations de vote, le dépouillement et la proclamation des résultats ».
Précisons que chaque jour de meeting, le Commandement général de la FOSE 2019 rendait public dans la soirée, un communiqué retraçant le travail effectué sur le terrain par ses hommes et éventuellement des incidents constatés. Ainsi donc par ce travail, les togolais sont informée du nombre de meetings organisés dans la journée par les partis politiques et candidats en course.
« Des consignes sont formellement et rigoureusement données aux éléments de la FOSE dans le cadre strict de leur mission. Le jour du vote, les éléments de la FOSE sont visibles dans les centres de votes mais pas dans les bureaux de vote. Ils sont toujours en retrait des bureaux de vote et ne peuvent intervenir qu’à la demande du président », a-t-il indiqué, avant d’ajouter « que la mise en place de cette force a permis au Togo de tourner la page des élections suivies de violences ».
Se projetant dans un futur proche, le Commissaire de la CENI-Togo, a précisé que pour l’élection présidentielle de 2020, « la même expérience sera répétée » tout en rassurant les partenaires du Togo.
Rappelons qu’au regard de cet exercice au Togo, certains pays de l’Afrique de l’ouest envisagent l’expérimenter dans leurs pays lors des élections à venir, et prévenir et atténuer ainsi les violences liées aux élections. FIN
Crédo TETTEH, envoyé spécial à Accra