Des centaines de chiites nigérians sont redescendus dans les rues d’Abuja mercredi pour demander la libération de leur leader Ibrahim Zakzaky, ont constaté des journalistes de l’AFP, au lendemain de heurts sanglants avec les forces de l’ordre qui ont fait selon eux au moins 3 morts dans leurs rangs. Des centaines de membres du Mouvement Islamique du Nigeria (IMN), un mouvement chiite radical pro-iranien, chantaient des slogans et dansaient, avec des bandeaux jaunes sur la tête, devant les bâtiments de la Commission Nationale des droits de l’homme, dans le centre de la capitale fédérale.
Au mur, une inscription peinte en rouge rappelait que « la police nigériane a tiré sur des chiites à l’Assemblée Nationale, le 9/07/2019 ».
Mardi, le rassemblement avait pris un tour violent et les heurts ont fait au moins trois morts dans les rangs de l’IMN, dont un adolescent de 14 ans, et onze blessés, selon les manifestants. La police a affirmé qu’un des manifestants s’était emparé d’un fusil et avait tiré sur un policier, justifiant une riposte à balles réelles.
Mercredi, presque toute la presse nigériane reprenait en Une la photo d’un policier blessé, avec le titre « Les Chiites attaquent l’Assemblée Nationale ». L’IMN dément cette version des faits, insistant sur le fait que les forces de l’ordre ont ouvert le feu sur les manifestants qui marchaient dans leur direction. « Certains de nos membres ont probablement jeté des pierres », a reconnu le porte-parole de l’IMN, Ibrahim Musa. « Mais dire que nous avons essayé de nous emparer des armes est tout simplement faux ». « Nous sommes très en colère et nous ne voulons pas que notre chef meure entre les mains du gouvernement fédéral », a-t-il ajouté.
Il faisait référence à l’appel à l’aide du fils d’Ibrahim Zakzaky, le weekend dernier, décrivant la détention de son père, malade, comme « un assassinat ». Zakzaky, qui appelle à une révolution islamique inspirée de l’Iran chiite dans un Etat à grande majorité sunnite, s’oppose depuis des années aux autorités nigérianes.
Il est détenu depuis décembre 2015, lorsque l’armée a tiré sur les manifestants, faisant plus de 350 morts.
Fin octobre, des partisans de l’IMN avaient manifesté en masse à Abuja et la répression violente de la manifestation par les forces de sécurité avait fait 47 morts selon l’IMN et les observateurs, 6 selon les chiffres officiels.
SOURCE : AFP