Deux policiers ont été tués et quatre blessés mardi soir, lors de l’attaque d’un poste de police à l’entrée nord de Niamey, la première à se produire aux portes de la capitale du Niger, pays en proie à des incursions jihadistes récurrentes. « Le bilan (de l’attaque) est de deux décédés, quatre blessés dont deux graves », a affirmé mercredi à l’AFP une source sécuritaire qui a évoqué « des bandits armés » sans donner plus de détails.
« Il était 23h quand on a entendu des tirs nourris venant du poste » situé sur la route de la ville de Ouallam, dans le nord-ouest du Niger, a raconté à l’AFP sous couvert de l’anonymat un témoin, qui vit à proximité du poste de police, situé près d’un péage, marquant l’entrée de ville.
Des enquêteurs de la police étaient sur place mercredi matin, a constaté un journaliste de l’AFP.
Des témoins ont aperçu ces enquêteurs ramasser des douilles près de deux hangars où les policiers ont été probablement surpris par les assaillants. Au moins un corps de policier a été retrouvé près d’un des hangars, d’après des marques tracées par les enquêteurs et visibles sur le sol.- Sommet UA début juillet -C’est la première fois que des assaillants lancent un assaut aussi près de la capitale du Niger, un pays sahélien qui fait face à des attaques récurrentes de groupes jihadistes dans l’ouest ainsi que des islamistes de Boko Haram dans le sud-est.
Niamey doit accueillir les 7 et 8 juillet un sommet de l’Union africaine, qui réunira de nombreux chefs d’Etat.
Mardi, une simulation d’opération anti-terroriste avait eu lieu à Niamey, organisée par les forces de sécurité nigériennes et Eucap Sahel, la mission européenne qui aide depuis 2012 le Niger à lutter contre le terrorisme et la criminalité organisée.
Le 8 juin, un véhicule de l’armée américaine avait sauté sur un engin explosif, sans faire de victime, près de la ville de Ouallam. Les soldats américains se rendaient sur un champ de tir lorsque l’incident est survenu, selon un journal nigérien en ligne.
Ouallam est située à une centaine de kilomètres de Niamey et abrite un important camp d’entraînement de l’armée nigérienne où sont notamment formés les soldats qui participent à la Mission de l’ONU au Mali voisin, la Minusma.
En mars 2018, trois gendarmes nigériens ont été tués dans une attaque par « des éléments terroristes » à Goubé, un village situé à quarantaine de km sur l’axe Niamey-Ouallam.
Plusieurs attaques avaient déjà eu lieu autour de la capitale. Le 14 mai une attaque avait coûté la vie à 28 soldats, au lendemain d’une audacieuse tentative, ratée, de prendre la prison Koutoukalé (60 km de la capitale), l’établissement pénitentiaire le mieux gardé du pays, où sont détenus de nombreux jihadistes.Niamey est une ville très militarisée avec une forte présence des forces de sécurité et des check-points à ses entrées. Les lieux publics et restaurants sont surveillés par des hommes en armes. En janvier 2011, des hommes armés avaient kidnappé deux jeunes Français qui avaient été tués le lendemain, lors de la poursuite des ravisseurs par les forces spéciales françaises.
Le président Mahamadou Issoufou a à plusieurs reprises appelé les Occidentaux et les Nations Unies à aider le Niger. Mais la présence de forces française, américaine et allemande au Niger n’ont jusqu’ici pas réussi à enrayer les attaques qui se multiplient. Mahamadou Issoufou a aussi demandé à ses voisins sahéliens de financer la lutte contre les groupes jihadistes.
La force du G5 Sahel (Burkina, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad) peine à trouver son financement. « C’est sur le terreau de la pauvreté que prospère le terrorisme », a-t-il souligné par le passé, alors que les pays touchés font partie des plus pauvres du monde.
SOURCE : AFP