L’ouverture des travaux du forum économique Togo-Union Européenne, c’est jeudi, 13 juin à l’Hôtel 2 Février à Lomé. Dans la foulée, plusieurs acteurs sont intervenus, à travers des entretiens avec la presse pour placer ces assises de deux jours dans leur contexte.
Le ministre Kodjo Adédzé du Commerce, de l’Industrie, du Développement du secteur privé et de la Promotion de la Consommation locale, l’un des acteurs clés, précise, dans ces lignes l’intérêt de ce forum pour les jeunes entrepreneurs et les atouts qui font du Togo un pays attractif pour les investisseurs étrangers. A son avis, le Togo dispose d’un espace stable et sécurisé qui intéresse les investisseurs. Le positionnement stratégique de notre pays, en tant qu’une porte d’entrée naturelle sur près de trois cent cinquante millions (350.000.000) de consommateurs est un facteur non négligeable aux côtés d’autres atouts tels que le certificat en matière de facilitation des échanges, la ratification de l’Accord de Bali, qui permet la fluidité des transactions commerciales. Il a aussi fait cas du corridor togolais, « le plus fluide de la région », sans oublier le climat des affaires, « en nette amélioration chaque fois », ainsi que l’amélioration du cadre juridique fiscal et douanier. Selon le ministre, le code général des impôts est suffisamment simplifié, pour attirer les investisseurs. Les paiements en ligne, le nouveau code d’investissement, qui offre autant d’opportunités, et le code foncier,… sont tant d’autres atouts attractifs des investisseurs.
Quels sont les enjeux du forum Togo-UE des 13 et 14 juin?
Kodjo Adédzé : Nous savons tous que, depuis le 4 mars dernier, le président de la République a lancé officiellement le Plan National de Développement (PND) de notre pays, qui s’étale sur la période 2018- 2022. L’objectif principal est de transformer structurellement l’économie de notre pays, en la rendant beaucoup plus robuste, résiliente et durable, en vue d’induire le mieux-être de nos populations. Les 13 et 14 juin prochain sera organisé, à Lomé, le premier forum économique Togo-UE, dont le but est de mobiliser les investisseurs des 28 pays membres de l’Union Européenne autour des projets majeurs de notre PND. Ce forum permettra également aux investisseurs et opérateurs économiques de l’espace UE d’apprécier l’engagement du secteur privé togolais qui aura certainement à présenter des projets bancables. Je voudrais ici préciser que ce forum est organisé, et coopté avec l’Union Européenne et le secteur privé togolais. Ce sera une occasion de découvrir le secteur privé togolais avec plus d’une centaine de projets bancables. Il sera également question de faire savoir aux investisseurs de l’UE les opportunités qu’offre notre pays en matière d’investissement. Voilà donc l’essentiel autour de ce projet que nous allons bientôt vivre dans notre pays.
Quels sont les facteurs qui peuvent faire du Togo un pays attractif pour les investisseurs étrangers ?
Vous savez, depuis une dizaine d’années déjà, notre pays, sous l’impulsion du chef de l’Etat, se métamorphose positivement. Les lignes bougent de façon positive.
L’investisseur, s’il veut aller sur un espace, s’attend à y gagner de l’argent. Il n’investit pas tout simplement parce qu’il veut le faire. Mais c’est pour y gagner d’argent. L’argent a horreur du bruit. Nous avons un espace stable et sécurisé qui intéresse les investisseurs. Ce qui est un atout pour nous.
En dehors de ce premier atout, je voudrais parler également du positionnement stratégique de notre pays. Notre pays le Togo se présente comme une porte d’entrée naturelle sur près de trois cent cinquante millions (350.000.000) de consommateurs. Ce n’est pas rien. Parce que, quand on produit ou investit, il faut s’assurer que ce qu’on produit peut être écoulé librement. Je suis en train de faire allusion aux quinze (15) pays de la CEDEAO qui constituent un marché pas négligeable.
Aujourd’hui, nous avons amélioré les infrastructures portuaires, aéroportuaires et routières. Nous disposons du seul port en eau profonde, de façon naturelle. Nous recevons des navires de dernière génération de grandes capacités. Je voudrais citer ce que font LCT et Togo Terminal. Ces deux infrastructures, avec des installations ultramodernes, ont augmenté de façon significative la cadence de traitement des conteneurs.
Nous avons également suffisamment amélioré les procédures par le moyen de la digitalisation. Les procédures sont très rapides aujourd’hui.
C’est ce que l’opérateur économique veut. Je voudrais préciser que depuis 2014, le Togo a déposé ses instruments de ratification de la Convention de Kyoto révisé qui est le certificat en matière de facilitation des échanges. En 2016, le Togo a ratifié l’Accord de Bali qui nous amène maintenant à faciliter les transactions pour qu’il y ait plus de fluidité, afin que l’investisseur, lorsqu’il produit, puisse écouler ses produits sans trop de gênes.
Nous avons le meilleur corridor fluide. Lorsque vous quittez aujourd’hui Lomé pour aller vers les pays sans littoral (Niger, Burkina Faso et Mali), notre corridor est qualifié de corridor le plus fluide.
Il y a aussi le climat des affaires. Vous savez, le Togo a fait des progrès significatifs. Le climat s’améliore et est en nette amélioration chaque fois.
J’en ai pour preuve le dernier rapport de la Banque Mondiale de Doing Business qui permet de découvrir que le Togo a progressé de 19 places. Nous figurons parmi les 10 tops en matière de réforme au monde. Ce sont des éléments qui militent en faveur de notre pays et qui poussent les investisseurs à venir vers nous.
Il y a une amélioration du cadre juridique fiscal et douanier. En 2018, nous avons procédé à la relecture de nos deux instruments de qualification majeure que sont le code général des impôts et celui des douanes togolaises. Ceci, pour les arrimer aux procédures de facilitation, pour que l’opérateur puisse gagner en délai et en coût. Ce sont donc des choses qui attirent. Le code général des impôts est suffisamment simplifié. Les impôts qui constituent une charge, bien pour l’administration fiscale que pour le secteur privé, ont été enlevés. On a procédé à un véritable toilettage pour le rendre compréhensible. Il y a certains qu’on a même supprimés. On est parti d’une trentaine de taxes pour se retrouver à une dizaine. Ce n’est pas rien. Cela encourage.
Nous disposons d’un tarif extérieur commun de la CEDEAO qui participe à l’industrialisation de nos États, tout en protégeant les frontières contre certains produits qu’on peut obtenir localement, c’est-à-dire les matières premières sur lesquelles on peut créer des chaînes de valeur. L’autre point que je voudrais invoquer est le code d’investissement qui est opérationnel. Le gouvernement a compris que nous avons intérêt, en termes d’avantage comparatif, à créer d’autres conditions beaucoup plus attractives pour le secteur privé, les investisseurs etc. Ce code, sous peu, va être voté puis rendu opérationnel. Ceci, pour aider les opérateurs économiques à investir avec beaucoup plus de sécurité, en s’attendant à ce que le retour sur investissement soit au rendez-vous.
Le dernier élément sur lequel je voudrais parler concerne le foncier. Les industries doivent naître dans un espace.
Aujourd’hui, avec le nouveau code foncier, des mesures sont en train d’être prises par le gouvernement pour que l’opérateur qui arrive et qui voudrait s’installer, ne puisse pas souffrir de problème foncier. En clair, le Togo constitue une destination sûre et privilégiée au niveau de notre sous-espace, puisque nous ambitionnons desservir les 350 millions de consommateurs au niveau de notre sous-espace et pourquoi pas au-delà.
Qu’est-ce que le secteur privé togolais peut tirer du forum Togo-UE ?
Vous savez, vous m’amenez à parler un tout petit peu des trois axes majeurs de notre PND. L’axe 1 voudrait que nous puissions créer un hub logistique, un centre d’affaires de premier ordre dans notre sous- région. D’ailleurs, les choses se mettent déjà en place. Au Togo, vous avez le siège de plusieurs banques régionales qui travaillent avec nous. D’autres projets sont encore en cours de finalisation.
L’axe 2 concerne les pôles de transformation agricole, manufacturière et d’industrie extractive. Le dernier axe vise la consolidation du développement social et les mécanismes d’inclusion.
Ce que je voudrais dire, c’est que le PND est un véritable plan d’investissement. Quand on parle d’investissement, il faut qu’il y ait une enveloppe derrière. L’enveloppe du PND, c’est 4622,2 milliards de francs CFA. Sur ce montant, le gouvernement concède une part belle au secteur privé. On attend que ce secteur apporte les 65 %. Ce qui est très vraiment intéressant.
Pour le forum, le gouvernement a demandé que le secteur privé, avec qui il co-organise ce forum, puisse présenter un certain nombre de projets bancables qui seront discutés lors des rencontres B to B. Ces projets bancables sont déjà postés sur le site de l’évènement. Les opérateurs économiques des pays UE sont en train de les regarder. Lors des séances B to B, les opérateurs économiques togolais, qui sont très ingénieux, vont discuter avec leurs collègues de l’UE pour voir s’il y a certains qui désirent coopter ces projets avec eux, en les aidant à les réaliser. Il y aura donc un réseautage et des Side Events, notamment la foire « Made in Togo ». Ces opportunités données permettront de faire découvrir ce que le talent togolais peut mettre à la disposition des autres.
Comment les investisseurs européens ont-ils accueilli l’idée de cette rencontre?
Ecoutez ! On se demande s’il faut élargir l’espace prévu pour accueillir ce forum. Il y a une bousculade. Que ce soient des investisseurs de l’autre côté, en direction du Togo, ou des Togolais eux -mêmes, l’évènement a été accueilli de façon favorable. Nous avons demandé cent(100) projets bancables.
Aujourd’hui nous avons un embarra de choix. On a enregistré de très bons projets qui dépassent déjà les quatre cent (400). Ils adhèrent à la chose et les inscriptions vont bon train.
Au fait, le gouvernement dit ceci : « Le moteur de la croissance, c’est le secteur privé ». Ce que je n’ai pas précisé, c’est que notre PND, qui est le plan national d’investissement que nous avons, ambitionne de créer au moins 500.000 emplois.
Si vous prenez les 65 % des 500.000 emplois, vous voyez ce qu’on attend du secteur privé. C’est dire que ce sont eux qui créent des chaînes de valeur, de l’emploi et de la richesse. Ils jouent très bien le jeu et nous leur disons bravo.
Les Togolais de la diaspora qui désirent investir dans leur pays ont-ils leur place à ce forum ?
Oui bien sûr ! Nous étions à Paris, d’abord dans le cadre d’une communication sur le sujet que nous évoquons ici, et nos frères de la diaspora étaient là. Ils sont très intéressés. Il y en a qui se positionnent. Certains ont commencé par s’inscrire sur le site. En claire, notre diaspora est très motivée par rapport à ce que nous faisons. Nous savons que la diaspora peut créer un plus. C’est pour cela que nous travaillons avec elle.
Un mot à l’endroit des jeunes entrepreneurs togolais qui, selon nos informations, sont très nombreux à vouloir prendre part à ce forum.
Le gouvernement, surtout notre département, est aujourd’hui dans une dynamique. Si nous soignons les PME/PMI, elles vont devenir les grandes entreprises. Vous savez, lorsque vous n’avez plus de pépinière, c’est la fi n du projet.
Les jeunes constituent pour nous, par rapport aux orientations données par le président de la République, un trésor que nous entretenons. Ils sont encouragés d’ailleurs à participer à ce forum et ils s’inscrivent quelle que soit la petitesse du projet. Ils veulent être là, apprendre à grandir. Et nous, nous sommes prêts, au niveau du gouvernement, à les accompagner. Parce qu’ils sont la relève, le gouvernement est dans cette vision d’accorder l’importance qu’il faut à notre jeunesse et aux femmes.
Propos recueillis par Komla GOKATSE (Source : Togo Presse)