Au moins 19 personnes ont été tuées dimanche soir lors d’une attaque massive d’hommes armés dans le nord du Burkina Faso, une des plus graves récemment dans le pays, a-t-on appris lundi de source sécuritaire et auprès d’un élu local.
« Plusieurs dizaines d’individus armés ont mené une attaque dans la commune d’Arbinda, faisant plusieurs morts par balles », a déclaré à l’AFP un élu local sous le couvert de l’anonymat.
« L’attaque a eu lieu ce dimanche entre 15h00 et 17h00 (locales et GMT) lorsque le groupe d’individus a ouvert le feu sur des habitants de la localité », selon l’élu.
« 19 corps ont été retrouvés », a indiqué une source sécuritaire, soulignant que les recherches d’éventuelles autres victimes se poursuivaient. Dimanche matin déjà à Arbinda, trois véhicules avaient été interceptés puis incendiés et un chauffeur tué par des hommes armés, selon la même source.
La commune rurale d’Arbinda est située à 90 kilomètres de Djibo, chef-lieu de la province du Soum, dans le nord du Burkina Faso, frontalier du Mali.
Cette région est en proie à des attaques de plus en plus en plus fréquentes et meurtrières, attribuées par les autorités à des groupes jihadistes. Une réunion de crise était en cours lundi « pour faire le point exact de la situation », selon l’élu local.
– Grande opération « antiterroriste » –
Arbinda a enregistré une série d’attaques meurtrières ces derniers mois, alors que les forces de défense et de sécurité mènent une grande opération « antiterroriste » dans la zone.
Début avril, 62 personnes avaient été tuées lors d’attaques jihadistes suivies d’affrontements intercommunautaires.
Et fin avril, quatre passagers voyageant dans un car reliant Dori à Arbinda avaient été tués par des individus armés.
Le Burkina Faso est confronté depuis quatre ans à des attaques, attribuées à des groupes jihadistes, dont Ansarul Islam, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) et l’Etat islamique au grand Sahara (EIGS).
D’abord concentrées dans le nord du pays, ces attaques ont ensuite visé la capitale et d’autres régions, notamment l’Est, faisant depuis 2015 plus de 400 morts, selon un comptage de l’AFP.
Ce pays pauvre sahélien d’Afrique de l’Ouest avait bénéficié d’une accalmie depuis deux semaines.
Depuis fin 2018, les attaques sont allées crescendo, visant notamment des églises chrétiennes. Des prêtres et des fidèles ont été tués dans une série d’attaques.
Des religieux musulmans ont également été attaqués, car ils sont considérés comme trop modérés par les jihadistes. Des Occidentaux ont par ailleurs été pris en otage, certains tués.
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a annoncé fin mai avoir secouru plus de 17.000 personnes, fuyant la région du Sahel du Burkina Faso à cause des attaques jihadistes.
Des centaines d’écoles ont dû fermer dans le nord du Burkina, les professeurs fuyant la région par peur d’être pris pour cible.
Malgré les déclarations rassurantes du gouvernement burkinabè qui affirme mener des opérations « antiterroristes » et avoir mis hors de combat des centaines de jihadistes, et l’appui technique des armées française et américaine notamment, les forces de sécurité burkinabè semblent incapables d’enrayer la spirale de violences depuis quatre ans.
SOURCE : AFP