Une trentaine d’experts de l’unité d’appui à l’application de la Convention sur l’Interdiction des Armes Biologiques (CIAB), de la Fondation pour la recherche stratégique, des Nations Unies, des organisations régionales et représentants officiels de 9 pays d’Afrique francophone (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Togo) ont démarré mercredi à Lomé, un conclave de deux jours, un exercice de simulation pour les États francophones d’Afrique de l’ouest en vue de discuter du rôle de l’article VII de la CIAB, a constaté une journaliste de Savoir News.
L’article VII de la Convention sur l’Interdiction des Armes Biologiques exige que les Etats parties de la convention, fournissent une assistance aux États exposés à un danger en raison d’une violation de la convention.
Organisé par le Bureau des Nations Unies pour les Affaires de Désarmement (UNODA) à travers son Centre régional des Nations Unies pour la Paix et le Désarmement (UNREC) et financé par le ministère de l’Europe et des affaires étrangères de la République française, cet exercice à dimension régionale a pour objectif d’explorer l’opérationnalisation de l’assistance aux victimes d’un état partie à un danger par suite d’une violation des dispositions de l’article VII de la CIAB.
Ces experts auront donc à évaluer les facteurs qui influenceront le processus de prise de décision nationale pouvant aboutir au déclenchement de l’article VII et les implications qu’une telle décision pourrait avoir, afin d’anticiper sur l’utilisation des armes biologiques.
« Cet exercice de simulation va consister à voir comment on peut rendre opérationnel, un article très important de la convention d’interdiction des armes biologiques, l’article VII qui prévoit que les États se fournissent une assistance mutuelle en cas d’attaques délibérées par un agent pathogène à une arme biologique. Cet article est le cœur de cette convention, mais n’a jamais été mis en œuvre de façon formelle parce qu’il n’y a jamais eu d’attaques délibérées par des armes biologiques. Mais il faut anticiper un tel scénario et l’exercice d’aujourd’hui et de demain consiste à voir comment la communauté internationale pourrait réagir de façon opérationnelle et efficacement dans un tel scénario », a expliqué Yann Hwang (Président en exercice des états parties de la CIAB).
« C’est très utile de faire cet exercice au Togo, sur le continent africain parce qu’il y a une expérience ces dernières années avec la crise Ebola qui était une crise sanitaire classique, pas une attaque délibérée par une arme biologique. C’est important d’associer l’ensemble des pays africains à ce type d’exercice », a-t-il ajouté.
Un exercice identique de simulation avait été initié en 2016 à Genève avec des États parties de la convention de différents continents.
Il sera aussi question durant la rencontre, de proposer aux États parties des, scénario très précis pour opérationnaliser l’article VII et proposer un consensus des États parties à la convention. Les participants auront également à formuler des recommandations qui alimenteront les discussions de la réunion des experts sur l’assistance, la réaction et la préparation, les 6 et 7 août prochains à Genève. Cet évènement viendra en prélude à la réunion des États parties de la CIAB en décembre de cette année.
« Aucun pays ne peut, seul, faire face aux effets des armes biologiques. Il est ainsi essentiel, aussi bien pour les États que pour les organisations intergouvernementales comme l’ONU et la CEDEAO, de travailler en étroite coopération pour prévenir la fabrication et l’utilisation des armes biologiques sur le continent. A la lumière des enseignements tirés de la crise Ebola en Afrique de l’ouest en 2014 et 2015, les États doivent régulièrement mettre à jour leurs systèmes juridiques, moyens, procédures et personnels impliqués dans la prévention et la gestion des urgences pour faire face aux situations d’urgence en rapport avec les agents biologiques et toxiques », a pour sa part souligné Anselme Yabouri (directeur de l’UNREC).
« C’est pourquoi, au-delà de cet exercice de simulation, il est attendu de la communauté internationale, la poursuite des actions de renforcement des capacités des États africains, afin qu’ils assument pleinement leur devoir de protection des populations, qu’ils sachent prévenir l’usage malveillant des sciences de la vie et des biotechnologies et réagir à temps devant les situations relatives à leurs obligations découlant de la convention, étant entendu que rien ne garantit que la survenue d’une crise en n’importe qu’elle point de la planète resterait confinée dans la région concernée, comme nous l’ont montré à suffisance les crises du H1N1 et Ebola », a-t-il ajouté.
Rappelons que la CIAB est entrée en vigueur en mars 1975 et compte à ce jour 182 États parties.
La CIAB oblige les États signataires de « ne jamais et en aucune circonstance, mettre au point, fabriquer, stocker, ni acquérir d’une manière ou d’une autre ni conserver » des armes biologiques ou à toxines. FIN
Chrystelle MENSAH
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