Liberté de la presse au Togo : L’OTM note des « améliorations » et appelle à plus « d’efforts »

La table d'honneur, lors de la rencontre.

L’Observatoire togolais des médias (OTM) a rendu public ce vendredi à Lomé, son rapport sur l’état de la presse au Togo, document qui fait état de plusieurs « améliorations » dans le professionnalisme, malgré « quelques ratés » et appelle à plus « d’efforts ».

Étaient présents, le le ministre de la communication, le coordonnateur du système des Nations au Togo et un représentant de la HAAC. Des responsables d’organisations de la presse, ont aussi assisté à la publication dudit rapport.

Mis en place par les journalistes eux-mêmes, l’OTM (qui est le Tribunal des pairs) assure l’autorégulation. Il est saisi sur plainte d’un citoyen ou d’une personne morale, et peut s’autosaisir sur certains sujets, publications ou diffusions qui violent l’éthique et la déontologie. L’Observatoire rend public son rapport sur l’état de la presse à l’occasion de la journée de la liberté de la presse.

Célébrée chaque 3 mai, la journée mondiale de la presse est dédiée à la sensibilisation sur l’importance de la liberté de la presse.  Le thème retenu cette année est « Médias pour la démocratie : le journalisme et les élections en période de désinformation ».

 

Dix audiences et plus de 20 cas réglés par échanges, depuis un an

 

Le rapport publié ce vendredi a fait état de deux cas d’agressions ou voies de fait pour lesquels l’Observatoire a été saisi : des traitements inhumains et dégradants sur un reporter du journal satirique Sika’a et un journaliste de Kanal Fm dont la main a été écrasée par la porte d’entrée du stade municipal violemment fermée par un élément des forces de sécurité sur place.

Du 03 mai 2018 à ce jour, au total 10 audiences ont été tenues et plus d’une vingtaine d’autres cas réglés par échanges, plusieurs différends entre médias et citoyens ou entités morales, ont été réglés à l’amiable grâce au plaidoyer de l’Observatoire, souligne le rapport lu par Aimé Ekpé (Président de l’OTM).

Plusieurs affaires en justice ont pu aboutir à un bon dénouement grâce aux démarches de l’OTM. L’Observatoire est intervenu directement auprès des plaignants en leur demandant un règlement à l’amiable, même si ceux-ci ont déjà engagé des procédures judiciaires et l’observatoire n’a enregistré aucune attaque entre confrères par media interposé ».

L’OTM a eu à auditionner des directeurs d’organe par rapport à leurs publications ou diffusions, soit sur des plaintes de diffamation, de demande de réparations, soit sur auto saisine. Certains ont été écoutés pour des problèmes de diffamations, de manquements professionnels, d’atteinte à l’honneur, de publication de fausses informations, etc. Et trois Directeurs de publication, ont été auditionnés par la HAAC sur des articles jugés « diffamatoire et non équilibré » ou encore « tendancieux et comportant des informations non vérifiées … », souligne le rapport.

L’Observatoire a déploré le comportement des militants de certains partis politiques qui menacent des journalistes qui animent des émissions-débats sur des radios.

Par ailleurs, l’Observatoire déplore le fait que l’aide de l’Etat à la presse soit toujours à la baisse, face aux difficultés que traverse la presse privée. De plus, la subvention de l’Etat à la presse privée prévue dans la Constitution n’est toujours pas effective.

 

Plusieurs recommandations

L’OTM a formulé un certains nombre de recommandations notamment à l’endroit du gouvernement, des journalistes, de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC), des forces de sécurité.

A l’endroit du gouvernement, la mise à disposition d’une aide spéciale substantielle à la presse en période électorale, et la  HAAC, la mise en place un mécanisme de consultation périodique entre la HAAC et les organisations professionnelles des médias, …

L’observatoire quant à elle, s’investira dans la vulgarisation du code de déontologie des journalistes du Togo, à encourager les organisations de presse à l’union, veiller aux respects des règles de confraternité…

L’OTM invite les forces de l’ordre à poursuivre les échanges avec la presse à travers les rencontres formelles (séminaires et formations) et informelles (activités sportives et culturelles).

S’agissant des journalistes, ils devront entre autres, faire preuve de professionnalisme et de responsabilité sur les lieux de reportage et particulièrement lors des manifestations publiques.

« L’environnement médiatique togolais est fortement dépendant du contexte et des acteurs politiques. Et dans l’ensemble, les professionnels des médias ont grandi en professionnalisme, malgré quelques ratés », a salué le président de l’OTM.

« Beaucoup d’efforts ont été faits dans la professionnalisation. Au niveau même des prestations — aussi bien sur les médias audio-visuels que dans la presse écrite ou en ligne — il y a eu en général une prise de conscience », a précisé Aimé Ekpé.

Rappelons que le Togo a engrangé 10 places, dans le classement de Reporters sans frontières (RSF), occupant la 76ème place dans le monde, contre le 86ème rang en 2018.

« La dépénalisation des délits de presse est acquise depuis 2004, et les organisations professionnelles de journalistes disposent d’une importante capacité de mobilisation pour défendre la presse lorsque cette dernière est attaquée », a noté Reporters sans frontières dans son rapport. FIN

 

Ambroisine MEMEDE