Les béninois étaient aux urnes dimanche, scrutin marqué par une forte abstention, une première dans l’histoire du Bénin, modèle de démocratie dans la sous-région ouest africaine.
Au total 5 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes pour ce scrutin auquel l’opposition n’a pas participé. Seuls les candidats de l’Union progressiste et du bloc républicain (tous de la mouvance présidentielle) étaient en lice pour ce scrutin, l’opposition n’ayant pas été autorisée à présenter de candidats. Elle a appelé ses partisans à bouder ce scrutin.
Dans plusieurs centres de vote à Cotonou, et dans plusieurs villes du pays, l’abstention était forte. Dans des bureaux de vote à Enagnon, un quartier populaire de Cotonou, sur 400 inscrits, les votants ont varié entre 50 et 69. La situation est identique dans des centres de vote à Guinkomey, Zongo, Sènandé où moins de 25% des inscrits ont voté.
« Nous ne sommes pas habitués à cette situation au Bénin où un seul camp va aux élections législatives. C’est vraiment inédit dans ce pays, ce qui explique le comportement des électeurs », a confié Hubert Zannou, conducteur de taxi-moto.
« C’est l’opposition même qui n’a pas voulu prendre part à ces élections. Les leaders de l’opposition voulaient nous conduire dans une autre situation, mais le président de la République a été vigilant », a lancé Marc Dossou, maître tailleur.
Pour l’instant, aucun taux de participation n’est officiellement avancé. Toute la journée de dimanche, l’Internet a été totalement coupé.
Cette coupure d’internet constitue « une violation flagrante de la liberté d’expression », a dénoncé Amnesty International dans un communiqué.
« Les autorités béninoises doivent préserver l’État de droit et les vertus démocratiques : la liberté d’expression des citoyens béninois doit être protégée, encore plus en période électorale. Nous exhortons les autorités à rétablir l’accès aux réseaux sociaux dans les meilleurs délais », avait déclaré Qémal Affagnon (coordonnateur Afrique de l’Ouest d’Internet Sans Frontières).
Des incidents ont été enregistrés dans certaines localités du nord du pays notamment à Tchaourou (département du Borgou), fief de l’ancien président Boni Yayi où le matériel électoral a été brûlé. Des incidents ont également été signalés à Tourou à Parakou (nord).
« Des agents de la police républicaine ont été blessés par des armes de fabrication artisanale notamment à Savè et une équipe de presse a été physiquement agressée à Tchaourou. Aucune perte en vie humaine, n’est à signaler. Par ailleurs, plusieurs messages proférés via les réseaux sociaux notamment à l’endroit des citoyens qui se rendaient aux urnes ont visiblement eu l’effet de dissuader certains électeurs d’aller accomplir leur devoir civique », dénoncé Sacca Lafia (ministre de l’intérieur).
« Face à cette situation, les forces de sécurité publique et de défense ont veillé scrupuleusement au maintien de l’ordre et à la protection des citoyens. Avec un professionnalisme avéré, elles ont fait face aux incidents survenus, tenant à ne blesser personne et ont garanti la sécurité à tous ceux qui sont allés voter », a-t-il salué.
« C’est pourquoi je veux aussi souligner la maturité de notre peuple, du peuple béninois et félicité chaleureusement nos forces de défense et de sécurité pour leur sens de devoir et de patriotisme ».
« Les auteurs et commanditaires des actes de vandalismes, de violences, et de barbaries répertoriés, seront poursuivis et sanctionnés avec la dernière rigueur conformément aux lois de la République », a martelé le ministre.
Précisons que le président Patrice Talon a voté peu avant 8h (heure locale) à l’École Primaire Publique (EPP) Charles Guillot à Cotonou. Ce dernier n’a fait aucune déclaration à la presse. FIN
Junior AUREL, envoyé spécial