Le président de la Guinée Alpha Condé, en visite officielle à Abidjan, a une nouvelle fois laissé planer le doute sur une modification de la Constitution qui lui permettrait de briguer un troisième mandat en 2020.
« Il y a un débat en Guinée. Moi j’observe (…), ce qui est évident c’est que le peuple guinéen est un peuple souverain, (…) qu’on ne peut pas empêcher le peuple de s’exprimer s’il le souhaite », a-t-il répondu à la presse qui l’a interrogé sur le sujet.
Il a aussi fait valoir qu’il n’avait « de comptes à rendre qu’au peuple de Guinée et éventuellement au peuple africain, mais pas à l’extérieur ». « Je fais ce qui sera la volonté du peuple de Guinée. Pour le moment (…) je laisse le débat se dérouler dans le pays », a-t-il ajouté.
Les principaux partis d’opposition guinéens, ainsi que des associations de la société civile et des syndicats, ont annoncé début avril la création d’une coalition pour empêcher Alpha Condé de briguer un troisième mandat en 2020.
Ancien opposant historique et premier président démocratiquement élu de cette ex-colonie française d’Afrique de l’Ouest régie jusqu’alors par des pouvoirs autoritaires, Alpha Condé, dont le deuxième mandat constitutionnel s’achève en 2020, a souvent contesté la pertinence de la limitation du nombre de mandats sur le continent.
M. Condé, 81 ans, n’a jusqu’à présent pas annoncé de modification de la Constitution afin de pouvoir se représenter en 2020, mais plusieurs de ses déclarations récentes ont été interprétées en ce sens. « Personne en Guinée ne m’empêchera d’aller devant le peuple pour lui demander ce qu’il veut et faire la volonté du peuple », avait-il dit le 24 mars devant les militants de son parti.
En janvier, la présidence avait publié des propos de l’ambassadeur de Russie, suggérant d’amender la Constitution pour permettre au chef de l’Etat de briguer un troisième mandat, au grand dam de l’opposition et de la société civile.
Le président ivoirien Alassane Ouattara, 77 ans, dont le deuxième mandat se termine également en 2020, entretient lui aussi le mystère quant à une éventuelle candidature. Il estime avoir le droit de se représenter en raison d’un changement de Constitution en 2016, ce que conteste l’opposition.
SOURCE : AFP