Des manifestations organisées jeudi à l’appel de plusieurs partis de l’opposition béninoise pour protester contre leur exclusion des élections législatives prévues à la fin du mois ont été interdites et dispersées à Cotonou, ont rapporté un journaliste de l’AFP et des témoins.
Début mars, la Commission électorale nationale autonome (Céna) avait estimé que seuls deux partis membres de la mouvance proche du président Patrice Talon avaient rempli les conditions requises par le nouveau code électoral – adopté l’an dernier et durcissant les règles régissant les partis politiques – pour pouvoir présenter des listes, excluant de facto toute l’opposition.
Les Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE), parti de l’ancien chef d’Etat Thomas Boni Yayi, Restaurer l’Espoir et le Parti pour la Libération du Peuple (PLP) avaient appelé leurs supporters à manifester et « envahir » le siège de la Céna.
C’est un « appel à la résistance », avaient asséné les leaders de l’opposition mercredi soir lors d’une conférence de presse.
Les rassemblements ont toutefois été dispersés dans la matinée avant même leur départ par la police et l’armée, ont raconté plusieurs témoins à l’AFP.
Le centre de la capitale économique était toujours quadrillée par d’importants détachements des forces de l’ordre lourdement armés.
A l’intérieur du pays, d’autres manifestations ont pu avoir lieu, notamment dans les communes de Djakotomey, Klouekanmey (centre) où quelques centaines de militants sont sortis dans les rues, ont déclaré des journalistes contactés sur place.
Eric Houndété, vice-président du Parlement et un des leaders de l’opposition proche de Boni Yayi assure que « sans l’opposition il n’y aura pas d’élections au Bénin » alors que les électeurs sont appelés aux urnes le 28 avril pour des législatives.
« Il n’y a pas de partis en lice pour cette élection », explique-t-il à l’AFP. « Chacun de nous sait que cette élection des députés n’aura pas lieu. Le Bénin ne permettra pas l’élection de 83 députés privés du chef de l’Etat. Nous userons de tous les moyens que la loi nous donne pour agir », a-t-il ajouté.
Un ancien président du Bénin, Nicéphore Soglo, a dénoncé de son côté une situation « ubuesque ». « Talon s’est trompé de pays et d’époque », a-t-il à la presse à son domicile.
De son côté, le gouvernement a dit vouloir « respecter scrupuleusement l’ordre constitutionnel établi, ne permettre aucune violation des lois en vigueur, poursuivre le processus pour la tenue des élections à bonne date ».
SOURCE : AFP