Neuf personnes ont été tuées samedi dans l’attaque d’un village par des hommes armés dans l’Etat de Kaduna (nord), régulièrement secoué par des affrontements intercommunautaires, a-t-on appris de sources officielles.
« Le gouvernement de Kaduna a confirmé l’assassinat de neuf citoyens par des éléments criminels qui ont attaqué le village de Nandu, dans le district de Sanga à l’aube », affirme un communiqué publié sur le compte Twitter du gouverneur Nasir Ahmad El-Rufai. »Les agences de sécurité ont retrouvé neuf corps, dont des enfants. Les assaillants ont également brûlé plusieurs maisons dans le village », ajoute le communiqué condamnant les violences.
La région de Kaduna, point de jonction entre un nord majoritairement musulman et un sud à prédominance chrétienne, est régulièrement le théâtre de vives tensions intercommunautaires, notamment entre éleveurs peul musulmans et agriculteurs chrétiens. Le conflit, qui concerne souvent l’accès à la terre et à l’eau, a pris ces dernières années une dimension ethnique et religieuse, aggravée par l’explosion démographique dans le pays le plus peuplé d’Afrique (190 millions d’habitants) et par l’instrumentalisation qu’en font souvent les politiciens locaux.
Le sud de Kaduna a été frappé par une série d’attaques meurtrières entre peul et Adara pendant le mois de février. Le 26 février, au moins 29 personnes, dont un policier, avaient ainsi été tuées dans les attaques de plusieurs hameaux par des hommes armés, soupçonnés d’être des éleveurs peulhs, selon la police locale. Une attaque probablement perpétrée en représailles aux attaques menées le 11 février contre une dizaine de communautés peules.
Selon le gouverneur El-Rufai, 130 Peul avaient alors été tués, ce que la police a toutefois refusé de confirmer, affirmant que l’enquête devait suivre son cours dans cette région isolée très difficile d’accès. Le président Muhammadu Buhari a condamné samedi soir les dernières violences dans un communiqué, exhortant les parties concernées à « cesser les violences persistantes ».
« Aucun leader responsable ne va au lit le soir en se réjouissant de voir ses compatriotes s’entretuer sauvagement sur la base de bigoteries ethniques ou religieuses », a-t-il ajouté.
« La violence ne peut pas être la solution à ces conflits persistants, les gens recourant aux provocations délibérées, à la vengeance et aux contre-représailles » pour régler leurs problèmes, a-t-il déploré.