Pour la présidentielle de samedi prochain au Nigeria vont s’affronter le président sortant Muhamadu Buhari, flanqué du vice-président Yemi Osinbajo, son rival Atiku Abubacar aidé de son vice-président potentiel Peter Obi.
– Muhammadu Buhari
Le président sortant brigue sa propre succession et sera le candidat du Congrès des progressistes (APC).
Premier opposant à remporter un scrutin présidentiel depuis l’avènement de la démocratie, l’ancien général, malgré son âge – 76 ans -, incarnait le changement et inspirait la confiance au moment de son élection en 2015.
Muhammadu Buhari, ancien dirigeant pendant les dictatures militaires des années 1980, de réputation austère et droit, serait intransigeant avec les corrompus et sans pitié avec les jihadistes, selon ses promesses.
Sa présidence aura été ternie, dès le début de son mandat, par sa lenteur à former son gouvernement et par les inquiétudes sur ses capacités physiques à gérer un pays de 190 millions d’habitants.
Et pourtant, malgré ce bilan très critiqué, tant au niveau économique que sécuritaire, « Baba » continue à rassembler des foules impressionnantes dans le nord du pays, d’où il est originaire.
A Kano, Taraba ou dans l’Etat de l’Adamawa, ses meetings rassemblent des marées humaines, et même si beaucoup font le déplacement en espérant récupérer quelques billets et de la nourriture, l’affection de ses supporters et le respect qu’impose le vieil homme sont palpables.
Clanique, attaché à ses origine sahéliennes, il peine à faire confiance à ceux qui ne sont pas de sa région, à l’exception sans doute de son vice-président Osinbajo, yorouba du Sud-Ouest et a placé des hommes du Nord aux postes stratégiques de gouvernance.
– Yemi Osinbajo, son vice-président
En quatre ans, le vice-président Yemi Osinbajo a fait du chemin. Cet inconnu du grand public est devenu un leader populaire particulièrement apprécié de la jeunesse nigériane.
A 61 ans, il est d’une personnalité affable et plutôt joviale. Originaire du pays yoruba (sud-ouest du Nigeria), il fut à la fois avocat et pasteur évangélique, après des études à l’université de Lagos et à la prestigieuse London School of Economics.
Surtout, le président Buhari a trouvé en lui un allié fidèle. M. Osinbajo a évolué très tôt dans un milieu de décideurs et possède un réseau important: sa femme et la mère de ses trois enfants n’est autre que la petite-fille du père de l’indépendance nigériane, Obafemi Awolowo.
Petit, portant souvent un costume d’homme d’affaires et un chapeau yoruba traditionnel, Yemi Osinbajo a eu l’occasion de revêtir l’habit de chef d’Etat en exercice pendant les séjours répétés de Buhari à Londres pour des raisons médicales.
Discret et travailleur, le vice-président, très populaire au sein de la jeunesse, est un atout décisif pour une réélection de M. Buhari. Dans les quartiers populaires de Lagos, c’est son nom, et non celui du boss, qui revient sur toutes les lèvres.
– Atiku Abubakar, l’opposant
Atiku Abubakar, ancien vice-président pendant huit ans (1999-2007), connaît mieux que personne les rouages de la politique nigériane et veut se placer comme le candidat favori du secteur privé et des jeunes.
Il est réputé être l’un des hommes les plus corrompus du Nigeria. Il a pourtant remporté la primaire du Parti populaire démocratique (PDP), le principal parti de l’opposition, en octobre dernier.
A 72 ans, ce scrutin est sa quatrième tentative d’accéder à la présidence. Qualifié « d’opportuniste » par beaucoup, il a changé à chaque fois de parti politique pour pouvoir s’engager dans la course.
Polygame, avec plus d’une vingtaine d’enfants, Abubakar est considéré comme un homme du Nord, mais après une carrière aux Douanes, notamment à Lagos, la capitale économique, il a tissé un important réseau dans le Sud.
Le candidat du PDP se veut rassembleur face à un Buhari accusé de favoriser son clan nordiste. Toutes ses épouses sont d’ailleurs d’origines ethniques différentes, fait très rare dans un pays encore très divisé entre les Haoussas du nord, les Yorubas du Sud-Ouest et les Igbos du Sud-Est.
Atiku Abubakar est un homme d’affaires multi-millionnaire, ayant investi dans de nombreux secteurs notamment celui de l’import-export, du pétrole, de l’agriculture, des télécommunications et plus récemment de la santé.
Issu d’une famille très pauvre de l’Etat de l’Adamawa (nord-est), et ayant fait peu d’études, il assure « tout devoir au Nigeria ». « C’est pour cela que je veux être président, pour rendre à mon pays ce qu’il m’a permis de devenir », assure-t-il.
– Peter Obi, son vice-président
Il fallait bien un homme réputé pour son intégrité et sa lutte anti-corruption pour seconder le héraut de l’opposition à la présidentielle, accusé d’être l’un des politiques les plus corrompus du Nigeria.
La candidature de Peter Obi, ancien gouverneur de l’Etat d’Anambra, peut apporter le soutien du Sud-Est marginalisé et calmer les sentiments sécessionnistes qui s’expriment contre le pouvoir central d’Abuja depuis des décennies.
L’ethnie igbo, à laquelle il se rattache, s’est toujours sentie rejetée par l’élite politique, et beaucoup réclament encore l’indépendance.
Peter Obi, 57 ans, est un homme politique nigérian « typique », avec des activités économiques dans le secteur bancaire, dans les brasseries et sur le marché boursier.
Mais sa réputation d’incorruptible est un atout imparable pour le PDP, aujourd’hui dans l’opposition.
Obi a même déclaré un jour avoir la même montre depuis 17 ans et porter des chaussures valant moins de 50 livres (57 euros). Une grande différence avec « Atiku », son jet privé et sa Rolex.
Ce fervent catholique, marié et père de deux enfants, a une soeur aînée religieuse et un frère cadet prêtre.
SOURCE : AFP