La campagne électorale en vue des élections présidentielle et législatives de samedi au Nigeria, s’achève ce jeudi dans le calme à Lagos, a constaté l’envoyé spécial de l’Agence Savoir News.
Quelques 84 millions d’électeurs (pour 190 millions d’habitants) seront aux urnes pour choisir le futur président parmi les 73 candidats dont le président sortant Muhammadu Buhari (76 ans).
A quelques heures de la fin de la campagne, dans la ville de Lagos, tout était calme. Pas de tension perceptible dans les quartiers de la ville où les partisans des candidats rivalisent d’ardeur et d’ingéniosité.
Dans la journée, les caravanes des différents candidats ont sillonné les rues de Lagos, distribuant des affiches de leur candidat, sur fond d’ambiance musicale. A côté, les habitants de Lagos vaquent librement à leurs occupations : les bars, restaurants et commerces ouverts.
Pour l’officier sécuritaire de la police de la ville de Lagos, M. Oke, toutes les dispositions sont prises pour la sécurité non seulement des populations avant, pendant et après les élections mais surtout pour permettre aux électeurs d’accomplir leur devoir civique en toute sérénité.
73 candidats issus de 91 Partis politiques dont l’ancien vice-président Atiku Abubakar (72 ans) sont en lice. Les bureaux de vote ouvriront de 8H00 à 14H00 sur toute l’étendue du territoire.
Avec une population de près de 23 millions d’habitants, Lagos présente aujourd’hui l’aspect d’une ville calme où se conjuguent sérénité et sécurité.
Une importante mission d’observation de la Cédéao
Plusieurs observateurs de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) suivent de près le déroulement du processus électoral.
Précisons que le général Francis Béhanzin (commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité à la Cédéao), a appelé mercredi, à une réduction du coût des élections afin de rendre la démocratie abordable, plus participative et plus inclusive. En tant que première étape vers la réalisation de cet objectif, il a appelé à un soutien en faveur de la création d’un dépôt régional de matériel électoral accessible aux organes de gestion des élections (OGE) dans l’espace Cédéao.
Échangeant des points de vue avec des membres en visite de la mission d’appui par les pairs et d’apprentissage du Réseau des commissions électorales de la CEDEAO (ECONEC) installé dans son bureau à Abuja le 13 février, le Commissaire a noté que le coût élevé des élections pourrait entraver le renforcement de la démocratie dans la région.
À cette fin, il a exhorté les Organismes de Gestion des Élections (OGE) à redoubler d’efforts, ajoutant que le dépôt régional de matériel électoral envisagé par la Cédéao pourrait faciliter la mise en commun des ressources, éliminer les coûts en double et finalement rendre les élections moins coûteuses.
Le 16 février et le 2 mars 2019, la République fédérale du Nigeria organisera son sixième tour des élections législatives depuis le retour du régime démocratique en 1999.
Le Nigeria est une république fédérale, avec 36 États fédérés dirigés par des gouverneurs, un territoire de la capitale fédérale (FCT) et 774 zones de gouvernement local. Les trois branches du gouvernement sont pleinement fonctionnelles et séparées.
Un système démocratique multipartite
Le Nigeria exploite un système démocratique multipartite. Au niveau fédéral, un président est élu tous les quatre ans. Le mandat du président en exercice prend fin le 29 mai 2019. Au niveau national, le pays dispose d’une législature bicamérale comprenant un Sénat de 109 membres et une chambre des représentants de 360 membres.
Chacun des 36 États de la fédération est divisé en trois districts sénatoriaux, tandis que le FCT compte un district. Les membres des deux chambres sont également élus pour un mandat de 4 ans.
La période de campagne pour les élections présidentielle et à l’Assemblée nationale s’est officiellement ouverte les 18 novembre et 1er décembre 2018 pour les élections au gouverneur et à l’assemblée des États. Cependant, les campagnes électorales ont déjà commencé avant la période légale stipulée. L’espace est assez ouvert avec des affiches et des panneaux d’affichage et des rassemblements se déroulant dans le pays dans une relative liberté.
Il convient de noter qu’étant donné que les deux principaux candidats à la présidence sont originaires du nord (musulmans), les nuances ethniques et religieuses qui ont caractérisé la saison des élections de 2015 ont été considérablement atténuées.
Campagne marquée par des violences, 20 morts
Rappelons tout de même qu’au moins quinze personnes ont été tuées mardi dans une bousculade à la fin d’un meeting du président Muhammadu Buhari à Port-Harcourt, dans le sud-est du Nigeria, selon un nouveau bilan mercredi de sources hospitalières.
Le weekend dernier, cinq personnes ont été tuées dans des règlements de comptes politiques entre partisans de l’APC au pouvoir et du principal parti d’opposition, le Parti populaire démocratique (PDP), près de Warri, autre ville pétrolière de la région du delta.
Le président Buhari, ancien général qui a dirigé une première fois le pays pendant les dictatures militaires des années 80, est en lice pour un second mandat et affrontera le candidat du PDP Atiku Abubakar, ancien vice-président entre 1999 et 2007. FIN
Crédo TETTEH, envoyé spécial