Oubliez le champagne, le Ghana célèbre Noël avec ses boissons traditionnelles

Comme tous les ans en décembre, la capitale ghanéenne, Accra, est en pleine effervescence. On célèbre les vacances et les fêtes et c’est l’occasion de lever son verre de kokroko, de pito, ou de bière à l’hibiscus pour faire oublier la chaleur des tropiques.

Le mois de décembre est consacré à « faire la fête, boire et profiter », s’amuse l’artiste Tijana Jawarah Ali en sirotant son verre de kokroko au Republic Bar à Osu, quartier branché et nocturne d’Accra.

Cocktail vedette de l’établissement, le kokroko est un mélange conçu à partir d’une liqueur locale de canne à sucre, l’akpeteshie, servie avec de la glace pilée et du sobolo, une boisson rouge à base de feuilles d’hibiscus.

Cette liqueur traditionnellement consommée dans les zones rurales à travers tout le Ghana est désormais proposée dans les bars et restaurants tendances de la capitale.

Le copropriétaire des lieux, Raja Owusu-Ansah, a ouvert les portes de son établissement en 2012 dans le but même de remettre au goût du jour des liqueurs comme l’akpeteshie, servie, quand il était petit lors des fêtes traditionnelles.

Des distillateurs locaux d’akpeteshie produisent d’ailleurs la propre marque du bar, en s’appuyant sur de petits agriculteurs de canne à sucre, le long de la côte Atlantique. Après distillation, le liquide obtenu est clair avec un arôme et une saveur sucrés, similaire à la Cachaca du Brésil.

– Sorgho et hibiscus –

Mais le kokroko n’est pas la seule boisson ayant reconquis les papilles des Ghanéens.

Dans la ville côtière et festive de Tema, à quelques kilomètres d’Accra mais à des heures d’embouteillages pendant les fêtes, on savoure le pito, un breuvage à base de sorgho et d’eau.

Depuis plus de 30 ans, Veronica Dakurah, 67 ans et désormais grand-mère, concocte son célèbre pito, qu’elle tient à servir dans des calebasses et non, comme d’autres vendeurs moins consciencieux, dans des bouteilles en plastique le long des routes.

Dans la « Pito House », le nom de son « maquis » (bar de quartier), Veronica fait mijoter sa recette pendant des heures, sur un feu préparé avec du bois et des tiges de bambou.

Bientôt les fêtards accourront le long de la plage, dans les boîtes de nuit ou les bars pour venir danser sous les étoiles.

« Ils savent qu’il n’y a pas de produits chimiques dans le pito, c’est pour ça qu’ils l’aiment bien », raconte la cuisinière alors que ses clients vont et viennent dans son petit établissement.

Cette boisson fermentée est originaire du nord du pays mais trouve un succès retentissant désormais dans le sud.

« Je prends du pito et je me sens fort tout le temps! », lance Mamudu Sully, chauffeur routier assis sur un banc en bois, en levant son poing dans les airs.

– De Washington à Accra –

L’engouement pour les boissons locales s’est même étendu au marché de la bière, traditionnellement dominé par les grandes multinationales telles que Guinness Breweries Star ou le Sud-africains SAB.

Le brasseur Clement Djameh reçoit de plus en plus de commandes pour ses bières faites maison, notamment la plus populaire: une bière blonde à la couleur caramel doré et corsée à base de sorgho malté.

Entre les fêtes, les mariages et les funérailles, Djameh assure qu’il ne peut pas répondre à la demande.

Son exemple fait des émules. A plusieurs milliers de kilomètres de là, à Washington, Kofi Meroe et son partenaire ont décidé de créer la « Hypebiscus pale ale », une bière artisanale de qualité supérieure, à la note florale d’hibiscus.

Mais ils espèrent un jour vendre leur bière au Ghana, leur pays d’origine.

« Le marché est prometteur, et le lancement récent de quelques grandes marques locales est une indication que ça peut marcher », se réjouit l’entrepreneur.

SOURCE : AFP