Législatives : La page « fermée », place aux « véritables préoccupations et aspirations des togolais » (Gilbert Bawara)

Gilbert Bawara.

La page des élections législatives est définitivement « fermée », place maintenant aux « véritables préoccupations et aspirations des togolais pour de meilleures conditions de vie en matière d’éducation, de santé, de création d’emplois… », a sifflé ce vendredi Gilbert Bawara (ministre de la fonction publique).

« Maintenant, il va falloir fermer la page des débats politiques et des élections législatives. Cela ne signifie pas qu’il ne faut pas continuer avec des efforts d’ouverture et d’apaisement du climat socio-politique, mais il va falloir se concentrer davantage sur les véritables préoccupations et aspirations des togolais, pour de meilleures conditions », a souligné le ministre dans une interview accordée à trois médias (Savoir News, Afreepress et Radio Nana Fm).

Plus de 3 millions de togolais ont voté jeudi dans le calme, mais sous une forte surveillance des forces de sécurité, pour élire les 91 députés devant siéger au sein de la prochaine Assemblée nationale.

Ces élections se sont déroulées dans un climat tendu, la principale coalition des 14 partis politiques de l’opposition ayant boycotté le scrutin.

Les leaders de ce regroupement n’ont pas présenté de listes pour ces législatives dénonçant des « irrégularités ». Ils ont tout le temps exigé l’arrêt du processus électoral et la reprise de toutes les activités déjà menées par la Commission électorale nationale indépendante (Céni). La veille, ils avaient appelé la population à une «mobilisation» pour empêcher le vote.

‘Le cataclysme n’a pas eu lieu’

« Malgré les intimidations, les menaces, les appels et les messages incitant à la violence, aux affrontements, aux blocages et destructions, les togolais ont fait preuve d’un grand sens de civisme, de patriotisme et de responsabilité en refusant de céder et de se livrer à cette spirale destructrice, parce qu’en fin de compte nous sommes tous des frères et sœurs togolais. Il ne faut pas que des erreurs de certains de nos frères et sœurs qui ont décidé librement de rester en marge du processus, conduisent le pays dans l’abîme. Le cataclysme qui a été promis aux togolais n’a pas eu lieu, le désastre qui a été promis aux togolais n’a pas eu lieu », a souligné le ministre.

« C’est un sentiment de satisfaction », a poursuivi M.Bawara, « parce que ce scrutin posait d’immenses et multiples défis ».

« Le premier défi était d’ordre sécuritaire au regard de la psychose que la C14 a cherché à instaurer. Il fallait donc assurer efficacement la sécurité et le bon déroulement du scrutin dans la paix, le calme et la sérénité et veiller à ce que tous les togolais (ceux qui participaient au vote, ainsi que ceux qui ne participaient pas) et les observateurs électoraux ne soient inquiétés et exposés de quelque manière que ce soit. Le deuxième défi était d’ordre politique et institutionnel, car ces élections permettent le renouvellement de l’Assemblée nationale, le mandat des députés actuels étant échu depuis six mois. « .

 

 « Un coup pour rien »

A en croire les responsables de la coalition de l’opposition, les législatives de jeudi, constituent « un coup pour rien ».

« Ces élections législatives constituent un coup pour rien. Les togolais ont montré qu’ils sont souverain. Les Togolais ont préféré la guerre froide. Ils ont choisi de résister en restant chez eux. Le régime doit comprendre que le vote de ce jour est une erreur », avait déclaré jeudi sur radio Kanal Fm Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson (coordinatrice de la coalition de l’opposition).

« C’est une erreur et il n’est jamais trop tard de bien faire. Le régime viendra à de meilleur sentiment », avait-elle ajouté.

Mais pour le ministre Bawara, les élections législatives vont plutôt marquer un nouveau tournant de la vie politique togolaise : « nous nous félicitons de la tenue de ces élections, car nous allons amorcer une nouvelle phase de la vie nationale qui nécessitera de profondes réformes en matière de gouvernance ».

« A partir de ces législatives, le gouvernement et la nouvelle Assemblée nationale vont redoubler et intensifier d’effort pour apaiser davantage le climat socio-politique et rassembler le pays et unir les togolais autour d’objectifs communs de développement économique et social. Il ne faut pas se voiler la face, les mois écoulés ont été aussi marqués par beaucoup de ressentiments et de récriminations, beaucoup de reproches mutuels. C’est pourquoi il était important que ces élections aient lieu », a-t-il indiqué.

S’attaquer ‘rapidement aux réformes’

Les prochains jours, les 91 députés issus de ces législatives seront connus. Au total 850 candidats issus de 130 listes de 12 partis politiques et d’indépendants ont pris part à ces élections.

« Il va falloir, pour les femmes et les hommes qui auront été élus, agir dans un esprit de responsabilité inédit, parce que la crise que nous avons traversée, a révélé un certain nombre de difficultés, d’attentes et d’exigences de la       part de nos concitoyens. Et il va falloir que l’Assemblée nationale en soit pleinement consciente. Bien entendu, il y a un sujet majeur qui a toujours été source de crispations, qui a toujours cristallisé les passions, les tensions et les contestations : les réformes constitutionnelles », a précisé M.Bawara.

« Aujourd’hui, nous avons sur la table de l’Assemblée nationale, un projet de révision constitutionnelle, qui consacre des avancées et des innovations inédites. Il faudra qu’en priorité, la nouvelle Assemblée nationale s’attaque à l’adoption et à la mise en œuvre diligente de ces réformes constitutionnelles pour que cette question soit évacuée et vidée une fois pour de bon et que cette pagne-là soit tournée », a-t-il martelé.

Notons que la Céni dispose de 6 jours au plus, pour proclamer les résultats provisoires de ces élections.

Le taux de participation « provisoire et partiel » pour ce scrutin est estimé à 59,96%, a annoncé ce vendredi Prof. Kodjona Kadanga (président de la Céni). FIN

Junior AUREL