Une soixantaine d’acteurs de la société civile africaine dont le président du Mouvement Martin Luther King/Togo, Pasteur Edoh Komi, ont entamé ce dimanche à Mombasa (Kenya), trois jours de conclave sur l’épineuse problématique des restrictions faites aux droits des libertés des peuples d’Afrique.
Les travaux se déroulent à Mombasa à Bamburi Beach Hôtel, situé au bord de l’océan Indien. Cette conférence est organisée par « InformAction » – une plateforme de la société civile et de production médiatique sur la justice et l’égalité sociale basée en Nairobi au Kenya – en collaboration avec son partenaire Open Society justice initiative des États-Unis.
La plupart des participants sont venus des pays anglophones d’Afrique Australe et orientale (Malawi, Kenya, Soudan du Sud, Zimbabwe, Ouganda, Afrique du Sud, Tanzanie, Mozambique (lusophone) et le Nigeria.
Le Togo et la RD Congo sont les deux pays francophones à cette rencontre. On pouvait aussi noter la présence remarquable d’Amnesty International, de la Fédération internationale des Droits de l’homme, de la Fédération Africaine des Journalistes et d’Open Society justice Initiative.
Après la présentation des participants, place à l’état des lieux dans chaque pays, ce qui a permis aux participants d’appréhender la situation avec beaucoup de précisions, a expliqué Pasteur Edoh Komi, joint au téléphone par la rédaction de l’Agence Savoir News.
La démocratie en Afrique reste encore une illusion
« Il nous a été donné de constater que la démocratie en Afrique reste encore une illusion avec des violations flagrantes des droits de l’homme et des libertés des citoyens. C’est horrible et ahurissant. Au terme de cette épreuve, les pays anglophones prennent une avance sur les pays francophones et vous connaissez bien les raisons. Cet état de chose a permis aux participants, d’identifier trois systèmes de gouvernement en Afrique : Pays de jeunes démocraties (7/10), pays en transitions démocratiques (5/10) et les pays autocratiques (2/10) », a relaté le président du MMLK, avant de s’interroger : « Où place-t-on le Togo ? Il revient à chacun de lui trouver une position ».
« Or les droits aux libertés (de manifestations, de réunions, d’associations, d’expression, de conscience et de religions) sont garantis par la Déclaration Universelle des Droits de l’homme, de charte africaine des droits des peuples et de l’homme et des constitutions nationales. Mais il est dommage que tout est foulé aux pieds. Même les régimes d’autorisation autrefois, sont passés au régime d’information dont le cas du Togo depuis la loi du 16 mai 2011 ».
Dans les violations de ces droits, a poursuivi Pasteur Edoh Komi, « sont pointées des doigts les forces de défense et de sécurité souvent instrumentalisées pour des fins politiques. Ce sont elles qui agressent, qui brutalisent et qui tuent lors des manifestations. Il est vrai aussi que l’inverse survient dès fois avec des manifestants furieux qui agressent les forces de sécurité ».
A Mombasa, le système judiciaire n’est pas aussi épargné
« Le système judiciaire n’est pas aussi épargné à Mombasa où les juges véreux et corrompus condamnent les manifestants innocents et laissent les coupables libres. Il est essentiel de noter que la conférence entend donc jeter les bases d’une société civile désormais forte et engagée en Afrique et dans chaque pays, avec des actions unitaires et collectives pour relever les grands défis », a-t-il souligné.
Pour le MMLK, les droits des peuples d’Afrique aux libertés générales qui sont des principes fondamentaux de la dignité humaine, « ne peuvent être guère négociés avec leurs dirigeants ».
« Nous devons nous battre pour cela, comme étant un objectif à atteindre. Car, les droits d’une personne humaine sont intrinsèquement liés à cette personne. Plus rien ne peut nous arrêter avec une société civile forte et entreprenante, portant l’espoir des peuples », a martelé Pasteur Edoh Komi.
« Pendant longtemps, nous sommes restés inactifs et muets sur les violations des droits des peuples et cela nourrit l’impunité des acteurs. Désormais, il nous faut les dissuader, voire les pousser jusqu’au dernier retranchement. La rencontre de Mombasa va certainement jeter les bases fortes et solides d’une Afrique aux rendez-vous du 21eme siècle, déjà amorcés avec tant de projets technologiques », a-t-il ajouté. FIN
Junior AUREL