L’archevêque de Kinshasa Laurent Monsengwo, une des voix critiques de l’opposition aux pouvoirs en République démocratique du Congo, a cédé jeudi son fauteuil à Mgr Fridolin Ambongo à moins de deux mois d’une présidentielle décisive qui doit entrainer la succession du président Kabila, a déclaré un porte-parole de l’Eglise.
« Le pape François a accepté aujourd’hui (jeudi) la renonciation du cardinal Laurent Monsengwo à la tête de l’archidiocèse de Kinshasa, introduite depuis 2015, et Mgr Fridolin Ambongo a pris les rênes de l’archidiocèse de Kinshasa », a précisé à l’AFP l’abbé Bruno Lusongakio, porte-parole de l’archidiocèse de Kinshasa.
Le cardinal Monsengwo devient donc archevêque émérite de Kinshasa.
« La passation de pouvoir et de service a eu lieu aujourd’hui à Kinshasa en présence du Nonce apostolique » tandis que l’inauguration officielle du ministère de Mgr Ambongo aura lieu le 25 novembre 2018 à la cathédrale Notre Dame du Congo », a indiqué l’abbé Lusongakio.
Âgé de 79 ans, Mgr Monsengwo est l’une des voix critiques envers les différents régimes qui se sont succédé en RDC (ex-Zaïre), du dictateur Mobutu Sese Seko 1965-1997) à Laurent-Désiré Kabila 1997-2001), puis Joseph Kabila.
« Que les médiocres dégagent » avait lancé Mgr Monsengwo après la répression de l’une des premières marches anti-Kabila le 31 décembre 2017 qui avait fait six morts à Kinshasa, après un second report des élections en RDC.
En réponse, le président Joseph Kabila avait critiqué l’ingérence de l’Eglise catholique dans les affaires politiques en RDC dans sa conférence de presse du 26 janvier: « Rendons à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ».
Entre décembre 2017 et février 2018, les catholiques ont organisé trois marches en RDC contre le maintien au pouvoir du président Kabila.
En février, le pape François avait alors désigné Mgr Fridolin Ambongo, considéré également comme une voix critique du régime, pour succéder au cardinal Monsengwo.
Prévues initialement pour décembre 2016, les élections présidentielle, législatives et provinciales qui doivent organiser la succession du président Kabila sont prévues pour le 23 décembre 2018.
La Constitution interdisait à Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, élu en 2006 et réélu dans la contestation en 2011, de se représenter. Le chef de l’État a finalement désigné son ex-ministre de l’Intérieur, Emmanuel Ramazani Shadary, comme candidat de sa majorité à la présidentielle.
Un total de 21 candidats sont en lice pour ce scrutin clé.
SOURCE : AFP