Les décideurs politiques (représentants des différents ministères, des services météorologiques, du monde universitaires) se sont réunis ce vendredi à Lomé en vue de prendre connaissance des grandes conclusions du projet « Dynamics Aerosol Chemistry Cloud Interractions in West Africa » (DACCIWA), a constaté une journaliste de Savoir News.
Financé à hauteur de 9 millions d’euros (5,903 milliards de F.CFA) par l’Union européenne (UE), DACCIWA a pour objectif d’évaluer l’influence des émissions produites par l’homme sur la composition atmosphérique en Afrique de l’ouest (Côte d’Ivoire, Ghana, Togo, Bénin et Nigeria) et d’évaluer leur impact sur la santé des hommes et des écosystèmes ainsi que sur la météorologie régionale.
Ce programme a permis pour la première fois à des scientifiques d’étudier intégralement les impacts des émissions naturelles et anthropiques sur l’atmosphère de cette région, ainsi que sur la santé des populations, grâce à une campagne de terrain de grande ampleur en juin et juillet 2016.
« L’idée du projet DACCIWA, c’est d’améliorer la connaissance des émissions anthropiques produits par l’homme, les industries, le trafic et tout ce qui est techniques de brulage agricole et domestique et comprendre comment cela va modifier les grands équilibres radioactifs et dynamiques de la sous-région ouest africaine. Une pollution modifie les propriétés des nuages, modifie la perception de la chaleur en surface, ce qui modifie la mousson et la pluviométrie dans la région », a expliqué Dr. Cyrille Flamant (directeur de recherche CNRS à l’université de Sorbonne).
« Trop souvent, les chercheurs se contentent de publier leurs résultats. Mais aujourd’hui, il faut qu’on arrive à toucher les populations et passer par les décideurs, leur dire que ce qu’on fait. Nous voulons sensibiliser les décideurs afin que dans un avenir très proche, ils prennent les mesures qui s’imposent pour améliorer le problème de la qualité de l’air en Afrique de l’ouest », a-t-il ajouté.
Étant un projet sous-régional, DACCIWA a révélé des données beaucoup plus exactes sur le niveau de la pollution, les sources de pollution, l’impact sur la santé humaine et l’impact sur la météorologie et le climat.
Les premiers résultats montrent, de façon surprenante, qu’une grande partie de la pollution est d’origine organique, liée à la combustion permanente, à basse température, dans les décharges à ciel ouvert. Les particules produites réduisent la quantité de rayonnement solaire qui atteint le sol, modifiant l’évolution diurne de la température, du vent et des nuages, ainsi que la dynamique atmosphérique.
« Un des premiers constats que nous avons fait, c’est que la pollution qu’on pensait importante aux larges de la côte à cause des bateaux et des plateformes pétrolières, est au contraire assez faible. L’autre grand constat que nous avons fait, c’est qu’effectivement au dessus de l’océan, il y a des quantités très importantes d’aérosols qui proviennent des régions où sont brûlées les forêts en Afrique centrale et en Afrique du sud. Et cela contribue des fois à 40 ou 50% de la pollution qui arrive à la côte, à Lomé mais aussi dans les grandes villes », a souligné M. Flamant.
« La troisième grande conclusion, c’est que de manière générale, la pollution qui est émise dans les grandes villes en Afrique de l’ouest est au-dessus des normes imposées par l’OMS. Que ce soit à Lomé, Abidjan ou Cotonou, on est toujours au-dessus des normes surtout des émissions qui sont très nocives pour la santé », a-t-il ajouté.
Le Togo, tout comme les 4 autres pays, a joué un rôle très important lors de la campagne de terrain notamment en hébergeant les 3 avions de recherche (un français, un allemand et un britannique) sur l’aéroport militaire de Lomé ainsi que le centre d’opérations installé à Lomé.
« Pour le Togo, c’est la première fois qu’on a fait des mesures autour de Lomé à partir des mesures avions du panage de production de la ville. C’est vrai que Lomé ne pollue pas comme Lagos ou Abidjan, mais ce qui est important de relever c’est la présence des aérosols qui peut causer des problèmes respiratoires très importants », a confié le directeur de recherche CNRS à l’université de Sorbonne.
Désormais, l’Afrique de l’ouest dispose de donnés fiables pour inclure dans les politiques et projets de développement, l’aspect environnemental et préservation de l’écosystème pour la survie humaine.
Rappelons que le projet DACCIWA a démarré en décembre 2013 et prendra fin en novembre 2018. FIN
Chrystelle MENSAH
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