Adopté le 3 août dernier en Conseil des ministres, le Plan national de développement (PND/ 2018-2022), s’est donné le défi de faire du Togo, la « plateforme économique par excellence » dans la sous-région.
Document de référence qui guide l’action gouvernementale et les relations avec l’ensemble des partenaires du Togo, il succède à la Stratégie pour la Croissance Accélérée et l’Emploi (SCAPE/2013-2017), qui a permis au Togo d’amorcer des transformations économiques profondes, notamment la modernisation de ses infrastructures.
En cinq années de mise en œuvre, plus de 4622,2 milliards FCFA (environ 8,3 milliards $) de ressources seront nécessaires pour transformer structurellement l’économie togolaise pour une croissance forte, durable, résiliente, inclusive et créatrice d’emplois, améliorant le bien-être social.
Alors, si le PND nécessite de gros investissements, le rôle du secteur privé sera prépondérant. Figure de proue de cette stratégie de développement, les privés pourraient y participer à hauteur d’un peu plus 2999,1 milliards de FCFA (5,4 milliards $), soit 65% du coût global du PND. Les dépenses d’investissement public, quant à elles, sont attendues à 1623,1 milliards de FCFA (2,9 milliards $), représentant 35% du coût global.
7,6% de croissance et 500.000 emplois directs décents
« Dans le viseur, on s’attend à ce que la croissance économique résultant d’une mise en œuvre soumise à un monitoring innovant, se situe à 6,6% en moyenne par an pour atteindre 7,6% en 2022 », souligne une note des services compétents de la présidence togolaise.
« Cette performance notable devrait contribuer à améliorer la création d’emplois, la redistribution de la richesse nationale, afin réduire drastiquement la pauvreté, ainsi que le niveau de développement humain grâce à un meilleur accès aux services sociaux de base. Les objectifs sont clairs et quantifiés. Dans le détail, le PND devrait permettre de fournir à plus de 500.000 personnes un emploi direct durable et décent. L’amélioration de la compétitivité et de la productivité de l’économie contribuera elle, à relever le revenu par habitant de 9,7% à 670 $, avec une amélioration de la distribution, selon une première estimation », précise le document.
L’objectif poursuivi par le PND, tire ses fondements du projet de société du chef de l’État Faure Gnassingbé, décliné dans la déclaration de politique générale du gouvernement, ainsi que des engagements souscrits par le Togo au niveau communautaire, continental et international notamment, la vision 2020 de la communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, l’agenda 2063 de l’Union Africaine et l’agenda 2030 de développement durable.
Il est le fruit d’un processus participatif intense ayant impliqué les différentes parties prenantes de l’administration publique, des institutions de la République, du secteur privé, de la société civile, des régions ainsi que des partenaires techniques et financiers.
Tirer le « meilleur » du Focac
A Pékin où se déroule le septième « Forum sur la coopération sino-africaine » (Focac), le gouvernement togolais entend « tirer le meilleur» de ce grand rendez-vous, en mettant en vedette ce programme très ambitieux.
Les autorités togolaises misent fortement sur des rencontres bilatérales avec les autorités chinoises et le secteur privé chinois, afin de les inciter à venir investir au Togo.
Il est prévu — en marge du sommet — un « Business Forum », rencontre au cours de laquelle le PND sera largement exposé. Ce Forum se déroulera dans la Province du Zhiejan — l’un des symboles du miracle économique chinois – en présence du chef de l’État Faure Gnassingbé.
Cette rencontre mobilisera des hommes d’affaires chinois de la province et de la Chine en général. Le forum sera marqué par la signature d’un partenariat stratégique avec des représentants locaux.
Cet accord avec la 4e province chinoise en termes d’activités économiques, ouvrira la voie à des investisseurs chinois importants pour la mise en œuvre de ce Programme.
Déjà plusieurs responsables de sociétés chinoises spécialisées notamment dans la réalisation des infrastructures ont échangé lundi et mardi avec le président Faure Gnassingbé, sur place à Pékin depuis samedi dernier.
Lundi, le président de la République s’est déplacé en personne, au siège de l’AIIB où il s’est entretenu avec Jin Liqun, Président de l’Asian Infrastructure Investment Bank (AIIB).
Le PND doit être financé à 65% par le secteur privé en l’occurrence les banques et les investisseurs. Et dans le cadre de sa promotion, le chef de l’État a rappelé (avec force) aux responsables de l’AIIB, les trois grands axes du PND et insisté sur la volonté du Togo à « capter le maximum d’investissements ».
Ce rendez-vous clé auprès de l’AIIB, une des banques multilatérales les plus imposantes en Chine et en Asie, démontre la volonté du chef de l’État à aller vite dans la réalisation des objectifs du PND.
Jin Liqun s’est dit impressionné par ce programme ambitieux et prêt à accompagner les investisseurs qui veulent aller au Togo. Il a surtout ce cadre institutionnel de développement dont s’est doté le Togo.
Les trois grands axes du PND
Ce Plan ambitieux qui révèle la vision du gouvernement à moyen terme, repose sur trois « axes stratégiques »:
L’axe 1 positionne la mise en œuvre des grands investissements en infrastructures logistiques et d’affaires comme le principal gisement de la croissance à court terme. Il vise la mise en place d’un hub logistique d’excellence et d’un centre d’affaires de premier ordre dans la sous-région, notamment à travers une amélioration des infrastructures existantes et de la connectivité multimodale et des TIC.
L’axe 2 vise le développement industriel dans des secteurs créateurs de valeur ajoutée et significativement tournés vers l’exportation (agrobusiness, manufacture) et la satisfaction de la demande interne. Ce développement industriel a vocation à soutenir la croissance à long terme de l’économie ainsi que l’activité logistique et de service. Il est le creuset de la transformation structurelle de l’économie. Ce deuxième axe va s’atteler à développer des pôles de transformation agricole, manufacturiers et d’industries extractives. Ainsi, l’ambitieux projet de création des agropoles, soutenu par divers partenaires dont la Corée du Sud, la Boad et la Bad, la mise en place de parcs industriels, la stratégie nationale d’électrification qui table sur un taux de pénétration de 50% à l’horizon 2020 et 75% en 2025, la relance du secteur minier ainsi que la promotion des entreprises artisanales et des activités commerciales, sont la cheville ouvrière de ce deuxième pilier fondamental du PND.
L’axe 3 a pour vocation première de renforcer les capacités institutionnelles et humaines appropriées pour relever les défis de développement formulés dans les axes 1 et 2. En outre, il vise à assurer la prise en compte effective des principes fondamentaux d’équité, d’inclusion et de durabilité dans l’ensemble du processus de mise en œuvre du PND.
Ainsi, le renforcement du système éducatif et de la formation professionnelle, la fourniture des services sociaux de base (soins de santé de qualité, eau, électricité domestique), l’employabilité des jeunes, l’inclusion financière, l’équité et l’égalité des sexes, la protection sociale et de l’environnement, sont le plat de résistance de l’axe 3.
Pour la mise en œuvre parfaite de ce Plan, « l’engagement de tous les acteurs sera la clé », a souligné le président Faure Gnassingbé dans une Tribune publiée récemmentdans l’hebdomadaire panafricain Jeune Afrique.
« Attirer les investisseurs et leur permettre de réaliser des projets économiques structurants requiert une stabilité macroéconomique, une prévisibilité des politiques d’accompagnement et une bonne image internationale. Atteindre de tels objectifs n’est pas en contradiction avec la création d’emploi ou le développement social. Ces équilibres ont une importance capitale au regard de la jeunesse de notre population. C’est pourquoi le PND place cette complémentarité au cœur de notre transformation. Le Togo n’a aucune raison de craindre pour son avenir. Nous sommes prêts à y faire face, dès maintenant », a-t-il martelé. FIN
De Pékin, Emile Eyonam KOUTON