Démarré au lendemain de la feuille de route des chefs d’Etat de la Cédéao le 31 juillet, le processus électoral en vue des élections législatives du 20 décembre se poursuit.
La Commission électorale nationale indépendante (Céni, chargée d’organiser et de superviser ce scrutin), boudée par les 14 partis politiques de la coalition de l’opposition, mène normalement ses activités. Les leaders de ces partis politiques exigent la recomposition de la Céni. Mais la feuille de route de la Cédéao, préconise plutôt que cette institution soit « renforcée ».
L’opposition parlementaire n’a toujours pas envoyé ces quatre représentants au sein de la commission électorale. Le ministre de l’administration territoriale Payadowa Boukpessi a récemment invité l’opposition parlementaire, à prendre le train en marche, personne ne pouvant contester de la « qualité et de la légitimité » de l’actuelle Céni dont 13 des 17 membres sont déjà à leurs postes.
Et toujours dans la droite ligne de ce processus, le gouvernement a créé mardi, une « Force Sécurité Élections 2018 » (FOSE 2018) de 8.000 gendarmes et policiers, afin de « maintenir la paix, assurer la sécurité ainsi que la libre circulation des personnes et des biens sur l’ensemble du territoire national avant, pendant et après les élections de 2018 ».
Par ailleurs, la Céni a installé les membres de toutes les Commissions électorales locales indépendantes (Céli). Le recrutement du personnel électoral a démarré depuis la semaine dernière.
Processus sur les « roulettes »
« Ne nous voilons pas la face, le processus électoral en vue des législatives du 20 décembre est déjà sur les roulettes et la Cédéao ne pourra rien faire pour l’arrêter, surtout que c’est elle-même qui a fixé la date des législatives. Une élection se prépare et le processus est long », a analysé Anicet Gicla, professeur de droit dans une université privée à Lomé.
« Les responsables de la coalition ont tellement tiré sur la corde, si bien qu’ils ne se retrouvent plus dans leur raisonnement. Dans ces genres de négociations, il faut toujours compter avec la diplomatie sous-régionale et afficher de temps en temps, une certaine souplesse dans les revendications », a-t-il ajouté.
Pour Mme Elise Bouglo, secrétaire dans une institution financière, la Céni dans sa composition actuelle « ne peut rien faire de bon. Les dés seront pipés d’avance ».
Dans les milieux politiques, sur les médias, les réseaux sociaux et dans certains services, la situation actuelle est abondamment commentée.
« Il grand temps que l’opposition tire les leçons du passé. La veille de la présidentielle de 2015, ces responsables de l’opposition ont adopté le même comportement et finalement, ils ont envoyé leurs représentants en retard à la Céni. Les leaders ont intérêt à rejoindre en attendant, la commission électorale. Ils ont encore tout le temps de faire des réclamations auprès du comité de suivi de la Cédéao qui sera mis en place », a suggéré Anoumo Bassaflan, transitaire.
Pas de mission de la Cédéao cette semaine à Lomé
« Le gouvernement togolais n’est au courant d’aucune visite ou mission pour cette semaine. Mais nous restons naturellement disposés et ouverts à accueillir à tout moment les frères de la Cédéao dans le cadre de l’application des décisions du sommet du 31 juillet », a déclaré Gilbert Bawara, ministre de la fonction publique et point focal du gouvernement au dialogue.
Une mission des facilitateurs est annoncée tambour-battant depuis lundi notamment sur les réseaux sociaux pour cette semaine. Cette « rumeur » a été reprise par certains journaux privés.
« Nos concitoyens finiront par croire que les facilitateurs et leurs représentants sont des fantômes, alors que nous sommes face aux rêves de certains responsables de la coalition et des médias qui leur sont proches », a critiqué M.Bawara.
Les facilitateurs et la Commission de la Cédéao sont des autorités et des institutions sérieuses et le Togo est un pays sérieux et organisé avec des dirigeants et des autorités respectés, a ajouté le ministre.
En rappel, la feuille de route de la Cédéao recommande surtout la tenue des élections législatives le 20 décembre. Les chefs d’État ouest-africains ont également exhorté le gouvernement à procéder à la révision intégrale du fichier électoral en vue de l’organisation de ces législatives. Ils ont également invité le gouvernement et les acteurs politiques à œuvrer en vue de l’adoption des réformes constitutionnelles en prenant le mode de scrutin à deux tours pour l’élection du président de la République, la limitation à deux, du nombre de mandat présidentiel, la recomposition de la Cour constitutionnelle pour notamment revoir sa composition et limiter le nombre de mandat de ses membres et le renforcement du processus électoral. FIN
Junior AUREL