Le colonel Denise Auguste Barry, ancien ministre de la Sécurité dans le gouvernement de la transition au Burkina Faso, a été remis en liberté provisoire mardi soir, après huit mois de détention pour « tentative de déstabilisation ».
« La chambre de contrôle du tribunal militaire a accordé la liberté provisoire au colonel Barry qui a effectivement recouvré la liberté depuis jeudi soir », a indiqué à l’AFP une source judiciaire, confirmant une information relayée par la presse locale.
Cette décision fait « suite à une audience en appel de ce dossier instruit devant la juridiction miliaire », a précisé la même source.
Interpellé en fin décembre 2017, puis incarcéré à la Maison d’arrêt et de correction des armées (Maca), M. Barry est poursuivi pour « complot et incitation à la commission d’acte contraire à la discipline et au devoir ».
Lors de l’enquête préliminaire, la gendarmerie nationale avait expliqué qu' »il est ressorti clairement qu’un projet de soulèvement populaire était prévu pour le 30 décembre 2017, avec pour but ultime de contraindre le régime légalement élu du président Roch Marc Christian Kaboré à démissionner ».
Trois autres personnes avaient été arrêtées dans la même affaire, mais ont bénéficié elles aussi depuis quelques mois de la remise en liberté provisoire.
Nommé ministre de la Sécurité dans le gouvernement de la transition dirigé par Yacouba Isaac Zida, le colonel Barry avait été démis de ses fonctions par le président Michel Kafando quelques mois plus tard.
Isaac Zida s’était emparé du pouvoir le 1er novembre 2014, au lendemain de la chute de M. Compaoré, chassé le 31 octobre 2014 par une insurrection populaire après 27 ans au pouvoir.
Après de fortes pressions des partis politiques, de la société civile et de la communauté internationale, M. Zida avait cédé le pouvoir au bout de trois semaines à Michel Kafando, un ancien diplomate à la retraite qui l’avait aussitôt nommé Premier ministre dans le gouvernement de transition.
Le départ du colonel Barry, considéré comme le bras droit de M. Zida, était alors farouchement réclamé par l’armée.
Elle lui reprochait « d’instrumentaliser » les organisations de la société civile qui réclamaient une réforme de l’armée et surtout la dissolution du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l’ancienne garde prétorienne de Compaoré. Le RSP a tenté un coup d’Etat quelques semaines avant la fin de transition en septembre 2015 mais celui-ci avait échoué en raison de la pression populaire et l’intervention de l’armée loyaliste.
Après son départ du gouvernement, le colonel Barry, placé en disponibilité de l’armée, avait créé un centre d’études en défense et sécurité.
SOURCE : AFP