Jean-Claude Kassi Brou (président de la Commission de la CEDEAO) a rencontré ce mercredi à Lomé, la coalition de l’opposition et le parti au pouvoir — les deux protagonistes de la crise togolaise — séance de travail qui lui a permis de faire une première évaluation de la mise en œuvre de la feuille de route établie par les chefs d’État de l’organisation sous-régionale le 31 juillet, pour une sortie de crise au Togo.
Les chefs d’État ouest-africains avaient formulé une série de recommandations dont la tenue des élections législatives le 20 décembre et la révision intégrale du fichier électoral.
Les chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO ont également invité le gouvernement et les acteurs politiques à œuvrer en vue de l’adoption des réformes constitutionnelles en prenant en compte, entre autres, les points suivants: (i) le mode de scrutin à deux tours pour l’élection du président de la république, (ii) la limitation à deux, du nombre de mandats présidentiels, (iii) la recomposition de la Cour constitutionnelle pour notamment revoir sa composition et limiter le nombre de mandats de ses membres (iv) et le renforcement du processus électoral ».
Ils ont aussi « recommandé l’adoption de ces réformes par la voie parlementaire en vue d’accélérer le processus de leur mise en œuvre. Le cas échéant, ces réformes seront soumises aux consultations électorales ».
Ce mercredi, le président de la Commission de la CEDEAO et les délégations des deux protagonistes ont parcouru l’ensemble des recommandations contenues dans la feuille, pour une bonne évaluation.
La délégation de la coalition a profité de l’occasion pour étaler de vive voix, les « insuffisances majeures » qu’elle a relevées dans la feuille de route.
« Nous avons présenté point par point, nos observations concernant la feuille de route et le président de la Commission de la CEDEAO », a déclaré Jean Pierre Fabre (chef de file de l’opposition).
Un compte rendu fidèle de la séance sera fait aux facilitateurs, a promis le président de la Commission de la CEDEAO.
Des législatives à la date indiquée
« La commission de la CEDEAO va travailler, afin d’accompagner le Togo à réaliser des élections transparentes et fiables à la date indiquée », a souligné Jean-Claude Kassi Brou.
« Il est donc important que l’ensemble des acteurs s’inscrivent dans cette dynamique pour le respect effectif de cette date », a-t-il ajouté.
La coalition de l’opposition n’approuve pas l’idée d’organiser une élection dans le contexte actuel. Plusieurs leaders de ce regroupement de 14 partis de l’opposition ont boudé cette décision des chefs d’État de la CEDEAO.
« Il n’est même pas possible d’organiser des élections crédibles le 20 décembre prochain comme fixé dans la feuille de route », a confié à l’Agence Savoir News, un leader de cette coalition.
Ce mercredi, la Commission électorale nationale indépendante (CENI), a indiqué avoir repris ses activités et a promis de mettre en œuvre « toutes les dispositions » dans le cadre de la feuille de route de la CEDEAO.
Elle a même invité « les parties prenantes et l’ensemble de la classe politique togolaise à œuvrer à la réussite du processus électoral dans un esprit d’équité et de transparence ».
Un processus politique le plus inclusif possible
« Nous continuerons d’œuvrer pour que ce processus politique soit le plus inclusif possible. Les réformes constitutionnelles seront réalisées en respectant les axes préconisés par le sommet du 31 juillet et tous les moyens et ressources seront mobilisés et engagés pour l’organisation et la réussite des élections dans les délais impartis », a pour sa part, précisé Gilbert Bawara (ministre de l’administration territoriale).
« La même détermination et le même engagement nous animent, concernant la consolidation du climat de confiance et de décrispation, comme en témoignent les mesures d’apaisement additionnelles décidées aujourd’hui même, avec la libération de six militants de l’opposition », déclare Gilbert Bawara, point focal du gouvernement », a-t-il poursuivi.
Cinq détenus à la prison civile de Sokodé et un détenu à la prison civile de Lomé ont bénéficié d’une liberté provisoire ce jour, selon une information du Ministre togolais de la justice.
« Désormais, c’est toute la société togolaise, notamment tous les acteurs politiques et de la société civile qui doivent se mobiliser pour que les élections du 20 décembre 2018 soient un rendez-vous démocratique exemplaire », a-t-il indiqué.
Le comité de suivi des recommandations, institué par les chefs d’État de la CEDEAO, tiendra sa première séance fin août. Il sera composé des représentants des facilitateurs, de la majorité au pouvoir, de la coalition des 14 partis de l’opposition et de la commission de la CEDEAO.
Précisons que la CEDEAO avait pris le taureau par les cornes dans la crise qui secoue le Togo, suite au +blocage+ observé dans le dialogue démarré depuis le 19 février (entre le pouvoir et la coalition de l’opposition) et qui n’a connu que quatre séances (19 février, 23 février, 23 mars et 27 juin). FIN
Edem Etonam EKUE