« Le Groupe Bolloré est présent sur le Port autonome de Lomé depuis 2001, par voie de concession, légalement accordée », a affirmé le ministre des Infrastructures et des transports Ninsao Gnofam, répondant aux questions d’actualité suite à l’interpellation du gouvernement par Me Isabelle Améganvi dans l’affaire Bolloré.
« Les concessions accordées au Groupe Bolloré l’ont été en 2001et 2003. La première convention signée le 29 août 2001, portait sur les activités de manutention des conteneurs. La convention de 2003, décidée par décret en Conseil des ministres (10 avril 2003), portait sur des activités de manutention conventionnelle. Donc le Groupe Bolloré est présent sur le Port autonome de Lomé depuis 2001, par voie de concession, légalement accordée », a souligné Ninsao Gnofam devant les députés.
« Le Groupe Bolloré a obtenu ses droits de concession portuaire en 2001 et en 2003 dans le cadre de l’ouverture des activités portuaires dans le port autonome de Lomé, aux opérateurs privés », a-t-il ajouté.
Vincent Bolloré a été mis en examen le 25 avril dernier à Paris pour « corruption », dans une enquête sur les conditions d’attributions de ses concessions portuaires en Afrique de l’Ouest notamment les Ports de Lomé et de Conakry.
A Paris, l’enquête vise surtout des soupçons de « corruption d’agents étrangers dépositaires de l’autorité publique », « abus de biens sociaux » et « abus de confiance ».
Me Isabelle Améganvi, 2eme vice-présidente de l’Alliance nationale pour le Changement (ANC, la principale formation politique de l’opposition) et présidente du groupe parlementaire de ce parti, avait interpellé en mai dernier, le Premier ministre, en demandant des comptes dans l’affaire Bolloré.
La députée a adressé une lettre à Selom Komi Klassou, l’invitant à mettre à la disposition de l’Assemblée nationale, des pièces comptables « des contrats de cession ou de concession » conclus par l’État avec certaines entreprises dont Bolloré Africa Logistics.
Ainsi, elle avait adressé dix questions au chef du gouvernement, en lui demandant de fournir des « réponses » aux députés.
Comme questions : Quelle est la procédure en vertu de laquelle la concession a été attribuée à monsieur Vincent Bolloré? En cas d’appel d’offres, quelle est la date de publication de cet appel d’offres au Journal Officiel de la République Togolaise, ou tout autre journal d’annonces légales ? Quelle est la date à laquelle la liste des participants à cet appel d’offres, a été rendue publique? Quelles sont les entreprises retenues à l’issue de cette sélection ? Quelle est la date du dépouillement de l’appel d’offres ? Quelle est la date de publication du résultat de ce dépouillement ? Quelles sont les montants annuels des redevances versées par la société Bolloré Africa Logistics, au Trésor public, depuis 2010, au titre des contrats la liant à l’État togolais?
Présent dans l’hémicycle, le ministre des transports a livré les réponses du gouvernement aux élus du peuple.
Dans un premier temps, le ministre a estimé que l’État togolais « n’a pas à opiner sur des décisions émanant des autorités judiciaires d’un État étranger ».
« La mise en examen de Vincent Bolloré par un juge d’instruction français a été décidée dans le cadre d’une procédure pénale française, à laquelle les autorités judiciaires togolaises n’ont pas été associés au titre de l’enquête judiciaire internationale. Il va de soi que, si à l’avenir, la justice entendait coopérer avec la justice togolaise, suite sera donnée dans le reste des textes applicables en matière de coopération judiciaire », a-t-il précisé.
Pour Ninsao Gnofam, « l’État togolais qui n’a aucune raison de suspecter les conditions dans lesquelles le groupe Bolloré a été rendu concessionnaire d’activités portuaires au Port autonome de Lomé, n’entend pas commenter les articles de presse, qui ont entraîné la mise en examen de Vincent Bolloré ».
Ce dernier a fortement dénoncé « l’exploitation politique faite au Togo de cette affaire judiciaire française, qui ne suscitera plus de commentaire de l’État togolais », avant de marteler: « Rien ne nous inquiète dans cette affaire ».
Rappelons que le groupe Bolloré a « formellement » démenti avoir commis des irrégularités en Afrique, où il gère seize terminaux portuaires. FIN
Edem Etonam EKUE