Une délégation de la coalition de l’opposition (qui manifeste depuis des mois contre le régime) et des responsables de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Togo (CCIT) ont échangé ce mercredi à Lomé, la crise qui secoue le Togo ayant frappé de plein fouet l’économie togolaise.
Selon une enquête — sur l’impact de la crise sur les entreprises, notamment du secteur privé — publiée en avril par la CCIT, 72% des chefs d’entreprises ont affirmé avoir enregistré une baisse de 25% à 50% de leurs chiffres d’affaires au second semestre de 2017.
Ce rapport a été adressé aux partis politiques dont la coalition de l’opposition et aux chancelleries.
Par ailleurs, une mission du Fonds monétaire international (FMI) qui a séjourné en avril au Togo, a également noté un « ralentissement de l’activité économique au deuxième semestre de 2017, à la suite des troubles sociopolitiques ».
Ainsi, le taux de croissance de l’économie est estimé à 4,4% en 2017 contre 5,1% en 2016. Il devrait être légèrement inférieur à 5% en 2018, souligne l’institution financière.
Cette situation a d’ailleurs poussé l’Etat togolais à réduire le budget de l’Etat/gestion 2018 de 1%.
« Nous avons compris tout à fait les problèmes du secteur privé. Mais, nous avons expliqué à notre tour aussi, que nous sommes en quelque sorte dans la position d’un chirurgien qui se voit obligé de faire mal en incisant une plaie qu’on veut soigner pour que le patient n’en meurt. Nous avons exprimé aussi ce souhait qu’on trouve plus rapidement des solutions durables qui arrangent le pays », a déclaré à l’Agence Savoir News Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson (coordonnatrice de la coalition) à la sortie des discussions.
Selon cette dernière, « ce n’est pas de gaieté de cœur » que la coalition multiplie ses manifestations depuis septembre 2017 à Lomé et à l’intérieur du pays.
« C’est justement pour trouver des lendemains meilleurs à tous les togolais », a-t-elle précisé.
« La lutte que nous menons est aussi leur lutte. Elle doit permettre d’asseoir une bonne atmosphère pour les activités économiques », a ajouté Mme Adjamagbo-Johnson.
-Trouver une « solution rapide » à la crise-
Pour Germain Mèba (président de la CCIT), une solution rapide doit être trouvée à cette crise qui a trop duré.
« Nous tenons à les remercier pour cette réaction positive qui dénote de leur disponibilité. Nous sommes comme un enfant malade qui a besoin de trouver une solution vis-à-vis de ses parents. Nos parents sont l’opposition et le gouvernement. Et on voudrait qu’ils puissent trouver une solution rapide à notre situation. Cette crise doit être résolue le plus rapidement possible », a insisté M.Mèba.
Les 14 partis politiques de la coalition de l’opposition qui appellent à manifester depuis septembre contre le régime en place, exigent notamment le retour à la constitution originelle de 1992, la révision du cadre électoral et l’instauration du droit de vote des togolais de l’étranger.
La communauté internationale, a invité à plusieurs reprises, les protagonistes à la table de négociations, afin de trouver une solution durable à cette crise.
Le dialogue démarré le 19 février dernier sous la facilitation du président ghanéen Nana Akufo-Addo, est pratiquement au point mort, après trois séances: 19 février, 23 février et 23 mars. Les discussions achoppent notamment sur la candidature ou non du président Faure Gnassingbé en 2020. Élu en 2005, Faure Gnassingbé a été réélu en 2010.
Le 2 juin dernier, des délégations de la Commission de la Cédéao et des présidents ghanéen et guinéen (facilitateurs) ont longuement échangé avec le parti au pouvoir et la coalition sur leurs préoccupations, afin de proposer un projet de feuille de route pour le prochain round de discussions, avant le sommet de la Cédéao, qui se tiendra probablement dans la capitale togolaise.
Pour l’instant, aucune date n’a encore été fixée pour la tenue de ce sommet. FIN
Junior AUREL