Le Haut-Commissariat à la Réconciliation et l’Unité Nationale (HCRRUN) a bouclé ce samedi à Atakpamé (environ 175 km au nord de Lomé), la première phase d’indemnisation dans les préfectures de l’Ogou, Amou, Wawa et Akébou (région des Plateaux) où 530 victimes ont été satisfaites sur 759 attendues, a constaté l’envoyé spécial de l’Agence Savoir News.
Déjà en avril, le HCRRUN a sillonné huit autres préfectures de cette même région: Kloto, Dayes, Kpélé, Agou, Haho, Moyen-Mono, Anié et Est-Mono. Au total 975 victimes ont été indemnisées sur 1.244 attendues pour toute la région des Plateaux (soit 78%).
Installé depuis le 7 mai dernier dans les locaux du centre des affaires sociales, le HCRRUN a servi les victimes non vulnérables des préfectures de l’Ogou, Amou, Wawa et Akébou.
Tour à tour, elles ont été servies dans une grande salle aménagée pour la circonstance, après certaines formalités: contrôle d’identité, séance de briefing, interrogatoire, prise de photo etc… Des psychologues étaient présents pour les assister.
« Il est temps d’oublier ces événements très douloureux qui ont endeuillé plusieurs familles dans cette ville. C’est fini, je tourne complètement cette page sombre de ma vie, car c’était atroce », a confié à l’Agence Savoir News Adamon Sodji, après avoir reçu son chèque.
Ce dernier a perdu sa femme dans les violences au lendemain de la présidentielle d’avril 2005.
« Ma femme a reçu une belle perdue, alors qu’elle travaillait dans son salon de couture. Elle a succombé sur le champ. Je n’ai même pas assisté à ses funérailles, car j’avais fui la ville », a raconté cet homme, l’air très triste.
Komlan Kadajatom (également victime), a de son côté, perdu tous ses biens : « Des jeunes ont tout saccagé chez moi. Ils ont ensuite tout brûlé ».
Les noms des victimes étaient affichés dans la cour du centre des affaires sociales. Sur certaines banderoles confectionnées par le HCRRUN, on pouvait: « Ensemble, la main dans la main pour une réconciliation durable au Togo », « Tous unis, faisons avancer le Togo dans la réconciliation retrouvée » ou encore « Ouvrons nos cœurs au pardon, à la réconciliation et à la paix ».
Pour les événements de 2005, la ville d’Atakpamé a enregistré environ 7.000 victimes sur 12.000 pour tout le Togo, a déclaré à l’Agence Savoir News (présidente du HCRRUN).
« J’ai eu l’impression que nous avons frôlé le génocide à Atakpamé. Et à entendre les gens, ils ne veulent plus vivre cette situation », a-t-elle souligné.
Après Atakpamé, le HCRRUN mettra le cap sur le Pôle de la Kara qui regroupe les Régions Savanes, Centrale et Kara, toujours pour le compte des victimes non vulnérables de 2005.
Rappelons que le programme de réparations concerne toutes les personnes (quelle que soit leur nationalité) ayant subi un préjudice du fait de violences à caractère politique, de violations graves des droits de l’Homme, durant la période allant de 1958 à 2005.
Ce programme comporte plusieurs phases. Au total 22.415 victimes ont été identifiées par la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) sur la période de 1958 à 2005. FIN
Envoyé spécial à Atakpamé, Junior AUREL