Un gendarme burkinabè et trois jihadistes présumés ont été tués au cours d’un assaut des forces de sécurité dans la nuit de lundi à mardi contre une villa de Ouagadougou.
« L’Unité spéciale d’intervention de la Gendarmerie nationale (USIGN) a effectué une opération dans la nuit du 21 au 22 mai en vue de déloger de présumés terroristes au quartier de Ragnongo », selon un communiqué de la gendarmerie nationale.
« Suite aux échanges de tirs, le bilan est de trois assaillants abattus et un capturé, un gendarme décédé après évacuation suite à ses blessures ». Le communiqué ajoute que cinq blessés dont quatre gendarmes et un civil ont été évacués.
Auparavant, un officier de gendarmerie sur place avait déclaré sous couvert d’anonymat que cette opération qui « a duré de 3 heures à 7 heures du matin ».
Un journaliste de l’AFP a vu deux corps devant la villa et un troisième dans la cour de la maison criblée de balles.
Au cours de cette opération, du matériel a été saisi, notamment « des fusils AK47, des explosifs, des cordons détonants et des détonateurs (….) ainsi que des téléphones portables, de nombreuses puces de téléphone et un cahier avec des écritures en arabe ».
– « tirs intenses » –
Un riverain, Issiaka Ilboudo, dont la maison se situe en face de la villa où étaient logés les jihadistes présumés a fait part de « tirs intenses ».
« C’est autour de trois heures du matin (03H00 GMT) que nous avons entendu des bruits, des personnes couraient sur le toit des maisons. Ensuite, on a entendu des tirs qui duraient parfois 30 à 45 minutes avant de s’arrêter et de reprendre »
Un autre riverain, Pascal Lengani, a déclaré que la villa est « une construction nouvelle qui a été mise en location en juillet dernier », mais personne, selon lui, ne connaît les habitants de la villa.
« On ne connaît pas le nombre de personnes qui habitaient la villa. Personne n’a dormi de la nuit à cause des tirs intenses. Le quartier a été bouclé donc impossible d’aller au travail », a-t-il dit.
La procureure du Burkina s’est rendue sur place sans faire de déclarations. Le ministre burkinabé de la Sécurité devait s’exprimer dans une conférence de presse.
– « Le Burkina de plus en plus attaqué » –
Longtemps épargné par les groupes armés actifs au Sahel, le Burkina Faso, l’un des pays les plus pauvres au monde, est confronté depuis 2015 à des attaques de plus en plus fréquentes et meurtrières.
Ouagadougou a été visée depuis cette date par trois attaques jihadistes qui ont fait au total près de 60 morts. La dernière en mars 2018 contre l’état-major général des armées burkinabè et l’ambassade de France a fait huit morts et 85 blessés.
Le Nord du Burkina Faso, frontalier du Mali, connaît régulièrement des enlèvements et des attaques perpétrés par des groupes jihadistes contre des représentants de l’Etat (gendarmeries, écoles notamment).
Un bilan officiel y fait état de 133 morts en 80 attaques. Sous-équipées, les forces de sécurité ont du mal à faire face dans cette région du Sahel burkinabè.
Le groupe jihadiste Ansarul Islam a revendiqué plusieurs attaques contre l’armée burkinabè, dont une qui avait fait 12 morts dans les rangs des militaires en décembre 2016 à Nassoumbou.
Ces derniers mois, une centaine de personnes ont été interpellées et des engins explosifs découverts au cours d’opérations de ratissage dans l’est et le nord du pays.
Une force baptisée G5 Sahel, associant Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad, a été constituée pour lutter contre les groupes jihadistes actifs qui restent très actifs au Sahel.
Le nord du Mali était tombé en 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, qui ont été chassés par une intervention militaire française en janvier 2013. Mais des zones entières du Mali échappent encore au contrôle des forces maliennes, française et de l’ONU, régulièrement visées par des attaques. Et ces attaques se sont étendues au Burkina Faso et au Niger.
SOURCE : AFP