Une fillette albinos de cinq ans a été assassinée dans la nuit de samedi à dimanche au Mali et son corps décapité, ont annoncé lundi les autorités et une association, qui dénonce un « crime rituel » à l’approche de l’élection présidentielle du 29 juillet.
Dimanche vers 02H00 du matin, Djéneba Diarra, dite « Fanta » ou « Nan », « dormait dans une cour avec sa mère et sa soeur, elle-même albinos », à Fana, une localité située à 125 km au nord de Bamako, a expliqué à l’AFP une source policière.
« Des hommes armés l’ont enlevée et ont escaladé le mur avec elle », a précisé cette source. Sa mère a dans un premier temps tenté de poursuivre les ravisseurs avant de revenir protéger sa seconde fille.
« Nous avons cherché la fillette partout. Nous avons retrouvé son corps à côté d’une mosquée, mais sans la tête », a raconté un enseignant de Fana, Oumar Diakité.
En réaction et pour dénoncer le manque de sécurité, des habitants de la localité ont attaqué dimanche et en partie incendié la gendarmerie locale, selon plusieurs témoins.
« Nous réclamons justice. Sa tête a été emportée. C’est un crime rituel », a déclaré à l’AFP le militant connu internationalement Mamadou Sissoko, secrétaire général de la Fédération des associations des personnes atteintes d’albinisme d’Afrique de l’Ouest (Fapao), qui s’est rendu sur place.
« A chaque fois, qu’il y a des élections, nous devenons du gibier pour des gens qui veulent faire des sacrifices rituels. Ce n’est pas la première fois que ça arrive à Fana. L’Etat doit prendre ses responsabilités », a-t-il ajouté.
Légende de la musique africaine, le Malien Salif Keita, lui-même albinos, plaide depuis des années pour protection des personnes atteintes d’albinisme, qui souffrent de stigmatisations dans de nombreux pays d’Afrique comme le Zimbabwe, le Mozambique, le Malawi et la Tanzanie.
Chaque année, des dizaines d’entre eux sont victimes d’attaques, tués et amputés de leurs membres qui sont ensuite utilisés pour des rituels censés apporter richesse et chance.
L’albinisme est une affection génétique héréditaire, qui cause l’absence partielle ou totale de pigmentation de la peau, des cheveux et des yeux.
En plus de la discrimination, les albinos sont exposés à un risque accru de cancer de la peau – alors que les crèmes solaires sont chères et difficiles à obtenir en Afrique – et de problèmes de vue.
En photo : La première femme albinos responsable pénitentiaire pose au siège de l’administration pénitentiaire à Harare le 22 février 2018, AFP ZINYANGE AUNTONY
SOURCE : AFP