L’Observatoire Togolais des Médias (OTM) a dévoilé ce jeudi son « rapport sur l’état de la presse au Togo », à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse.
L’Assemblée générale des Nations Unies a proclamé le 3 mai, Journée mondiale de liberté de la presse pour sensibiliser sur l’importance de la liberté de la presse et rappeler aux gouvernements leur obligation de respecter et faire respecter le droit de liberté d’expression consacré par l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Cette année, la journée est placée sous le thème : « Médias, justice et Etat de droit : Les contrepoids du pouvoir ».
L’événement central s’est déroulé à Accra au Ghana sur les questions des médias et de la transparence du processus politique, de l’indépendance du système judiciaire de ses connaissances en matière de médias, et de la responsabilité des Institutions de l’Etat vis-à-vis du public.
Au Togo, cette célébration a été marquée par la publication par l’OTM, de son rapport sur l’état de la presse dans le pays (3 Mai 2017 – 3 Mai 2018).
Etaient présents : Mme Nouratou Zato Koto Yerima (chargée des programmes à Friedich Ebert Stiftung), Franck Missité (Directeur de cabinet, représentant le ministre en charge de la communication), M. Olympio (représentant la HAAC). On notait aussi la présence des représentants d’associations de presse, ainsi que de plusieurs journalistes.
Dans l’ensemble, depuis le 3 mai 2017, « il n’y a pas eu de changement majeur dans notre pays en matière des médias. D’ailleurs, classé 86ème sur 180 pays tout comme en 2017, le Togo stagne dans le classement mondial 2018 de la liberté de la presse rendu public le 25 avril dernier par Reporters Sans Frontières », souligne le rapport de 16 pages.
La presse togolaise « prend le temps de s’améliorer »
A l’heure du bilan, précise le document, « il faut reconnaître que malgré les difficultés et les exigences des temps; malgré les dérapages et les abus que l’on peut lui reprocher, la presse togolaise prend le temps de s’améliorer et de se parfaire pour être à la hauteur des enjeux : construire une société nouvelle, contribuer à l’apaisement de la nation, demeurer la vigile qui oblige les citoyens et les responsables politiques à ne jamais perdre de vue l’intérêt commun par excellence qu’est la cohésion nationale ».
Dressant l’état des lieux, l’OTM a parcouru chaque catégorie de médias : stations de radios, chaînes de télévisions, journaux légaux, presse en ligne et les médias internationaux.
Le Tribunal des Pairs, s’est largement appesanti sur les rapports entre Institutions, médias et journalistes : médias/gouvernement, médias/forces de l’ordre et de sécurité, médias/OTM, médias/HAAC, médias/société civile et partis politiques, OTM/HAAC et médias/médias (confraternité).
Abordant le dernier élément, l’OTM a noté que les règles de confraternité qui interdisent les attaques entre confrères et par médias interposés, « ne sont toujours pas respectées, mettant à mal la bonne entente qui doit exister entre les professionnels des médias ».
Des dérapages et atteintes à la liberté de presse
Plusieurs dérapages dus à l’inobservation des textes régissant la profession des journalistes ont été constatés, durant l’année écoulée, conduisant les institutions de régulation et d’autorégulation des médias, en l’occurrence la HAAC et l’OTM à sévir quelques fois, en vue de ramener les uns et les autres au respect du Code de la presse et de la Communication et du Code de déontologie des journalistes du Togo, souligne le rapport.
Quant aux atteintes à la liberté de la presse, « elles sont constituées des obstacles dressés aux journalistes dans l’exercice de leur profession ».
L’observatoire a auditionné des directeurs d’organe par rapport à leurs publications ou diffusions, soit sur plainte des citoyens ou personnes morales soit sur auto saisine.
Du 03 mai 2017 à ce jour, au total 13 audiences ont été tenues et une quinzaine d’autres cas réglés par échanges directs.
« Sur les dérapages, le constat a été fait que ce sont les sujets liés au bilan financier de la CAN 2017 rendu public par l’audit commandité par l’Etat et à la crise socio-politique qui ont fait le plus objet de dérapages du point de vue de l’OTM. Des journaux en ont fait des commentaires désobligeants et publié des images choquantes, suscitant des auto-saisines et des plaintes devant le tribunal des pairs. Les images insoutenables des accidents de circulation et des braquages publiées sur les réseaux sociaux et reprises par des journaux de la place ont retenu l’attention de l’OTM qui, à travers des communiqués et des contacts directs, a rappelé les Directeurs de publication au respect du Code de déontologie et des règles d’éthique de la profession. De même, des plaintes contre des organes de presse qui n’ont pas respecté la déontologie sur des sujets divers tels le foncier et la corruption ou la mauvaise gouvernance ont été traitées par l’OTM », précise le rapport.
Que le travail des journalistes « se professionnalise davantage » (ministre)
Le ministre en charge de la communication Guy Lorenzo (dans son message lu par son directeur de cabinet) a appelé les journalistes à « s’engager davantage sur la voie du professionnalisme et participer efficacement à l’édification de la démocratie et de l’état de droit au Togo ».
Ce dernier, a souhaité « que le travail des journalistes se professionnalise davantage et que des efforts se poursuivent pour que leurs conditions de travail et de vie s’améliorent, afin qu’ils puissent accomplir parfaitement leur mission pour le bien de la cité ».
« La tâche du journaliste est de raconter le plus exactement possible, les réalités que partage sa société, en maintenant le cap de la responsabilité qui est la sienne… », a renchéri Aimé Ekpé (Président de l’OTM).
Pour boucler son rapport, l’OTM a formulé une série recommandations à l’endroit du gouvernement, de la HAAC, de la presse et des journalistes, de la société civile et des partis politiques.
L’Observatoire a également pris deux résolutions: (i) inciter les journalistes à s’approprier et à respecter le Code de déontologie et (ii) toujours exhorter les journalistes au respect des règles de confraternité.
Notons que la célébration de cette journée a été meublée d’une communication sur le thème retenu dans le cadre de cette journée, présentée par Me Koffi Sylvain Mensah Attoh (Avocat au Barreau du Togo). L’Union des Journalistes Indépendants du Togo (UJIT) qui a profité de cette journée, pour procéder au lancement officiel de son site internet. FIN
Ambroisine MEMEDE