Nana Adam Nanfamé : « Au Togo, nous faisons une variété de coton à fort rendement, et le pays a l’un des meilleurs centres de recherche en matière de coton dans la sous-région »

Nana Adam Nanfamé, Directeur de la Nouvelle Société Cotonnière du Togo (NSCT).

La 11ème réunion des Etats membres du Programme Régional de Protection Intégrée du Cotonnier en Afrique (PR-PICA) s’est déroulée pendant trois jours à la Lomé la semaine dernière pour une revue bilan de ce programme sous régional.

Comme bilan de la campagne cotonnière 2017-2018, il a été noté une augmentation de la production cotonnière dans les pays du PR-PICA sauf au Burkina Faso, pays qui a connu un fléchissement du rendement à cause de l’incidence des ravageurs sur les plantations.

Quelle est la situation de l’or blanc au Togo? Comment se préparent les acteurs de la filière pour l’horizon 2020 où le Togo prévoit atteindre 200.000 tonnes de coton ?

L’Agence Savoir News a approché M. Nana Adam Nanfamé, Directeur de la Nouvelle Société Cotonnière du Togo (NSCT).

Savoir News: Monsieur le directeur, comment s’est déroulée la campagne cotonnière 2017-2018 au Togo ?

 

Nana Adam Nanfamé: Naturellement cette campagne a connu des difficultés, raison pour laquelle la production attendue (160.000 tonnes) n’est pas celle qui a été réalisée. La principale difficulté est celle qu’à aussi connu nos confrères du Burkina Faso. Elle est due essentiellement aux aléas climatiques. Nous avons eu des périodes d’intenses pluviométries au sud pendant que dans le nord, nous avons eu des arrêts brusques de pluies. Nous avons la technicité, mais c’est dame nature qui chapote tout. Elle peut faire ou défaire toute une année de culture.

Puisque nous n’avons pas encore rentré le dernier kilo au niveau des usines, je préfère être dans le chiffre de 116. 000 tonnes de production pour la campagne 2017-2018 contre 108.000 tonnes pour la campagne 2016-2017. La courbe reste donc ascendante.

Il faut noter aussi que nous avons réussi, grâce au bon placement. Nous avions annoncé un prix planché de 240F CFA par kilo, mais grâce à un bon placement nous avons un prix final de 260F le kilo. Et nous allons aujourd’hui retourner 20F à chaque producteur. Retenons que 260F, c’est l’un des meilleurs prix aux cotonculteurs de la sous-région.

Est-ce que l’objectif fixé pour cette campagne a été atteint ?

Le moins que nous pouvons dire, c’est qu’en matière de superficie, la campagne 2017-2018 a atteint ses objectifs puisque, à l’issue des semis, les producteurs avaient déclaré avoir semé 172.000 hectares. Et avec nos systèmes de mesure des parcelles de contrôle et de pondérance il a été retenu 168.000 hectares pour une prévision de 160.000 hectares. A ce niveau déjà, nous pouvons dire que depuis la création en 2009 de la NSCT, c’est la première fois qu’un objectif fixé en superficie venait d’être réalisé et dépassé. Ce niveau de superficie dépassé, dénote de la mobilisation des producteurs et de la stratégie que nous avons mise en place. C’est tout un ensemble de mobilisation sur le plan national qui a emmené à ce résultat.

Quelles sont vos prévisions pour la campagne 2018-2019 ?

Nous fixons comme objectif pour la nouvelle campagne: 180.000 hectares. Les conditions actuelles nous mettent en confiance pour aller vers cet objectif. Pour la productivité, s’il est cultivé une tonne par hectare, vous conviendrez avec moi que nous tournerons autour de 180.000 tonnes de cotons graines. Mais nous laissons le soin à dame nature de définir le rendement et la production attendue.

Le Togo ambitionne atteindre 200.000 tonnes à l’horizon 2022. Pensez vous que nous sommes sur la bonne voie?

2022 est déjà à nos portes et en tant que togolais, nous sommes optimistes et nous pensons que ce seuil n’est pas impossible à atteindre. Nous le disons, parce que déjà les intentions que nous avons, rien que cette année (les 168.000 hectares), si dame nature avait été clémente et nous avions fait un rendement d’une tonne par hectare, on tournerait aujourd’hui autour de 170.000 tonnes. Aussi par rapport au prix soutenu sur le marché international et à l’accompagnement soutenu des autorités togolaises et à toutes les dimensions techniques que nous mettons en place, oui nous sommes convaincus que les superficies iront croissantes, c’est clair. Maintenant si les conditions de pluviométrie et des intrants sont réunies et que nous arrivons à relancer la productivité, 200.000 tonnes c’est accessible. Nous allons donc croiser les bras et prier.

Le coton, c’est aussi une question de qualité. Comment le coton togolais est-il apprécié aujourd’hui sur le marché international ?

Au Togo, nous faisons une variété de coton à fort rendement, et le pays a l’un des meilleurs centres de recherche en matière de coton dans la sous-région. Nos variétés ont un potentiel de 2 tonnes à 2,5 tonnes voir 3 tonnes à l’hectare. Au Togo, nous vendons la qualité et donc la variété que nous cultivons est très appréciée parce que nous avons un bon processus d’usinage et aussi une bonne organisation de la récolte. FIN

Propos recueillis par Christelle MENSAH