Au moins 456 personnes (dont des cas de fragrant délit) ont été interpellées au Bénin ces dernières semaines, dans le cadre d’une vaste opération de lutte contre la cybercriminalité, a annoncé vendredi à Cotonou Emmanuel Opita (Procureur général près la Cour d’Appel de Cotonou), lors d’un point de presse.
Etaient également autour de la table, d’autres procureurs généraux, ainsi que le directeur général de la police républicaine. Cette rencontre avec la presse, vise notamment à faire le point des différentes actions menées aussi bien au niveau de la police que de la justice.
Le gouvernement béninois a ouvert depuis quelques mois, la chasse aux cybercriminels et autres jeunes criminels (pour la plupart) abonnés à des fétiches notamment l’entité nommée « Kininssi », qui réclame du sang humain en sacrifice pour exaucer des vœux de ces adeptes. Ainsi, ces derniers se sont lancés dans des crimes pour des rituels exigés par ces fétiches, portant atteinte aux biens et à l’intégrité des personnes.
Ainsi sont signalées, des disparitions d’enfants et même d’adultes un peu partout à Cotonou et dans certains villages. Des corps sans vie sont souvent découverts à certains endroits, vidés de leur sang. Parfois, ces corps sont amputés de certains organes.
« La particularité de ces atteintes aux biens et à l’intégrité des personnes, ainsi commises, procède de ce que leurs auteurs, les hackers ou parfois les cybercriminels sont pour une grande part, des jeunes dont l’âge varie de 18 à 25 ans », a souligné Emmanuel Opita.
Selon ce dernier, les auteurs de ces agissements associent à leurs manèges, des forces occultes pour abêtir ou hypnotiser leurs victimes avant de les déplumer. Et leur mode opératoire diffère d’un dossier à l’autre.
« Romance, proposition de vente des articles fictifs, usage de fausse identité, fausse qualité et fausse entreprise de marché d’or ou faire miroiter l’existence d’une importante somme d’argent laissée par un étranger décédé au Bénin sans successible avec recherche d’un partenaire de confiance pour disposer de cet argent, falsification de passeport ou autres documents de voyage, fausse offre de prêt d’argent, en faisant payer aux victimes des frais de dossier sans aucune contrepartie, … », a expliqué le Procureur.
« Les individus interpellés dans les cas de cybercriminalité ont pour mode opératoire, de créer, à partir d’un ordinateur ou d’un téléphone portable des faux comptes sur les réseaux sociaux (Facebook et autres). Avec ces comptes, ils contactent leurs cibles via lesdits réseaux sous une fausse identité. Il s’agit, entre autres, de nom d’utilisateurs fictifs et des photos de profil d’autrui. Une fois le contact créé, ils font croire à leurs cibles en l’existence d’une entreprise, d’un événement chimérique ou d’un état de nécessité qui détermine ces dernières à leur envoyer des fonds via western union ou autre mode de transfert d’argent », a-t-il ajouté.
« Nous voulons à cet égard, en appeler au sens de responsabilité des parents, des directeurs d’écoles et d’établissement, afin que les enfants soient soigneusement sensibilisés sur les risques par eux encourus. De même, nous lançons le sempiternel appel de collaboration à l’endroit de nos paisibles et honnêtes populations afin qu’elles dénoncent les agissements de jeunes gens (élèves et étudiants et autres) dont les activités paraissent suspectes et ayant un train dépassant normalement leur rang social, pratique de charlatanisme dans le but de garantir le succès de l’entreprise frauduleuse par manipulation mystique des photographies des potentielles victimes contactées via internet », a-t-il souligné.
Notons que pour les cas orientés en fragrant délit, les audiences sont prévues pour les mois de mai, juin et juillet 2018 en vue de permettre à l’Office Central de Répression de la Cybercriminalité d’expertiser les données des ordinateurs et des terminaux de communication placés sous scellés.
«Certains charlatans qui ont offert leurs services à ces criminels, répondent déjà de leur forfait derrière les barreaux de nos prisons», a rassuré Emmanuel Opita. FIN
De retour à Lomé, Ambroisine MEMEDE