Démarré le 19 février dernier sous la facilitation du président ghanéen Nana Akufo-Addo, le dialogue entre le pouvoir et la coalition de l’opposition est pratiquement au point mort, après seulement trois séances: 19 février, 23 février et 23 mars. Depuis lors, le facilitateur ne mène que des consultations bilatérales à Accra. Ainsi, chaque partie est tour à tour consultée.
Les discussions censées trouver des solutions durables à une crise qui secoue le pays depuis août dernier, achoppent notamment sur la candidature ou non du président Faure Gnassingbé. Élu en 2005, Faure Gnassingbé a été réélu en 2010 et 2015.
Les 14 partis politiques de la coalition de l’opposition rejettent catégoriquement une candidature du président Faure à la présidentielle prévue en 2020, position que ne supportent par les partisans du parti au pouvoir.
Dans la foulée, la coalition a décidé de reverser ses partisans dans la rue. Ainsi, les trois jours de manifestations (mercredi, jeudi et samedi) prévues la semaine dernière par l’opposition, n’ont pu avoir lieu, car interdites par les autorités.
Points de rassemblement bouclés, des heurts ont été enregistrés entre forces de l’ordre et manifestants dans plusieurs quartiers de Lomé et dans certaines villes du pays, notamment à Kpalimé, localité située à environ 120 km au nord de la capitale togolaise.
« La crise a atteint un niveau très inquiétant. Chaque partie campe sur sa position et personne ne veut céder. A l’allure où vont les choses, le facilitateur est totalement coincé », a commenté Alain Faglandji, coordonnateur dans une Ong internationale.
« Les deux parties sont maintenant prêtes à s’affronter sur le terrain. Et les événements observés la semaine dernière sont la preuve palpable », a-t-il précisé.
Pour bon nombre de togolais interrogés par l’Agence Savoir News, le dialogue a déjà du plomb dans l’aile. C’est le 27è dialogue connu par ce petit pays de l’Afrique de l’ouest (environ 7 millions d’habitants) depuis le processus démocratique en 1990.
La Cédéao hausse le ton
Réunis samedi dernier à Lomé en session extraordinaire, les chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) ont passé au peine fin, la situation qui prévaut dans le pays.
Au total 10 chefs d’Etat ont pris part à ce sommet normalement réservé à la crise qui secoue la Guinée Bissau depuis août 2015.
Ils se sont également penchés sur la crise togolaise. Ainsi, dans un communiqué final rendu public à l’issue des assises de Lomé, les chefs d’Etat ont officiellement désigné les présidents ghanéen et guinéen Alpha Condé pour « intensifier leur effort », afin d’aider le gouvernement et les acteurs politiques togolais dans la réalisation des « réformes constitutionnelles dans le respect des délais légaux des normes et principes de la démocratie et de l’Etat de droit ».
Les chefs d’Etat ont invité « instamment tous les partis politiques et la société civile togolaise à s’abstenir de tout acte de violences et de tout agissement susceptible de constituer une menace à la paix et à la stabilité du Togo et de la région ».
Plus fort, la Cédéao a instruit la commission de l’Institution à « prendre toutes les dispositions pour apporter son appui » aux facilitateurs et de « proposer des recommandations qui seront soumises au prochain sommet de la conférence des chefs d’Etat ».
« Nous devons tirer leçon des erreurs passées. Les extremis des deux bords ont pris en otage les deux groupes. Les extremis du pouvoir et de la coalition veulent des affrontements et ils l’ont », a dénoncé Francis Ekon, président de la Convergence Patriotique Panafricaine (CPP) et membre du groupe des Centristes.
« Pour le départ ou non de Faure Gnassingbé, qu’on en discute dans un forum politique ou dans une négociation politique », a-t-il proposé lors d’une émission sur Radio Zéphyr.
Pour l’instant, aucune date n’a encore été annoncée pour la reprise des discussions à Lomé. Rappelons que le Togo traverse depuis début août dernier, une nouvelle crise avec des manifestations répétées de la coalition de l’opposition qui exige notamment le retour à la constitution originelle de 1992, la révision du cadre électoral et l’instauration du droit de vote des togolais de l’étranger.
La communauté internationale a appelé à plusieurs reprises, le pouvoir et l’opposition à se retrouver autour d’une table. FIN
Edem Etonam EKUE